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CAN 2023 : Spécial Côte d'Ivoire

Dernière mise à jour : 29 janv.

Les boules vides du tirage au sort de la CAN 2025, à peine rangées, les élus, Youssouf Hadji, Joseph Yobo, Aliou Cissé et Serge Aurier, remerciés, place aux supputations, aux souvenirs.

Les premières vont déjà bon train, chacun y va de son petit pronostic…alors qu’il reste 328 jours avant le démarrage de la meilleure compétition de football, après la coupe du Monde.

Les seconds, les souvenirs donc, ne sont jamais bien loin.

Dans le train des réminiscences du passé, tout le monde y monte, puis descend aussitôt au prochain arrêt. Ce sont généralement les plus jeunes qui en sortent, dès que le joueur - qu’il admirait autrefois - est en méforme.

Et puis, il y a ceux et celles qui n’ont jamais quitté le train, qui sous le siège voyageur, ressortent le vieux cahier carnet poussiéreux de célébrations. Comme celles qui ont suivi la victoire des Éléphants sur le Cameroun.


C’était il y a 10 ans jour pour jour, le 28 janvier 2015. Ou le jour où Max-Alain Gradel renvoya le Cameroun à la maison. Petit génie.

CAN 2015 : ET GRADEL RENVOYA LE CAMEROUN À LA MAISON
On va mouiller le maillot et mailler. ©Tous droits réservés

GRADEL DÉJÀ BUTEUR AVANT LE CAMEROUN

La souffrance avant la délivrance semble être la marque de fabrique des ivoiriens lorsqu’il s’agit de remporter la CAN. Ils n’ont pas attendu la CAN 2023 pour faire souffrir, calculer leurs supporters masos. Relation toxique quand tu vois, tu sais.


La CAN 2015 disputée en Guinée équatoriale n’y échappe pas.


D’emblée, c’est face à la Guinée. Les nerfs tendus de Gervinho lui valent une expulsion qui aurait pu coûter cher si Seydou Doumbia n’avait pas égalisé en fin de seconde période. Les deux équipes se séparent donc sur un score de parité : 1-1.

Ensuite, c’est le Mali – qui on le rappelle n’a jamais gagné la CAN.

Là encore, c’est une égalisation tardive à la 87ème minute de…Max-Alain Gradel. Encore un match nul : 1-1. La qualification se jouera donc face au Cameroun.

GRADEL AU MAX

CAN 2015 : ET GRADEL RENVOYA LE CAMEROUN À LA MAISON
Du brassard à la brasserie, il n'y a qu'un Yaya. ©Tous droits réservés

C’est dans le Nuevo Estadio de Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, que le choc se dispute.

D’un côté le Cameroun de Stéphane Mbia et de l’autre la Côte d’Ivoire du quatre fois Ballon d’or africain : Yaya Touré. Le brassard de capitaine, il l’a récupéré et c’est lui qui, accompagné de son frère, guide les jeunes loups parmi lesquels Serge Aurier, Éric Bailly ou encore Wilfried Kanon.


Et au milieu d’eux, de ces deux générations, il y a les jeunes vieux expérimentés. Ceux qui ont vécu les différentes humiliations régulières et qui savent donc ceux qu’une défaite coûterait.


C’est peut-être pour ça, pour épargner des fans au bord de la crise, que Max-Alain Gradel a mis tout ce qu’il pouvait dans cette frappe du droit à la 36ème minute. Fabrice Ondoa plonge certes mais le ballon termine sa course dans les filets camerounais. Quel but, quelle frappe, quelle délivrance !


Les Lions Indomptables tenteront bien de revenir au score mais entre maladresse des uns et adresse de Sylvain Gbohouo, le score ne bouge plus d’un iota. La Côte d’Ivoire l’emporte et renvoie par la même occasion le Cameroun chez lui. De bonne augure pour la suite.

LA SUITE APPARTIENT À L’HISTOIRE

Après le Cameroun, c’est à l’Algérie (3-1), puis à la République Démocratique du Congo, sur ce même score cinglant, de tomber l’une après l’autre avant la finale face au Ghana voisin.

La suite appartient à l’histoire qui ne retient que les vainqueurs.

Cette CAN 2015, si les Ivoiriens l’ont remportée, c’est grâce à Hervé Renard, et son solide 3 – 4 – 3, au groupe qui a su ensemble atteindre cette deuxième étoile et aussi à Max-Alain Gradel, « Petit Génie ».


Dernière mise à jour : 24 août 2023

« C’est Dieu qui veut nous éprouver ! » affirme avec un incroyable culot ce supporter de la Côte d’Ivoire au moment où le capitaine des Éléphants, Didier « Dahizoko » Drogba expédie le ballon au-dessus des buts zambiens.

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L’enfant de Niaprahio, village bhété situé au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, vient de manquer un pénalty, une occasion toute rêvée d’offrir vingt ans après le sacre de 1992 une seconde Coupe d’Afrique des Nations à son pays où il a influencé de nombreux Ivoiriens qui ne jurent plus à l’époque que par Chelsea – toi, y compris. Vrai influenceur avant la pastille bleue.


La phrase prononcée par ce jeune homme ce soir-là, ce dimanche 12 février 2012, résonne encore dans ta tête comme si tu étais encore au Hollywood Boulevard, « HB » pour les habitués de cet endroit à la mode situé sur la Rue des Jardins, devenu aujourd’hui Bloom. Où jolie nana recherche joli djo. Non, tu ne l’oublieras jamais, ni la tête désabusée de ces malheureux supporters non plus.

