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BALLON D'OR 2022 : KARIM BENZEMARQUE DES BUTS ET LES ESPRITS

Dernière mise à jour : 25 janv.

« Et ça, je mets ça où ? », demandent des déménageurs trempés de sueur et de mauvaise foi aux futurs habitants d’une nouvelle maison, d’un nouvel appartement. Ce à quoi ces derniers, prodigieusement agacés par un coup de chaleur démangeant et des cartons à ranger, répondent : « Mettez ça ici ! » ; désignant vaguement un coin obscur qu’ils auront vite fait d’oublier.

« Et ça, je mets ça où ? », interrogent des petits diables serviables quand leurs parents, malheureusement le plus souvent Maman, rentrent les bras chargés de courses et de paroles fielleuses.

Ce à quoi Maman répond : « Mets ça sur ma tête ! » Fin de la discussion.


BALLON D'OR 2022 : KARIM BENZEMA MARQUE DES BUTS ET LES ESPRITS
Le Ballon d'Or dans les mains de Karim Benzema.©YouTube

Hier, Karim Benzema a probablement eu droit à cette question lorsqu’il a quitté le théâtre du Châtelet, salle parisienne où il a remporté le Ballon d’Or 2022. Cette question, Ibrahim, son timide de fils aux cheveux bruns bouclés qui l’a rejoint sur la scène, aux côtés du grand frère/idole/entraîneur Zidane, Wahida et Hafid, les parents pas peu fiers du joueur, l’a peut-être posée. Son père a déjà la réponse quelque part dans un coin de la tête ; lui qui lui rêve depuis des années et des années de soulever cet objet de 12 kilogrammes et d’une valeur de 13 000 euros.

Portrait d’un footballeur qui a toujours voulu marqué des buts et les esprits.


BENZEMA OU LES PREMIERS PAS D’UN LYON

Veste noire, chemise blanche col Mao rigide et noir, montures fines et dorées, le futur lauréat lance ainsi un clin d’œil à peine voilé à son idole : feu Tupac Amaru Shakur. All Eyez On Him.


Sa barbe, elle, avec quelques poils récalcitrants qui débordent sur les côtés, ferait presque pâlir de jalousie l’un des nombreux invités prestigieux de cet événement diffusé en mondovision : Damso ; qui pioche probablement dans la sienne pour y sortir ses rimes claires obscures et caresser ainsi dans le sens du poil ses fans. Vie sur nous.

Bloqués par une haie de barrières métalliques, contenus ainsi par un service d’ordre digne des plus grandes cérémonies, des fans font pleuvoir des « Karim, Karim ! » sur celui que tout le monde voit vainqueur.

Nul doute qu’à ce moment-là, le Madrilène, accompagné de très près par son fils, flashé par des projecteurs, repense à ces débuts en bas du bâtiment où il a habité.

DES BONDS À BRON

C’est dans la banlieue lyonnaise, à Bron, plus précisément la rue Youri-Gagarine, que le petit Benzema a fait ses premiers pas. Comme la plupart des futurs footballeurs, le septième enfant de la fratrie a d’abord épuisé les nerfs de ses parents, à force de jouer dans la maison plutôt qu’à l’extérieur. Pensant trouver la solution, sa mère lui achète un ballon en mousse mais son insatiable de garçon continue à faire ses gammes à l’intérieur. Finalement, il ira dehors.

« Je sautais de là ! [1] », montrant la fenêtre de la maison située au rez-de-chaussée d’où il sortait avant de jouer au milieu des arbres recouverts d’écorce et de traces de ballon.

Sa mère, son père qui lui dit « Tire, tire ! » à chaque fois qu’il a une occasion, font tour à tour office de gardien de but. Qu’il neige, qu’il pleuve, qu’il vente, l’enfant répète inlassablement les mêmes gestes, les mêmes dribbles ! C’est ainsi que le futur avant-centre atypique finit par taper dans l’œil du club de la région connu pour sa capacité à produire des footballeurs de talent : l’Olympique Lyonnais d’un certain Jean-Michel Aulas. Il y signe à l’âge de 9 ans.

