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CAN 2023 : Spécial Côte d'Ivoire

Dernière mise à jour : 24 août 2023

« Demain, c’est férié ! » répète l’un de ces adultes autour de toi, à qui tu as donné la main en ce soir de victoire : la Côte d’Ivoire vient juste à peine de décrocher la Coupe d’Afrique des Nations, son premier trophée continental !


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© Unsplash


Dans tes souvenirs enfouis dans un disque dur qui RAM, il semble que ce soit Maman qui tienne ta petite main d’enfant tout content de ne pas aller à l’école. Mais peu importe si tu as des doutes raisonnables, sur l’identité de la personne qui la tenait effectivement, trente après, au moment où les Éléphants s’apprêtent à en disputer une, tu n’as jamais oublié cette CAN 1992 où au terme d’un longue séance interminable de tirs au but, la Côte d’Ivoire a gagné. Throwback.


GADJI CÉLI CHANTE, LES GALLIETS LIBÈRENT EN ZOUGLOU

Avant que Captain Gadji Céli Saint-Joseph et ses coéquipiers ne foulent le sol du Sénégal, pays voisin qui aime la Côte d’Ivoire d’un amour vache, que le milieu de terrain international, aujourd’hui exilé en France, ne soulève le trophée remis par le président sénégalais – de l’époque, bien sûr – Abdou Diouf, il poussa la chansonnette.

D’origine bhété, peuple de l’Ouest de la Côte d’Ivoire beaucoup trop souvent caricaturé pour leur propension à « faire tout le temps palabre » et chanter, l’artiste « Saint-Jo » donne ainsi du grain à moudre à ces moqueurs. Depuis les années 1980, le joueur de l’ASEC Mimosas chante déjà.

Cette fois-ci, c’est avec Sénégal 92 disponible sur l’album Éléphants Story, qu’il apporte sa pierre à l’édifice dans les studios d’abord puis sur le terrain.

D’autres comme lui sont derrière les hommes du sélectionneur ivoirien Yéo Martial, il s’agit du groupe Les Galliets.

« Éléphants-là vous connaît ballon eh ! Si c’est Sénégal nous allons gagner oh ! » et ce clip aujourd’hui collector où l’invisible trompette permet au groupe de reprendre son souffle entre deux pas en avant.

Mais si le soutien musical est audible et indéniable, d’autres encore font appel à de drôles de supporters : des sorciers.


RENÉ DIBY CHEZ LES SORCIERS, SAINT ALAIN GOUAMÉNÉ

C’est un secret de polichinelle que l’ex-ministre des Sports René Diby a longtemps mal gardé : celui des féticheurs d’Akradio.

C’est dans ce village situé dans le sud de la Côte d’Ivoire, et la région de Dabou, que le ministre originaire de la région serait venu les trouver pour monter un programme : sortilège contre rémunération. Ils n’auraient jamais reçu ce qui leur avait promis : raison pour laquelle la Cote d’Ivoire aurait galéré jusqu’en 2015 pour soulever un second trophée continental.

Dans un entretien accordé à Libération, l’ex-ministre explique que ces jeteurs de sort auraient réussi à réduire les cages ivoiriennes afin que les adversaires soient incapables de trouver le chemin des filets.

Et même s’ils arrivaient à le trouver, ils finissaient par tomber sur un gardien en état de grâce : Alain Gouaméné.

Avant de réaliser un exploit en finale, le gardien de vingt-cinq ans à l’époque en avait déjà fait un en demi-finale de la compétition.

D’abord en arrêtant un pénalty pendant le match puis trois tirs au but dont celui du gardien camerounais : un certain Joseph-Antoine Bell. La Côte d’Ivoire remporte la séance : 3 – 1.

C’est donc avec cet atout que les Éléphants se présentent face aux Black Stars du Ghana.


JOURS FÉRIÉS, FEUX D’ARTIFICE

Bien qu’il soit privé de leur capitaine Abedi Pelé, suspendu pour la finale, le Ghana fait office de favori pour les Sénégalais venus remplir le stade de l’Amitié à Dakar.

« […] Il faisait très chaud. Le stade était majoritairement pour le Ghana. » se souvient pour Jeune Afrique le héros Gouaméné.

