- Dozilet Kpolo
- 9 janv. 2024
- 3 min de lecture
« Goumin[1] c’est pas camarade de quelqu’un ! », crie-t-on haut et fort en terre ivoirienne. Celle qui fut pendant longtemps le cimetière des Éléphants. Souviens-toi.
CAN 2006 : LA CÔTE D’IVOIRE TAPE POTEAU CONTRE L’ÉGYPTE
De la moitié des années 2000, avec cette qualification miraculeuse obtenue au Soudan, au début des années 2010, il n’y a qu’une seule africaine sur les lèvres : la Côte d’Ivoire. Et pour cause parmi son effectif pléthorique, il y a deux talents générationnels : Yaya Touré, seul et unique footballeur africain à avoir remporté quatre fois de suite le Ballon d’Or africain, et Didier Drogba, (enfin) auteur d’un pénalty victorieux lors de la CAN 2012.
Oui, l’histoire d’amour entre Dahizoko et les tirs au but a longtemps été une histoire douloureuse (Attends un peu, y a la partie sur la finale de 2012 qui arrive…).
Auteur du pénalty victorieux lors du quart de finale face aux meilleurs ennemis camerounais, après que l’autre meilleur joueur africain, Samuel Eto’o, ait raté le sien, Gbagbadê manquera l’occasion d’offrir une seconde CAN à son pays.
« On va jouer contre le public, on va jouer contre l’arbitre, on va jouer contre les Égyptiens… Si on va chercher la finale-là, la coupe-là, ça sera que nous-mêmes. » Extraits de « Nos 2 étoiles » ; le documentaire Canalplus sur le parcours des Éléphants à la CAN de 1992 à 2015.
Malgré ses belles paroles, la Côte d’Ivoire, alors entraînée par Henri Michel, et son capitaine perdent aux tirs au but avec notamment deux ratés de Didier Drogba donc et Bakary Koné.
Chez elle, avec un public particulièrement hostile, qui a bloqué le car des Éléphants de Côte d’Ivoire, pendant longtemps, l’Égypte remporte la CAN (4-2).
Ce 10 février 2006 marque le début d’une longue histoire de goumin ; le plus souvent sponsorisée par l’Égypte.
CAN 2008 : L’ÉGYPTE, TOUJOURS L’ÉGYPTE, ENCORE L’ÉGYPTE
CAN 2008, on prend les mêmes et on recommence.
Après une première participation à une coupe du Monde et surtout après avoir chicoté la Guinée (5-0) lors du quart de finale, la Côte d’Ivoire affronte l’Égypte.
Plus forte, mais « assez divisée [2] » selon Gérard Gili, la Séléphanto est favorite mais perd le remake de la finale.
Les Égyptiens mettent des coups et pas qu’un seul.
« Ils étaient comme des chiens ! Ils étaient partout, ils étaient partout ! Je n’ai pas reconnu mes coéquipiers. J’ai pas du tout reconnu mes coéquipiers. », dira quelques années plus tard Marc Zoro.
Nous non plus, nous ne les avons pas reconnus « tes fils, chère Côte d’Ivoire ». Surtout Kolo Habib Touré que Mohamed Aboutrika a fait danser. L’Égypte l’emporte : 4-1 !
Et ce malgré une superbe réduction du score de Kader « La Popizaïgne » Keïta, déjà...
CAN 2010 : KADER A FAIT TOUT ÇA POUR ÇA ?
La Côte d’Ivoire n’aurait jamais dû perdre le quart de finale face l’Algérie lors de cette CAN 2010, marquée par l’attentat contre le bus de l’équipe togolaise à Cabinda.
Non, la Côte d’Ivoire n’aurait jamais dû perdre, pas après ce but d’anthologie de Kader « Popito » Keïta, pas après ça.
Favoris, les Ivoiriens ouvrent le score par Salomon Kalou. L’Algérie égalise (1-1).
L’horloge affiche la 89ème, il n’y a donc plus qu’une minute à jouer.
C’est ce moment-là, cet instant précis, que le plus brillant des intermittents du spectacle choisit pour décocher une frappe monumentale du… gauche, s’il te plaît ! Si c’était pas lui, Kader Keïta, ça pouvait être qui d’autre ?
Malheureusement, son but ne servira à rien puisque l’Algérie finira par l’emporter 3-2 après prolongation.
Tu pensais que tu avais tout vu, tout vécu en termes de goumin mais c’était sans connaître un certain Hervé Renard.
CAN 2012 : LA CÔTE D’IVOIRE OFFRE À HERVÉ SON PREMIER TOUR DE PASSE-PASSE
Avant la CAN 2012, personne ou presque connaissait l’homme à la chemise blanche toujours bien repassée, le frère de Jamie Lannister, même père même mère : Hervé Renard.
Après la finale de la CAN 2012, tout le monde le connaissait. Surtout les Ivoiriens avec lesquels il décrochera la CAN 2015.
Pour la petite histoire, ce n’est pas Drogba mais Yaya qui devait tirer le pénalty obtenu puis finalement raté. Qui sait…
CAN 2021 : L’ÉGYPTE, C’EST BON MAINTENANT OU BIEN ?
Après avoir réussi à se qualifier lors du choc face au tenant du titre algérien, one two three viva Babi, les Éléphants de Cédric Beaumelle affrontent l’Égypte de Mohamed Salah et d’un certain Mohamed Abou Gabal dit Gabaski.
Entré en cours de jeu pour remplacer Mohamed El Shenawy, blessé, le portier égyptien repousse notamment le pénalty d’Éric Bailly pour envoyer les siens en quart de finale. Un tour et puis s’en va.
Tout ceci pour te rappeler au cas où tu l’aurais éventuellement oublié que : « Goumin c’est pas camarade de quelqu’un ! » Allez les Éléphants ! Battez-vous là-bas !
[1] Chagrin, peine de cœur, spleen.
[2] Sauf mention contraire, tous les propos sont tirés du documentaire « Nos 2 étoiles ».
