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CAN 2023 : Spécial Côte d'Ivoire

« Justice de Dieu, y en a ! », s’exprime Chancel Mbemba en pointant le doigt vers le ciel. La perche tendue, après Maroc – Congo, et cette fin de match houleuse, le capitaine des Léopards l’a saisie.

C’est l’une des prises, pour ne pas dire LA prise de parole la plus mémorable d’un joueur qui mouille le maillot et qui aujourd’hui est réduit au silence par son club. Et ce depuis que l’Olympique de Marseille lui a montré la sortie en août dernier. Gros plan sur un footballeur qui ronge son frein en attendant des jours meilleurs.


POUR MBEMBA, L’ÉTÉ SERA CHAUD

Réchauffement climatique ou pas, il faut toujours aussi chaud.


Ainsi, l’année 2023 été l’année la plus chaude jamais enregistrée, selon des chercheurs, avec une température moyenne de 1,45 degrés Celsius. Les nerfs sont tendus à commencer par ceux de l’Olympique de Marseille et Chancel Mbemba.

EN ATTENDANT LA JUSTICE DE DIEU, MBEMBA RONGE SON FREIN
2022 - 2025, l'amour dure trois ans. ©Tous droits réservés

Alors que le Congolais sort d’une superbe CAN 2023, qui lui a valu de figurer dans l’équipe-type de la compétition, l’Olympique de Marseille lui fait la maladresse insigne de l’inscrire sur une liste non pas électorale mais de ceux dont il veut se débarrasser. Figurent particulièrement sur celle-ci : Samuel Gigot, finalement dans ce club italien hyper tolérant, la Lazio, et Jordan Veretout, à Lyon. 


D’abord écarté du groupe professionnel avant d’être réintégré par la force de la loi, Chancel Mbemba, lui, y est encore et c’est la seule liste sur laquelle il est. Son nom ne figure sur aucune liste de match.

Pour en avoir le cœur net, il suffit de taper son nom dans la barre de recherche de Transfermarkt pour se rendre compte que les seuls matchs qu’il a disputés sont avec la sélection : 5 rencontres. 

Une misère de pour le prix Marc-Vivien Foé 2023, récompensant le meilleur joueur de Ligue 1. 

Et ça n’est pas près de s’arranger.


ACCUSÉ LEVEZ-VOUS 

Les seuls à savoir ce qu’on lui reproche sont probablement : le président Pablo Longoria et le directeur du football Mehdi Benatia, qui a récemment été suspendu par la Fédération Française de Football ; pour trop avoir manifesté son mécontentement sur le traitement de son équipe. 


Que le nouvel entraîneur Roberto De Zerbi, comme la plupart des coachs qui arrivent, ait ses préférences tactico-techniques, c’est une chose. Que Marseille pousse vers la sortie un défenseur central qui 13 buts en 85 matchs depuis qu’il est au club, c’est à ni rien comprendre.

EN ATTENDANT LA JUSTICE DE DIEU, MBEMBA RONGE SON FREIN
Une carrière mise en mode avion. ©Tous droits réservés

Et dans cette guerre psychologique, les dirigeants marseillais ne laissent rien passer. Août dernier, non contents de l’avoir rétrogradé professionnellement, ils l’ont sanctionné à la suite d’un accrochage avec un des responsables de l’équipe réserve : deux semaines de salaire retenues ! 150 000 euros selon nos estimations. 

Et pendant ce temps-là, Chancel Mbemba ronge son frein en attendant la justice de Dieu. 


LA PAROLE EST À CHANCEL MBEMBA

EN ATTENDANT LA JUSTICE DE DIEU, MBEMBA RONGE SON FREIN
Bisso na bisso. ©Tous droits réservés

Dans ce type d’opposition, entre l’employeur et le salarié, c’est à qui s’exprime le plus. Chancel Mbemba, lui, l’a fait il y a quelques mois lorsqu’il a été interrogé par Canalplus Afrique.

« J’ai un contrat avec Marseille. J’espère partir en janvier, quand Dieu le veut. Mais quand Dieu ne décide pas…ce sont les humains. Les humains sont compliqués, chacun regarde ses intérêts. »

Et celui qui protège ses intérêts, Me Grégory Enes d’en rajouter une couche : 


« Les informations qui circulent [sur le fait que le joueur aurait refusé des offres, NDLR] sont fausses, dénonce-t-il dans les colonnes de La Provence. Depuis son arrivée à l’OM, comme joueur libre, Chancel Mbemba a toujours eu une attitude exemplaire envers le club. Aujourd’hui, il lit qu’il refuserait toutes les offres de transfert qui lui sont faites. Ceci est totalement faux. Il n’a pas reçu la moindre offre concrète lors du présent mercato. »


Battus hier par les Auxerrois (3-0), portés cette saison par un Hamed Junior Traoré en forme avec ses 9 buts en 20 matchs, Pablo Longoria et les Marseillais ont préféré crier au scandale et à la corruption qui toucherait l'arbitrage français. L’OM dérange, apparemment. C’est l'hôpital qui se fout de la charité, la ficelle qui se moque du string. 