Retour sur le jour où Didier Drogba a envoyé le ballon dans l’espace.


VIELLES CONNAISSANCES, GENS ENDIMANCHÉS

LES PLAIES PURULENTES SAIGNENT ENCORE


« Les grandes sont douleurs muettes » paraît-il.

Si la formule usitée est applicable dans la plupart des pays du monde entier, dans le Monde Mondial, la Côte d’Ivoire selon feu DJ Arafat, elle est fausse. Oui, ici, nombreux sont ces fans déçus qui aujourd’hui encore vitupèrent contre « toutes ces coupes d’Afrique que la Côte d’Ivoire aurait dû gagner » !

Il y a eu pêle-mêle : Égypte 2006 et cette finale remportée par le pays organisateur aux tirs au but (4 -2), mais aussi Égypte 2008 et cette demi-finale perdue (4-1) toujours face aux Pharaons et enfin Angola 2010 et ce terrible quart de finale perdu face à l’Algérie (3-2) malgré la frappe monumentale de l’inclassable Kader « Popito » Keïta.

En dépit de ces multiples échecs douloureux, ils sont nombreux à être réunis autour d’une bouteille, d’une table, d’un verre pour supporter la Côte d’Ivoire de Didier Drogba donc mais aussi Yaya Touré.

Dans cet Hollywood Boulevard noir de monde, quelques-uns portent son maillot floqué du numéro 42 de Manchester City. Liquette de la Côte d’Ivoire enfilée, d’autres hommes se sont déjà ainsi sapés pour célébrer la victoire certaine pendant que certaines femmes, maillot noué au-dessus du nombril façon crop top, se fondent dans la masse avec ce visage recouvert de maquillage et d’excitation.

Vieilles connaissances, gens endimanchés, l’ambiance est bon enfant au sein de cette Équipe du Dimanche.


UN PARCOURS DE FUTUR CHAMPION D’AFRIQUE

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Au fur à mesure que la salle de quelques mètres carrés, où se concentrent fauteuils rose pâle et chaises avec dos en cuir, se remplit, les oreilles de certains gérants boîtes de nuit se remplissent, elles, de sommes sonnantes et trébuchantes.

Un salon pour l’un, deux bouteilles par-ci, trois bouteilles par-là, on se croirait chez Christie’s pour la vente d’un artiste disparu dont les œuvres s’envolent après sa mort tragique ! Il faut dire que le parcours de la Côte d’Ivoire ne laisse à priori planer aucun doute sur l’identité du futur vainqueur de la compétition.

Entraînée par l’Ivoirien François Zahoui, dont le départ par la suite n’a jamais été vraiment compris par une bonne partie de l’opinion publique, la sélection ivoirienne a remporté ses cinq matches et surtout n’a encaissé aucun but ! Elle est solide à l’image du latéral droit Jean-Jacques Gosso dont les appuis sont plus solides que des fondations d’une maison inachevée.

De son côté, la Zambie est entraînée par l’homme à la chemise immaculée un certain Hervé Renard. Et autour de son équipe, règne une drôle d’ambiance, faite de commémoration et d’envie de bien faire. Histoire de rendre un bel hommage à ces membres de l’équipe nationale zambienne morts dans un crash aérien qui a lieu à quelques encablures du stade d’Angondjé de Libreville. S’entraînant avec le PSV Eindhoven, « le plus grand footballeur zambien de tous les temps », Kalusha Bwalya a échappé à la mort. Le contexte est particulier mais place à la fête.


L’HOMME SANS VIE DE LA RUE DES JARDINS

PETIT GERVAIS OFFRE UN PÉNALTY


L’endroit pue la confiance et les petites odeurs contre lesquelles déodorants et parfums ne peuvent plus grand-chose quand il y autant d’individus au kilomètre carré. Les voix s’élèvent, les blagues fusent sur ces Chipolopolos sous-estimés. « C’est quelle équipe même ? » peut-on entendre.

Puis viennent les premiers cris d’une joie précipitée quand l’arbitre désigne immédiatement le point de pénalty après que Yao Kouassi Gervais dit « Gervinho » soit fauché dans la surface à la 68ème minute.

Avant-bras droit, ensuite avant-gauche, avec le brassard qui l’entoure, Didier Drogba se prépare. Puis, il pose le ballon jaune fluo, remonte ses chaussettes, fait plusieurs pas en arrière. Pensant naturellement exploser de joie, la salle retient son souffle.

L’attaquant ivoirien envoie le ballon au-dessus des buts gardés par Mweene. Lequel vient le narguer aussitôt, pendant que le malheureux avant-centre monte le point de pénalty. Comme s’il accusait le sort d’avoir arbitré en faveur des Zambiens qui remporteront plus tard la séance de tirs aux but (8 à 7).

« C’est Dieu qui veut nous éprouver ! » convaincu qu’après la guerre civile, le « grand barbu » veut mettre encore à l’œuvre un pays qui a déjà souffert.

Au coup de sifflet final, les chaises se vident, les yeux se remplissent.

Et des larmes tracent un sillon arc-en-ciel sur le joli minois de certaines demoiselles. No Make Up Challenge ! Personne n’a compris, ne veut comprendre comment la Côte d’Ivoire a perdu. Tout le monde ou presque est dans le déni. À l’image de cet homme short kaki, tee-shirt blanc qui épouse sa bedaine, yeux hagards, qui saoulé par cet énième désillusion titubait sur la Rue des Jardins le soir où Didier Drogba, « l’un de tes joueurs préférés de tous les temps », envoya le ballon dans l’espace.


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