Mais, la formation ghanéenne compte dans ses rangs Anthony Yeboah mais surtout celui que Edson Arantès do Nascimento dit « Pelé » a lui-même désigné comme son propre successeur : Nii Lamptey. Mais plombé par une absence difficile et des agents véreux, le jeune prodige ghanéen n’aura jamais la grande carrière annoncée.

De son coté, faisant preuve d’union, de discipline et de travail, la Côte d’Ivoire n’a encaissé aucun but. Zéro, nada ! C’était donc écrit que la finale se jouerait aux tirs au but. La seule chose qui n’avait pas été écrite dans ce scénario incroyable, c’est le nombre de pénaltys pour départager les deux pays voisins : 24.

Le pouce que lève Aka Kouamé, après avoir inscrit le onzième pénalty ivoirien, augure de bonnes choses. Le numéro 2 de la Côte d’Ivoire l’ignore encore mais il a écrit les dernières phrases de l’Histoire. Manque plus que le point final. Le grand et costaud Anthony Bafoué, et son numéro 2 floqué sur son maillot et son short trop court, avance vers Alain Gouaméné.

Le portier ivoirien qui joue au Raja Casablanca à cette époque-là a l’avantage psychologique sur le Ghanéen puisqu’il a marqué le sien. Le Bhété souffle dans ses gants puis se détend sur sa droite pour bloquer la frappe molle de Yeboah. Ça y est : la Côte d’Ivoire est championne d’Afrique pour la première fois de son histoire (11 – 10) ! Et forcément, ça se fête !


Des feux d’artifices – qui aujourd’hui sont à priori interdits après les différentes crises politiques et la guerre civile que le pays a connues – déchirent le ciel noir étoilé.

Au sol, pendant que le pétrichor embaume les rues, comme si la pluie avait mouillé tous les jardins de ce quartier de Cocody, situé dans Abidjan Nord, des adultes se réjouissent des trois jours fériés que feu le président Houphouët-Boigny a décrétés. Et au milieu d’eux, des enfants exultent de joie pour la victoire mais surtout parce qu’ils ont entendu : « Demain, c’est férié ! »




Dernière mise à jour : 24 août 2023

« C’est Dieu qui veut nous éprouver ! » affirme avec un incroyable culot ce supporter de la Côte d’Ivoire au moment où le capitaine des Éléphants, Didier « Dahizoko » Drogba expédie le ballon au-dessus des buts zambiens.

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L’enfant de Niaprahio, village bhété situé au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, vient de manquer un pénalty, une occasion toute rêvée d’offrir vingt ans après le sacre de 1992 une seconde Coupe d’Afrique des Nations à son pays où il a influencé de nombreux Ivoiriens qui ne jurent plus à l’époque que par Chelsea – toi, y compris. Vrai influenceur avant la pastille bleue.


La phrase prononcée par ce jeune homme ce soir-là, ce dimanche 12 février 2012, résonne encore dans ta tête comme si tu étais encore au Hollywood Boulevard, « HB » pour les habitués de cet endroit à la mode situé sur la Rue des Jardins, devenu aujourd’hui Bloom. Où jolie nana recherche joli djo. Non, tu ne l’oublieras jamais, ni la tête désabusée de ces malheureux supporters non plus.

Retour sur le jour où Didier Drogba a envoyé le ballon dans l’espace.


VIELLES CONNAISSANCES, GENS ENDIMANCHÉS

LES PLAIES PURULENTES SAIGNENT ENCORE


« Les grandes sont douleurs muettes » paraît-il.

Si la formule usitée est applicable dans la plupart des pays du monde entier, dans le Monde Mondial, la Côte d’Ivoire selon feu DJ Arafat, elle est fausse. Oui, ici, nombreux sont ces fans déçus qui aujourd’hui encore vitupèrent contre « toutes ces coupes d’Afrique que la Côte d’Ivoire aurait dû gagner » !

Il y a eu pêle-mêle : Égypte 2006 et cette finale remportée par le pays organisateur aux tirs au but (4 -2), mais aussi Égypte 2008 et cette demi-finale perdue (4-1) toujours face aux Pharaons et enfin Angola 2010 et ce terrible quart de finale perdu face à l’Algérie (3-2) malgré la frappe monumentale de l’inclassable Kader « Popito » Keïta.