Des années plus tard, suivi par une caméra omniprésente, il se rappelle de cette journée de détection et surtout de « […] la peur de pas être pris ». Si les promesses d’un talent certain sont déjà là, la constance, elle, fait défaut.

DISCRET MAIS PAS TROP

« Au départ, le potentiel était évident, se souvient son formateur Armand Garrido, parce qu’il avait des qualités techniques qui étaient importantes. […] Ce qui lui manquait, c’était une certaine constance dans les matchs qu’il avait des grands moments de discrétion, manquait de personnalité en généralité. »

Discret dans la vie et altruiste sur le terrain, la personnalité de Karim Benzema ne fait alors l’objet d’aucune critique abusive de la part d’un premier ministre spécialiste de la Valls des nationalités, tantôt française, tantôt espagnole, qui pense qu’un grand sportif « doit être exemplaire ». Non, à ce moment-là, Karim Benzema se construit, à l’abri des regards indiscrets et des donneurs de leçons mal placés, et c’est à « l’âge de 14-15 ans » qu’il décide de devenir footballeur professionnel avec la bénédiction de ses parents.

Si certains ne jurent que la sainte trinité : métro-boulot-dodo, le futur Ballon d’Or 2022, lui, est un fervent partisan de : entraînement – ballon – match. Et ça paye !

D’abord avec les Bleus, avec lesquels il remporte le Championnat d’Europe de football des moins de 17 ans en 2014. C’est d’ailleurs le seul titre que la « génération 87 », pourtant ultra-encensée avec les artistes Hatem Ben Arfa et Sami Nasri et le soliste Jérémy Ménez, ait jamais remporté ensemble !

QUI VA À LA CHASSE PERD SA PLACE

Puis ensuite avec Lyon. Présenté comme un crack, Karim Benzema fait forte impression. « Je viens pour vous piquer votre place ! », aurait dit le jeune attaquant lyonnais. Interrogé par Canal+ et Éric Besnard, l’ancien footballeur devenu consultant télé Sydney Govou reconnaît qu’il y a du vrai dans cette anecdote mais aussi qu’il a servi de « tampon » entre certains joueurs du vestiaire plus âgés et Karim Benzema, dont les gestes d’humeur et autres signes d’agacement « quand le ballon n’arrivait pas », déplaisaient probablement. Hashtag le groupe vit bien. Mais ces tensions, finalement partie intégrante de la vie d’un club, ne sont qu’un tout petit chapitre dans la belle histoire d’amour entre Lyon et Benzema, entre ce club qui domina les années 2000 avec 7 titres consécutifs et un gamin pressé, « la nouvelle star du football français [2] », qui a inscrit son premier but en match officiel à 17 ans, marquée par de nombreux exploits. S’il ne fallait en retenir que deux, ça serait : Saint-Étienne et Manchester United.

SAINT-ÉTIENNE, MANCHESTER ET LE REAL MADRID

BALLON D'OR 2022 : KARIM BENZEMA MARQUE DES BUTS ET LES ESPRITS
C'est pas sa faute à lui si depuis Lyon, il est fort. ©YouTube

Saison 2007/2008, 95ème derby des Rhône-Alpes : Saint-Étienne/Lyon. Ce sont les toutes dernières minutes de jeu quand le numéro 10 lyonnais obtient en coup franc très bien placé.

En l’absence du maître artificier Juninho Pernambucano, le vingtenaire se saisit du ballon. La peur ? Il connaît pas. Sa frappe passe au-dessus du mur vert et blanc avant de finir sa course dans les filets stéphanois. « Il n’a que 20 ans, il n’a que 20 mais il a pris toutes ses responsabilités ! », s’enflamme Grégoire Margotton.