Libre à la fin de la saison, Chancel Mbemba prend son mal en patience. Le trentenaire fervent croyant sait pertinemment que : « Justice de Dieu, y en a ! »




« [...] Belle et Sébastien, c’est une histoire d’amour. [...] », savent les enfants des années 80.


Enfant, on sait juste dormir, geindre quand on peine à mettre ses chaussures, manger, pleurer lorsqu'il faut aller dans les bras d’un autre adulte que Papa ou Maman, dormir again. Par contre, on ignore ce que c’est l'amour. 

Enfant, l’amour, ce sont ces petits bisous aperçus par des gamins ébaubis. Avec lâchage de : « Beurk ! » La vérité sort de la bouche des enfants.

Une fois qu’on y a goûté à l’attachement, la passion, le love, on est au fait que : « Les histoires d’amour finissent mal en général. »


Réécrite par une Guinée équatoriale, qui l’a larguée dans son stade Ebimpé, ravivée à Yamoussoukro, puis prolongée par deux jeunes gens, au bout du bout du temps additionnel, la love story entre la Côte d’Ivoire et sa CAN devait mal se finir si on en croit l’adage. Par une défaite face à Victor Osimhen et le Nigeria. 


Mais c’était sans connaître Haller, l’homme dont l’histoire est belle et Sébastien. 


LA CAN 2023, SÉBASTIEN HALLER L’AVAIT DÉJÀ GAGNÉE

La CAN 2023, Sébastien Haller l’a déjà gagnée avant la finale Nigéria - Côte d’Ivoire (1-2), et ce but qui conduit à la gloire. 

CAN 2023 : L’HISTOIRE EST BELLE ET SÉBASTIEN
C'est nous on savait pas qu'il l'avait déjà gagnée. ©Tous droits réservés

Quand est-ce qu’il l’a fait ? Le jour même, à l’instant précis, à la seconde même où fin novembre 2022, le joueur atteint d’une tumeur aux testicules obtient le go de l’équipe médicale pour reprendre une activité normale pour lui, exceptionnelle pour les autres. 


Revoir le 22 janvier 2023, le premier joueur à avoir réussi un quadruplé pour ses débuts en Champions League, face au Sporting Lisbonne (1-5) est un bonheur.


« C’était une émotion forte. C’est ce que j’avais en ligne de mire depuis le premier jour, pouvoir montrer mes qualités et savoir, que, derrière, il y avait eu un combat. Ça a rajouté à mon envie. [...] », déclare l’ancien coéquipier de Jude Bellingham. 


Voir le successeur de Didier Drogba parmi les Éléphants de Côte d’Ivoire qui s’apprêtent à disputer la CAN 2023, sans Eric Bailly, Eric Bailly, ni Wilfried Zaha, est une joie. Déjà.


Mais rien ne se passe comme prévu dans un Netflix Originals. Toudoum. 


LA CAN 2023, SÉBASTIEN HALLER L’A DÉMARRÉE SUR LE BANC

Avec Simon Adingra, Sébastien Haller fait partie de ces blessés que la Côte d’Ivoire attend, ceux qui doivent la sauver de ce marasme collectif qui a bien failli leur coûter la qualification pour le second tour. 


Si le nouvel Adingra de la Côte d’Ivoire fait ses débuts plus tôt, pour le numéro 22 de la Séléphanto, il faudra attendre le huitième de finale face au Sénégal. Et cette passe en profondeur qui permet à Nicolas Pépé de bien plonger pour obtenir encore un peu plus un pénalty évident. 


Le tour précédent, face aux Aigles du Mali, le gaillard attaquant ivoirien manque certes d’ouvrir son compteur buts mais sa présence dissuasive monopolise l’arrière-garde adverse. Il est en jambes et bien même. Tout ce qu’il fallait (peut-être) à Emerse Faé pour le titulariser. 


L’HISTOIRE EST ET SÉBASTIEN, HALLER DE FAIRE LE BILAN 

Indubitablement, la CAN 2023, l’ancien meilleur buteur de l’Eredivisie (21 buts pour l’Ajax lors de la saison 2021/2022) l’a entamée lors de la demi-finale face à la République Démocratique du Congo.