En dépit de ces multiples échecs douloureux, ils sont nombreux à être réunis autour d’une bouteille, d’une table, d’un verre pour supporter la Côte d’Ivoire de Didier Drogba donc mais aussi Yaya Touré.

Dans cet Hollywood Boulevard noir de monde, quelques-uns portent son maillot floqué du numéro 42 de Manchester City. Liquette de la Côte d’Ivoire enfilée, d’autres hommes se sont déjà ainsi sapés pour célébrer la victoire certaine pendant que certaines femmes, maillot noué au-dessus du nombril façon crop top, se fondent dans la masse avec ce visage recouvert de maquillage et d’excitation.

Vieilles connaissances, gens endimanchés, l’ambiance est bon enfant au sein de cette Équipe du Dimanche.


UN PARCOURS DE FUTUR CHAMPION D’AFRIQUE

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Au fur à mesure que la salle de quelques mètres carrés, où se concentrent fauteuils rose pâle et chaises avec dos en cuir, se remplit, les oreilles de certains gérants boîtes de nuit se remplissent, elles, de sommes sonnantes et trébuchantes.

Un salon pour l’un, deux bouteilles par-ci, trois bouteilles par-là, on se croirait chez Christie’s pour la vente d’un artiste disparu dont les œuvres s’envolent après sa mort tragique ! Il faut dire que le parcours de la Côte d’Ivoire ne laisse à priori planer aucun doute sur l’identité du futur vainqueur de la compétition.

Entraînée par l’Ivoirien François Zahoui, dont le départ par la suite n’a jamais été vraiment compris par une bonne partie de l’opinion publique, la sélection ivoirienne a remporté ses cinq matches et surtout n’a encaissé aucun but ! Elle est solide à l’image du latéral droit Jean-Jacques Gosso dont les appuis sont plus solides que des fondations d’une maison inachevée.

De son côté, la Zambie est entraînée par l’homme à la chemise immaculée un certain Hervé Renard. Et autour de son équipe, règne une drôle d’ambiance, faite de commémoration et d’envie de bien faire. Histoire de rendre un bel hommage à ces membres de l’équipe nationale zambienne morts dans un crash aérien qui a lieu à quelques encablures du stade d’Angondjé de Libreville. S’entraînant avec le PSV Eindhoven, « le plus grand footballeur zambien de tous les temps », Kalusha Bwalya a échappé à la mort. Le contexte est particulier mais place à la fête.


L’HOMME SANS VIE DE LA RUE DES JARDINS

PETIT GERVAIS OFFRE UN PÉNALTY


L’endroit pue la confiance et les petites odeurs contre lesquelles déodorants et parfums ne peuvent plus grand-chose quand il y autant d’individus au kilomètre carré. Les voix s’élèvent, les blagues fusent sur ces Chipolopolos sous-estimés. « C’est quelle équipe même ? » peut-on entendre.

Puis viennent les premiers cris d’une joie précipitée quand l’arbitre désigne immédiatement le point de pénalty après que Yao Kouassi Gervais dit « Gervinho » soit fauché dans la surface à la 68ème minute.

Avant-bras droit, ensuite avant-gauche, avec le brassard qui l’entoure, Didier Drogba se prépare. Puis, il pose le ballon jaune fluo, remonte ses chaussettes, fait plusieurs pas en arrière. Pensant naturellement exploser de joie, la salle retient son souffle.

L’attaquant ivoirien envoie le ballon au-dessus des buts gardés par Mweene. Lequel vient le narguer aussitôt, pendant que le malheureux avant-centre monte le point de pénalty. Comme s’il accusait le sort d’avoir arbitré en faveur des Zambiens qui remporteront plus tard la séance de tirs aux but (8 à 7).

« C’est Dieu qui veut nous éprouver ! » convaincu qu’après la guerre civile, le « grand barbu » veut mettre encore à l’œuvre un pays qui a déjà souffert.

Au coup de sifflet final, les chaises se vident, les yeux se remplissent.

Et des larmes tracent un sillon arc-en-ciel sur le joli minois de certaines demoiselles. No Make Up Challenge ! Personne n’a compris, ne veut comprendre comment la Côte d’Ivoire a perdu. Tout le monde ou presque est dans le déni. À l’image de cet homme short kaki, tee-shirt blanc qui épouse sa bedaine, yeux hagards, qui saoulé par cet énième désillusion titubait sur la Rue des Jardins le soir où Didier Drogba, « l’un de tes joueurs préférés de tous les temps », envoya le ballon dans l’espace.