Saison 2007/2008, encore et toujours. 8ème de finale face à Manchester United et son futur coéquipier aux déroutants dribbles dansants : un certain Cristiano Ronaldo.

53ème minute : Jérémy Toulalan porte le ballon vers l’attaque avant de servir l’attaquant au poignet bandé. Ce dernier contrôle, se retourne et frappe le ballon, qui passe au milieu d’une forêt de jambes mancuniennes !



L’enchaînement exceptionnel permet à Lyon de prendre un avantage mais finalement Manchester et Carlos Tévez égalisent. Certes Manchester élimine Lyon au match retour : 1 à 0 mais la légende, elle, est déjà en marche et la suite de son histoire ne peut s’écrire qu’à l’étranger, dans « le plus grand club du monde ».

À MADRID, JOUE-LA COMME DROGBA !
BALLON D'OR 2022 : KARIM BENZEMA MARQUE DES BUTS ET LES ESPRITS
L'une des rares fois où Drogba aura été gardien. ©Dailymotion

« Je suis très content de jouer dans le même club que mes idoles Zidane et Ronaldo. » Ainsi parla Karim Benzema, devant des supporters madrilènes venus accueillir à bras ouverts, ce 1Er juillet 2009 là, la nouvelle recrue de Florentino Pérez. Avant le rhônalpin, Kaká et surtout Cristiano Ronaldo ont rejoint le Real Madrid. Le club madrilène a versé la somme de 35 millions d’euros pour s’attacher les services d’un joueur que l’Olympique Lyonnais avait prolongé quelques mois auparavant. « Je vais pas monter sur les murs, tu me connais. », avait alors dit le néo-prolongé.

UN 91/2 AU REAL MADRID

Cette fois-ci, Karim Benzema peut sauter au plafond.

Et pour cause, il vient de signer dans le club de ses rêves.

Mais si le mariage entre un Real Madrid privé de son lustre d’antan par un Barça étincelant à cette époque-là et ce talent pur s’annonce parfait, l’idylle connaît rapidement des tensions.

La première provient du terrain et du fait que ce soit Gonzalo Higuaín le titulaire au poste d’avant-centre. L’Argentin, qui a également la nationalité française, a notamment l’avantage de renvoyer cette image de buteur clinique, plus « tueur dans l’âme » au contraire du Français. Fait d’enchaînements délicieux, son style de jeu est plus léché et fin, si fin qu’il est pratiquement invisible à l’œil nu. Karim Benzema joue comme d’autres évoluaient à l’époque des années 90/2000 ; un temps que les moins de 20 ans, toujours prompts à brandir des chiffres en guise d’argument d’autorité, ne connaissent pas. Un temps où le neuf et demi, poste bâtard entre le buteur et le meneur de jeu, existait. Hashtag Youri Djorkaeff. Et c’est son président, celui qui est venu chez lui pour le faire signer, qui en parle peut-être le mieux de ce 91/2.

« C’est un avant-centre mais pas un avant-centre typique. Il marque beaucoup mais surtout, il a la capacité de savoir où se trouve son coéquipier le mieux placé, ce qui lui permet de faire autant de passes décisives que de marquer des buts. Je trouve que Karim est un mélange de Zizou et de Ronaldo. »



Parce la double filiation est dure à porter, la découverte d’un nouvel environnement difficile à supporter, les débuts de Karim Benzema au Real Madrid sont difficiles. Et ce n’est pas l’arrivée d’un nouvel entraîneur, remplaçant Manuel Pelligrini, qui y change quelque chose. Bien au contraire.