Sa frappe topée finit en tir de l’Aigle qui finit au-dessus du portier Lionel Mpasi. Sébastien Haller inscrit l'unique but de la rencontre.


Vient ensuite la finale : Nigéria - Côte d’Ivoire.


IN TROOST-EKONG, LE NIGERIA A CRU

Invaincus depuis le début de la compétition, vainqueurs de la première opposition lors des phases de poule (1-0, but de Troost-Ekong), le Nigeria est naturellement favori. Qui plus est les Super Eagles peuvent compter sur Ademola Lookman, Victor Osimhen et surtout William Troost-Ekong.

CAN 2023 : L’HISTOIRE EST BELLE ET SÉBASTIEN
Baba God. ©Tous droits réservés

Installé dans un fauteuil, le capitaine nigérian défend bien, défend debout et s’offre le luxe de pointer le bout de son crâne dans le camp adverse (1-0, 38ème minute). 


Les remembrances de l’échec au 1er tour refont surface. Revenu à son meilleur niveau, Franck Kessié copie-colle le but de Troost-Ekong (1-1, 62ème). 



Pour la première fois de son histoire, la Côte d’Ivoire marque dans une finale de CAN qu’elle dispute. Et pourtant…


Plein à craquer, des tourniquets forcés, des spectateurs assis à même dans les escaliers, le stade Ebimpé retient son souffle. Aucune des deux équipes ne prenant le dessus sur l’autre : ce sont les prolongations qui les guettent.


Mais il était écrit quelque part à l’encre divin que ce 11 février 2024, ce serait lui, le miraculé, le rescapé, le survivant qui le but de la victoire qui conduit à la gloire le mettrait : Sébastien Haller (1-2, 81ème)


La Côte d’Ivoire est championne d’Afrique pour la troisième fois de son histoire. 


CAN 2023 : L’HISTOIRE EST BELLE ET SÉBASTIEN
Le mental d'Houphouët, le mental de Haller. ©Tous droits réservés

L’émotion est belle, les frissons se font chair de poule, les embrassades et autres accolades se multiplient.

La Côte d’Ivoire a organisé et remporté la plus belle CAN de l’histoire des CAN.


Tout ceci est beaucoup trop pour le métis bété, le Woody, le garçon pour briser le tabou et pleurer à l’antenne dans les bras de Basile Boli ; un autre bété. 


« J’ai bon espoir que cela fasse du bien à beaucoup de monde. », au micro de beIN Sport. 


Un an plus tard, des prêts enchaînés par-ci par-là (Leganés puis Utrecht), ça fait du bien à beaucoup de monde de savoir que belle est l’histoire d’amour entre la CAN 2023 et Sébastien, Haller. 




« […] L’égalisation ivoirienne de Simon Adingra, le prodige des Éléphants ! […] », hurle Lilian Gatounes dans le micro de Canal.

Nous sommes le 3 février 2024, jour de match, jour défaite, du Mali, mais surtout jour de naissance : celui de l’égalisateur Simon Adingra. Retour sur le jour où il est devenu le nouveau symbole de la Côte d’Ivoire qui plie mais ne rompt.

ET SIMON DEVINT LE NOUVEL ADINGRA DE LA CÔTE D’IVOIRE
L'amour du maillot.

PAS DE SIMON ADINGRA POUR DÉMARRER

Qu’on ne s’y trompe pas, ce Mali – Côte d’Ivoire est plus qu’un match, un simple quart de finale de CAN, plus qu’un derby.

Bien que les deux sélectionneurs, le natif d’Abidjan Éric Chelle et celui de Nantes, Emerse Faé, jouent l’apaisement, les récentes tensions diplomatico-militaires, et ces 49 militaires ivoiriens arrêtés sur le sol malien, en juillet 2022 avant d’être relâchés, en mai 2023, rendent la tâche compliquée.

LES NERFS SONT TENDUS

Et sur la verte pelouse du stade de la paix de Bouaké, rempli à ras bord, les nerfs sont tendus, les fautes sont légion. Particulièrement côté ivoirien.

Odilon Kossounou, lui seul, en fait deux. La première, Yahia Fofana l’a rattrapée en arrêtant le pénalty qu’il a provoqué (17ème minute). Sur la seconde malheureusement, personne n’y peut rien. Le longiligne défenseur, qui aime porter le ballon vers l’avant, est expulsé après un second avertissement (43ème minute).