Dernière mise à jour : 28 janv.

« Mollah, vous avez gagné. » chuchote ton pote camerounais.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE SON SECOND FESTIVAL DE CAN
We are the champions! ©Tous droits réservés

La première fois qu’il a prononcée ça, la phrase a fait écho dans ton cerveau qui s’est vidé aussi vite que le compte courant de nombreux Ivoiriens en Décembre. Car au pays du coupé-déchaîné, inventé puis perfectionné bruyamment par feu Ange Didier « Arafat » Houon, les fêtes de fin d’année sont l’occasion pour beaucoup de dépenser plus qu’ils en ont avant de pleurer quand Janvier commence.


Pendant longtemps, bon nombre d’entre eux piaulaient devant le palmarès étique d’une équipe nationale de football collectionneuse de défaites plutôt que de victoires. Mais ça, c’était avant que la Côte d’Ivoire ne remporte la CAN 2015, brisant ainsi ce cycle infernal d’échecs.


Moteur/caméra/action sur ce film où la Côte s’offre son second festival de CAN.


LA CÔTE D’IVOIRE GLISSE SUR LA GRÈCE

Avant que la Séléphanto ne remporte la finale de la Coupe d’Afrique pour la seconde fois de son histoire, le soir du 8 février 2015, il eut d’abord le Brésil et surtout la Grèce.


Chez les Auriverde, l’un des multiples surnoms de la sélection brésilienne, l’heure est encore à la fête fin juin 2014 avant la cinglante défaite face à l’Allemagne (1-7). Et ce malgré, les manifestations anti Mondial contre les 11 milliards de dollars qui auraient été investis dans l’organisation de cette Coupe du Monde. Ils regrettent que ces sous n’aient pas plutôt servi à l’amélioration des conditions de vie de certains d’entre eux. À croire que le reste du pays Samba les roubignolles.


Le Brésil, c’est aussi ce pays contre lequel un africain marquait pour la première fois en phase finale de Coupe du Monde : un certain Didier Drogba. Quatre ans après, ce but symbolique mais ô combien inutile dans une défaite (3 – 1), l’homme est toujours là. Une grosse barbe noire hirsute est venu se poser sur son visage autrefois glabre. Et son statut a lui a aussi considérablement changé. Dorénavant, sous les ordres de l’inexpérimenté Sabri Lamouchi, Dahizoko démarre sur le banc comme un vulgaire remplaçant, un joueur qui n’aurait jamais fait ses preuves.


Entrée à deux reprises face Japon (2-1) puis la Colombie (1-2), l’attaquant âgé alors de 36 ans est titularisé lors de la rencontre décisive face à la Grèce. Mais, le numéro 11 ivoirien est de retour sur le banc quand le Grec Samarás envoie les siens en 8èmes de finale après un drôle de pénalty.

Perdre dans des conditions tragiques face au pays qui l’a inventée même, la tragédie, il n’y a que les Ivoiriens qui pouvaient la faire celle-là.


Quelques semaines plus tard, Didier Drogba prend sa retraite sans avoir remporté la moindre CAN. Chose que ses anciens partenaires feront quelques mois plus tard.


MAX ALAIN GRADEL RENVERSE LES LIONS INDOMPTABLES

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE SON SECOND FESTIVAL DE CAN
Un banc pour Gradel. ©Tous droits réservés

Lorsqu’elle arrive chez la très très très démocratique Guinée Équatoriale, l’équipe ivoirienne est désormais entraînée par le vrai-faux frère jumeau de Ser Jaime Lannister : Hervé Renard.


Contrairement à son doppelgänger, Renard a la main sur son groupe savant mélange entre jeunes au potentiel intéressant tels que Serge Aurier, Éric Bailly, Wilfried Kanon, et vieux loups de mer comme le capitaine Yaya Touré, les attaquants Wilfried Bony et surtout Max-Alain Gradel.


Après deux matches obtenus face à la Guinée puis au Mali, la Côte d’Ivoire dispute la finale de ce groupe D…face à son cher et tendre ami : le Cameroun.


UN IVOIRIEN DANS LA VILLE

« Y a quoi chez vous même ? », « C’est le coupé-décalé que tu veux voir ? » te bombardent ses amis chez qui tu es venu voir le match.