LE CHAT BOTTÉ PAR MOURINHO

Peut-être est-il encore sous le charme de ses buteurs Didier Drogba et Samuel Eto’o, toujours est-il que José Mourinho, tout frais vainqueur de la Champions League 2010 avec l’Inter Milan et nouvel entraîneur d’un Real qui court derrière une depuis 2002 et cette volée zidanesque, lui aussi préfère Gonzalo Higuaín. Et The Special One n’hésite pas une seule minute à le lui faire savoir quand les caméras sont de sortie. Ainsi lors d’une conférence de presse, l’entraîneur portugais le tance publiquement :

« Si tu n’as pas de chien pour aller chasser mais que tu as un chat, alors tu prends le chat, non ? Parce que tu ne peux pas y aller seul. Nous avons un seul attaquant, Benzema. » Ainsi Mourinho botta les fesses du chat Karim Benzema. Vexé mais gardant ses états d’âme pour lui plutôt que les diffuser dans la presse, par personnes interposées, et/ou en story Instagram à coups de hashtag empruntés à un rappeur en manque d’attention, le joueur aux déplacements félins va voir son entraîneur, installé entre ces murs qui ont de grandes oreilles.

« Je lui ai dit ce que j’avais à lui dire, raconte-t-il dans le documentaire le K Benzema. Ça a pris une heure. Je suis un joueur de foot. T’es mon entraîneur, je te respecte. Respecte-moi en tant que joueur. Et partir ce moment-là, il n’y a plus de chat, de chien ou je ne sais quoi. […] » Le soir même, le piqué à vif inscrit le but de la victoire face à Majorque. Cette année-là, il plante à 35 reprises ; un record qu’il a depuis battu.

Figurant parmi ces personnages interrogés pour rendre hommage au néo Ballon d’Or, l’actuel entraîneur de l’AS Roma et sa chevelure aux cinquante nuances de gris, reconnaît ses torts des années plus tard : « Quand j’étais son entraîneur, c’était un footballeur très talentueux, à la recherche de son identité en tant que joueur de très haut niveau, avec les bonnes ambitions et la bonne condition physique. Je voulais qu’il grandisse le plus vite possible et j’étais dur avec lui, je le reprenais sur tous les petits détails, le moindre kilo en trop et la moindre minute de retard à l’entraînement. Je ne sais pas si j’ai une influence dans son développement, lui le sait, mais son très fort caractère lui a permis de progresser. »

Son très fort caractère à lui, Mourinho, avec ses méthodes jusqu’au-boutistes qui trois ans après épuisent corps et âmes, a finalement mis un terme à son aventure madrilène. Le Portugais est remplacé par un gestionnaire d’égo façon bon père de famille dont la méthode a fait ses preuves au Milan AC des années 2000 : Carlo Ancelotti.

Sur le banc de touche, l’Italien n’est pas seul. Non, à ses côtés, tout juste à côté de lui, le Ballon d’Or 1998, le Divin Chauve et accessoirement idole de jeunesse de Benzema : Zinédine Zidane.

Lors de cette 66ème cérémonie du Ballon d’Or 2022, C’est d’ailleurs lui qui lui a ouvert l’enveloppe, dévoilant ainsi un secret de polichinelle.

« Bon ben le vainqueur du Ballon d’Or 2022, annonce-t-il dans un accent marseillais. Et je suis ravi de cette récompense, c’est pour toi : Karim Benzema. »

Coincé entre Kevin De Bruyne, 3ème du classement et surtout Sadio Mané, 2ème du classement et premier vainqueur du prix Socrates, récompensant son incroyable capacité à (re)donner aux moins lotis ce qu’il a reçu, le capitaine du Real Madrid se lève, rentre le ventre et ferme sa veste, avant de l’ajuste correctement et de se diriger d’un pas lourd de fierté et léger de soulagement vers le présentateur ivoirien qui l’accueille avec un atou, un abrazo, une accolade chaleureuse.