ET SIMON DEVINT LE NOUVEL ADINGRA DE LA CÔTE D’IVOIRE
Par ici, la sortie.

Rien n’est jamais facile, ni aisé avec ces miraculés d’Éléphants de Côte d’Ivoire.  Et pendant qu’Emerse Faé multiplie les changements pour passer d’un 4 – 3 – 3 à 5 – 3 – 1, Simon Adingra, lui, observe depuis le banc de touche.

ET SIMON DEVINT LE NOUVEL ADINGRA DE LA CÔTE D’IVOIRE
Formation pour défendre, quand tu vois tu sais.

ET SIMON DEVINT LE NOUVEL ADINGRA DE LA CÔTE D’IVOIRE

Les différentes entrées de Wilfried Singo puis Sébastien Haller et Willy Boly apportent une certaine stabilité à une équipe qui coulisse, défend en bloc.

Mais, à force de colmater les brèches, il y a cette petite porte qu’on oublie de fermer à double tour. C’est par celle-ci que Nene Dorgeles, à qui certains excités de la Toile reprocheront plus tard d’être né…à Yopougon, se glisse.


L’ailier malien, qui était sur les tablettes de Manchester « FC Observation » United il y a quelques semaines de cela, efface Franck Kessié avant de nettoyer à la 71ème minute la lucarne de Yahia Fofana ; circonspect. Mali – Côte d’Ivoire : 1 – 0 ! 

Bamako explose de joie pendant quelques minutes.

SIMON A DIT ÇA NE SE PASSERA PAS COMME ÇA

Jusqu’à son entrée en jeu, en lieu et place de Jean Michael Seri, à la 86ème minute, Simon Adingra n’avait rien fait de remarquable, lors de 24ème édition de la CAN, au sens propre du terme. Ni passe décisive, ni de but.

Dans ces conditions, le filiforme ailier ivoirien ne pouvait faire pire : c’était déjà gâté. Comme on dit : « L’eau qui est versée on peut plus ramasser ! »


Les Maliens, il a fallu les ramasser à la petite cuillère quand le numéro 24 des Éléphants, avec ce ballon qui lui colle aux crampons, s’est pointé dans la surface, après avoir poursuivi son effort comme si Seko Fofana allait lui refaire la passe plutôt que shooter, a poussé le ballon relâché par le portier malien d’un pointu.

ET SIMON DEVINT LE NOUVEL ADINGRA DE LA CÔTE D’IVOIRE
Power pointe du pied.

Et Lillian Gatounes de s’égosiller, dans le vacarme du stade, le brouhaha national :

« […] L’égalisation ivoirienne de Simon Adingra, le prodige des Éléphants ! […] »

La Côte d’Ivoire a peut-être des Adinkra, ces figures visuelles porteuses de sens et de signification, qu’on se fait tatouer sur le poignet ou au « verso » du bras. Mais elle n’avait pas encore d’Adingra.

La suite, on la connaît. Oumar Diakité, la version plus extravertie du premier jeune buteur, sort des Maliens abasourdis et mauvais perdants.

Quelques jours plus tard, le natif de Yamoussoukro, lui, délivre la passe décisive à Sébastien Haller qui offre à la Côte d’Ivoire sa 3ème CAN, la plus belle.

Et le passeur décisif, lui, est élu meilleur joueur de la finale.


Depuis, la vie du héros national est tout sauf un long fleuve tranquille à Brighton.


LA CHRONIQUE DE BRIGHTON 

ET SIMON DEVINT LE NOUVEL ADINGRA DE LA CÔTE D’IVOIRE
Quand tu cherches à retrouver ton sourire d'antan.

Beaucoup trop souvent laissé sur le banc des remplaçants, le fin dribbleur suscite les convoitises ; malgré les deux buts seulement inscrits en championnat.

De nombreux clubs auraient pris des renseignements pour connaître les conditions d’une future acquisition de ses services, parmi lesquels Leipzig et l’Olympique de Marseille. Mais le remplaçant - sur 10 des 16 matchs qu’il a disputés en Premier League - aurait décliné.



Ce qui n’est pas le goût de certains internautes ivoiriens.



Peut-être qu’ils le voient trop haut, qu'il ne l'est en ce moment dans le creux de la vague, peut-être qu’ils aimeraient tout simplement revoir cet Adingra, meilleur joueur de la CAN 2023, briller à l’international. Comme ce 3 février 2024 où il a fait lâcher à Lilian Gatounes : « […] L’égalisation ivoirienne de Simon Adingra, le prodige des Éléphants ! […] »



 

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