Dans ce Tunis où le froid cogne juste assez pour sortir manteaux et bonnets, tu as eu la bonne idée de regarder ce Cameroun – Côte d’Ivoire chez des…Camerounais. D’où cet accueil chaleureux.

Parce qu’il était écrit, quelque part, que cette année était la bonne, Max-Alain Gradel dompte les Lions Indomptables d’une frappe lointaine. 1- 0 !

« Oui mollah, c’est le coupé-décalé que tu as vu ! »

Place ensuite aux quarts de finale face à l’Algérie.


ONE, TWO, THREE, VIVA BABI

Cinq après ce quart de finale tristement célèbre, les Ivoiriens prennent une solide revanche : 3 à 1 grâce entre autres à deux buts de la tête de Bony.

DEUX COUPS DE CANON

La demi-finale oppose la République Démocratique du Congo à la Côte d’Ivoire. C’est le match que Yaya Touré choisit pour montrer la voie.

D’une frappe canon, le numéro 19 rappelle à tout le monde qu’il est encore l’un des meilleurs joueurs à son poste. Grâce à Gervinho puis Wilfried, autour du joli coup de Kanon, la bande à Touré l’emporte finalement : 3 à 1, et file vers la finale pour retrouver le Ghana.


GRÂCE À COPA, LA CÔTE D’IVOIRE BARRY

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE SON SECOND FESTIVAL DE CAN
Attends un peu. ©Tous droits réservés

Kamikaze à l’aise chez « l’ennemi camerounais », te revoilà chez tes potes camerounais.


Ce soir, finies les hostilités ! Tout le monde a sa langue dans sa poche.

Ce soir, pas de festivités ! Personne ne va travailler, sortir de billets de la sacoche.


Vingt-trois après donc, les Éléphants retrouvent les Black Stars. Un match rempli de symboles.


Abedi Ayew dit Abedi Pelé ayant transmis le virus du football à ses enfants, les frères Ayew sont sur la verte pelouse de l’Estadio Bata. Le plus âgé, André est d’ailleurs l’un des meilleurs buteurs de la compétition (3 buts) à égalité avec Dieumerci Mbokani et d’autres encore. Mais ce soir, il ne retrouve pas le chemin des filets. C’est seulement lors de la séance des tirs au but que ceux-ci tremblent.


Les Ghanéens laissent passer une balle de match alors que les Ivoiriens avaient manqué leurs deux premiers penalties, sous le regard imperturbable de l’homme à la chemise blanche, adossé à son banc.

À l’autre bout de celui-ci, enfoncé dans une chaise en plastique, Yao Kouassi Gervais dit « Gervinho », lui, préfère ne rien suivre, encore moins de célébrer quand Copa Barry arrête le tir de son collègue de gardien : Brimah Razak.


Dire que le gardien de but ivoirien a fait l’objet de critiques est un doux euphémisme. De la même manière que tout prendre à la légère pour ensuite mieux le tourner en dérision est un sport national en Côte d’Ivoire, taper sur l’Équipe Nationale en général et Copa Barry en particulier en est un aussi. Que tu as aussi pratiqué. Mea culpa.


Porté par les encouragements d’un Yaya Touré, le natif de Marcory, quartier situé dans Abidjan Sud, s’avance, pense déjà ce qu’il dira après avoir inscrit le pénalty victorieux au micro de la chaîne d’information continue CNEWS (« […]C’est vrai que je suis pas grand par le talent, je suis pas grand par la taille mais j’ai envie d’apprendre. J’ai envie de toujours progresser. Les critiques, ça fait toujours progresser dans la vie. […] »).

Oui, l’ancien gardien de l’Académie MimoSifcom, celui qui n’était que remplaçant au début de la compétition, a progressé.


Ce soir, grâce à Copa, la Côte d’Ivoire Barry. Après les échecs de 2006, 2012, etc. Beaucoup n’auraient jamais cru que la Côte d’Ivoire puisse remporter son second festival de CAN.

Parce que c’était – et c’est toujours le cas - une gageure de supporter la Séléphanto, parce que trop longtemps tu as été perclus de douleurs, ce soir-là, tu as entendu sans pour autant réaliser tout de suite : « Mollah, vous avez gagné. »

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