Des « Karim, Karim, Karim ! » pleuvent encore. Mais cette fois-ci, ils viennent de sa famille, ses proches, etc. Tous ceux et celles qui l’ont poussé/soutenu quand par exemple l’affaire du chantage à la sextape Valbunea, pour laquelle il a renoncé à faire appel après sa condamnation à un an de prison avec sursis pour « complicité de tentative de chantage ». Mais aussi quand Didier Deschamps s’est longtemps passé de ses services avant de le rappeler pour l’Euro 2021 où il a été l’une des rares satisfactions. Ou encore quand le fait qu’il ne chante pas La Marseillaise.

« C’est pas parce que je ne chante pas La Marseillaise que je suis moins français que celui qui la chante. » Hier soir, le jour de gloire de Karim Benzema est arrivé. Le Ballon d’Or 2022 vient récompenser cette saison 2021/2022 exceptionnelle mais surtout l’incroyable régularité d’un joueur dont le statut depuis bientôt une demi-douzaine d’années. Un attaquant qui comme Didier Drogba à Chelsea s’est débarrassé de tous ses concurrents d’avants-centres.

BENZEMA, PANENKA, CHAMPIONS LEAGUE

Non, le « joueur de l’année de l’UEFA de la saison 2021/2022 » n’est pas le 10 décembre 1987 à Lyon. Non !

Karim « El Nueve » Benzema serait plutôt né un soir de Mai 2017 et cette demi-finale retour face à l’Atlético Madrid dans le chaudron Vicente Calderon ; le dernier derby madrilène joué dans ce stade.

Libéré depuis des années maintenant de Gonzalo Higuaín, parti sous d’autres cieux, enorgueilli par la confiance placée par Zidane, d’abord adjoint puis entraîneur, KB 9 est un tout autre joueur.

Au sein de la terrible BBC[3], dont les exploits sont régulièrement diffusés sur toutes les ondes, Benzema s’amuse y compris avec les défenseurs. Ce soir-là, encore plus.

UN JOUEUR EN RETRAIT QUI PREND LA LUMIÈRE

Rapidement menés par des Colchoneros – surnom de l’Atlético – plus affamés par cette possible place en finale de la Champions League, les Madrilènes sont bouffés à deux reprises ; d’abord par Saúl Ñíguez puis par l’inévitable Antoine Griezmann.

Seconde mi-temps. À quelques mètres de Diego Simeone, qui porte le deuil de son sang-froid à chaque fois avec sa tenue All Black Everything, Karim Benzema reçoit le ballon dos au but.


Suivi de près par Savić puis Godin, le Madrilène contrôle le cuir avec ses chaussures vertes fluo, se retourne, longe la ligne quand soudain il réalise un geste d’anthologie : un double contact dans un mouchoir de poche avant de poursuivre sa route comme si de rien n’était et de servir Toni Kroos. L’Allemand frappe mais Oblak la repousse dans les pieds d’Isco qui traînait par-là. Malgré la défaite (2 à 1), le Real se qualifie et remporte plus tard sa 12ème Champions League face à la Juventus Turin (4 à 1). Tu chercherais une occasion pour mieux illustrer le joueur que Karim Benzema est, altruiste/décisif/technique, que tu n’en trouverais presque pas.



Longtemps en retrait, caché par l’omniprésence de Cristiano Ronaldo et dans une moindre mesure celle Gareth Bale, dont le prix du transfert lui aura été trop souvent rappelé par des fans madrilènes gâtés par des siècles de prestige et gloire, Karim Benzema est aujourd’hui un joueur qui marque des buts et les esprits ; assis entre autres à la table des légendes françaises telles que Thierry Henry, Zinédine Zidane.

« C’est quelqu’un qui est très réservé, un peu comme moi quand j’étais footballeur. », admettait volontiers son entraîneur avec lequel il a remporté trois Champions League de suite de 2016 à 2018. Un record pas près d’être égalé de sitôt.

La ressemble entre les deux joueurs d’origine algérienne se voit aussi sur le plan technique.



À l’image de cette panenka, que Benzema tente et réalise en pleine demi-finale aller de la Champions League face à Manchester City (4 – 3) ; qui n’est pas sans rappeler celle de Zidane en finale de la Coupe du Monde 2006.



Auparavant, il avait envoyé trois fois au tapis le Paris Saint-Germain au cours d’un 8ème de finale retour d’anthologie, mis deux coups de tête mémorable à Chelsea et Édouard Mendy.

Cette campagne de Champions League 2021/2022, Benzema l’a parfaitement réussie. D’ailleurs, il a terminé meilleur buteur avec 15 réalisations ; décrochant au passage le titre de meilleur buteur de la compétition et la 14ème Champions League d’un club qu’il a rejoint en juillet 2009. Et en Liga pareil ! Le numéro 9 du Real Madrid a remporté la Liga, le trophée de Pichichi, récompensant le meilleur buteur de la saison, avec ses 27 buts. Et avec les Bleus, idem ! L’ex-ostracisé, l’ancien pestiféré a remporté la Nations League avec notamment cette frappe enroulée face à l’Espagne.


À croire que maintenant, partout où il passe, avec sa technique antique et son sens du but affiné, Karim Benzemarque des buts et les esprits.


« Je prends les choses d’une autre manière [depuis que j’ai eu un enfant, NDLR]. Suis plus calme. »

Oui depuis plusieurs années maintenant, le quintuple vainqueur de la Champions League prend les choses d’une autre manière quand ce ne sont pas les poids de sa salle de gym, nichée dans sa maison, qu’il prend. Le temps semble ne pas avoir encore d’emprise sur celui qui fêtera ses 35 ans en Décembre. On en oublierait presque ses vidéos bling-bling, sous fond de rap, où il étale son goût pour les voitures de luxe et d’autres signes extérieurs de richesse. On en oublierait presque de parler de « ces 30 minutes de vélo, 10 minutes de sourates », piliers de sa routine d’avant-match.


BALLON D'OR 2022 : KARIM BENZEMA MARQUE DES BUTS ET LES ESPRITS
Quand tu dois te pincer les lèvres pour y croire. ©YouTube

Veste noire, chemise blanche col Mao rigide et noir, montures fines et dorées, le futur lauréat a ainsi lancé un clin d’œil à peine voilé à son idole : feu Tupac Amaru Shakur. All Eyez On Him.

Oui, hier, tous les yeux étaient braqués sur celui qui après avoir reçu le 66ème Ballon d’Or, a dit ceci :

« […] Je repense à quand j’étais petit tout le travail. J’ai jamais lâché : c’était un rêve de gamin, comme tous les gamins. J’ai grandi avec ça dans la tête et après, j’ai eu de la motivation car j’ai eu deux modèles dans ma vie : Zizou et Ronaldo, avant que des applaudissements ne l’interrompent brièvement. C’est beaucoup de travail, c’est rien lâcher, c’est s’entraîner, s’entraîner encore plus. […] Y a eu ces périodes où j’étais pas en sélection, où j’ai rien lâché, où j’étais avec mon coach ici où on travaillait beaucoup aux entraînements.

Et il me répétait sans cesse de garder dans ma tête, cette joie de jouer au foot et qu’un jour, je pourrais gagner ce trophée-là. Je suis fier de mon parcours comme je l’ai dit : c’était difficile. Mes parents sont là. […] Ce Ballon d’Or, c’est individuel mais ça reste collectif. Moi pour moi, c’est le Ballon d’Or du peuple. Voilà. »

Ainsi parla Karim « El Nueve » Benzema, Ballon d’Or 2022, avant que son fils ne lui demande : « Et ça, je le mets où ? »


[1]La plupart des propos, sauf mention contraire, sont tirés du documentaire Karim par Benzema ; disponible sur YouTube. [2] Avant-propos de feu Thierry Gilardi lors du 8ème de finale : Lyon – Manchester United ; saison 2007/2008.

[3] Bale – Benzema – Cristiano.

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