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CAN 2023 : Spécial Côte d'Ivoire

Dernière mise à jour : 25 janv.

« Haller aussi depuis il est arrivé, il boit l’eau seulement ! », plaisante ce jeune homme maillot des Éléphants de Côte d’Ivoire sur le dos et pantalon noir.


Surpris d’être étonné que le buteur du Borussia Dortmund et de la Séléphanto ne soit pas présent sur la pelouse d’Ebimpé pour ce match décisif Guinée-Équatoriale – Côte d’Ivoire. Ce n’est que la plus petite, la moins douloureuse, la moins pénible des surprises de la rencontre aux tensions multiples notamment au coup de sifflet final ; et ces affrontements entre forces de l’ordre et jeunes casseurs.


Gros plan sur comment la Côte d’Ivoire s’est pliée en quatre pour saboter sa CAN 2023, la CAN de l’hospitalité.

LA CÔTE D'IVOIRE SE PLIE EN QUATRE POUR SABOTER SA CAN 2023

EN MARCHE POUR SUPPORTER LA CÔTE D’IVOIRE

Ceux qui ont déjà fait le voyage pour se rendre au stade olympique d’Ebimpé le savent : ce n’est pas la porte d’à côté. C’est un chemin de croix avec une souffrance christique. Tu l’avais appris à tes dépends lors de la somptueuse cérémonie d’ouverture et la – seule et unique – victoire des Éléphants de Côte d’Ivoire dans cette CAN 2023.

Pour ce second voyage, hormis la chaleur, les choses étaient différentes. À commencer par l’impossibilité de se garer sur le parking apparemment plein, sauf que quelques minutes après avoir été éconduits par des forces de l’ordre, des véhicules ont pu y avoir accès, et aussi les navettes spéciales.

Le chauffeur de celle que nous avons empruntée a eu la bonne idée de rapprocher tout ce beau monde, vêtu d’orange blanc vert, sur les tempes, quand ce n’était pas de la tête au pied, le plus proche possible du lieu du crime. Celui qui est uniquement accessible après une longue marche pour le commun des mortels, celui où pour enterrer les derniers espoirs d’une qualification directe, sans calcul, ni équation à deux inconnues, des Équato-guinéens plus déterminés ont remixé le tube du moment.

JOUR DÉFAITE
LA CÔTE D'IVOIRE SE PLIE EN QUATRE POUR SABOTER SA CAN 2023

« Jour de fête ! », démarre Tam Sir avant de lancer son Coup du marteau. Hymne officieux de la CAN qui résonne dans les stades toutes les cinq minutes ou presque. Akwaba au pays du paiya, le nouveau coupé-décalé.



Hier, c’était plutôt jour défaite avec la plus grosse jamais enregistrée par la Côte d’Ivoire dans une CAN : 4 à 0 !


Et pourtant tout avait bien commencé, avec ces gens qui beau joueur ont finalement cédé leur place à ceux qui étaient assis à leur, mais aussi avec cet hymne chanté comme un seul homme par un stade rempli pour voir la bande à Gasset évoluer dans un nouveau dispositif : un 3 – 5 – 2. Avec un duo d’attaquants inédit composé par Nicolas Pépé et surtout Christian Kouamé.


LA CÔTE D'IVOIRE SE PLIE EN QUATRE POUR SABOTER SA CAN 2023

Celui-ci aurait pu être le sauveur de la Nation d’abord sur la remise pour l’égalisation d’Ibrahim Sangaré, positionné plus haut, refusée pour un hors-jeu et ensuite sur un face-à-face raté face à Owono.


Nous sommes à la 57ème minute et à partir de là, le longiligne attaquant ivoirien ne sera plus le même du tout.


Déçu, il envoie sèchement balader Ibrahim Sangaré, et ses encouragements, puis c’est au tour de Seko Fofana, plus discret qu’à l’accoutumée, de l’enjoindre à ne pas baisser les bras. Christian Kouamé n’entend rien, ne veut rien savoir et malheureusement sort ainsi progressivement de son match.



Premiers signes d’une tension palpable et visible depuis les gradins où des hôtesses d’une célèbre marque de paris en ligne distribuaient des ballons rectangulaires pour supporter voulant supporter un peu/beaucoup/bruyamment.

Finalement, Christian Kouamé est remplacé par Karim Konaté. Jérémie Boga et Jean-Philippe Krasso, eux aussi, entrent en jeu.

VAR 2 – CÔTE D’IVOIRE 0

Ce dernier, qui porte le numéro 11 d’un certain Didier Drogba, qui pour une fois a vécu la débâcle en direct comme n’importe quel supporter, aurait pu égaliser – lui aussi – mais son but a été refusé pour un hors-jeu. VAR 2 – Côte d’Ivoire 0. Pour la seconde fois, les Ivoiriens se rasseyent après crié, fait fièrement flotter le drapeau orange blanc vert dans l’air.


Dans les travées, certains se demandent : « Comment nous-mêmes on organise notre propre CAN et puis on nous vole ? » D’autres encore s’interrogent sur la capacité du plus haut responsable étatique à faire ce qu’il faut pour que le pays hôte gagne.




Toutes ces questions et bien d’autres encore restent jusqu’à aujourd’hui sans réponse. Comme le fait que trois minutes seulement après le but, le magnifique coup franc de Pablo Ganet, Emilio Nsue conclut froidement un deux contre deux. 75ème minute de jeu : Guinée Équatoriale 3 – Côte d’Ivoire 0.

Comment est-ce possible ? Comment peut-on faire se magatapé, surprendre comme ça ?



À partir de là, tout s’enchaîne ou plutôt se déchaîne avec des jets de bissap et d’eau qui éclaboussent de simples fans innocents furieux d’être pris pour cible.

Dans les gradins, avec les premiers heurts qui ont éclaté entre stadiers et supporters, les premiers tirant les seconds vers eux pour mieux les isoler et les frapper ensuite, la tension monte chaque minute un peu plus et explose avec le 4ème et dernier but. C’est le signal de départ que certains attendaient.



CAILLOUX, CAILLASSAGES ET GAZ LACRYMONÈGE

Sur la route qui mène au parking officiel et/ou de luxe, colère et sueur ruissellent le long de ces corps en mouvement. Les premières navettes que tu aperçois bondées desservent Yopougon. Il faut donc continuer le chemin de croix, avec l’amertume de la défaite en travers la gorge. Ce n’est que le début d’une longue after party à laquelle des jeunes en conflit avec la loi ont pris part. Ces évènements se déroulent de 19h à 21 h.

24 HEURES CHRONO

Il est un peu plus de 19h quand les premiers gaz lacrymogènes lancés pour disperser les jeunes piquent les yeux. Cris, pleurs, mais aussi incompréhension totale, etc. Chacun réagit comme il peut.

Certains vident leur bouteille d’eau, d’autres encore transforment leurs vêtements en cagoule. La scène dure quelques minutes, le temps que le gaz lacrymogène se dissipe.



Puis c’est la reprise de la marche en avant avec les premiers bus aux vitres explosées qui apparaissent.



Deuxième arrêt. Cette fois-ci, tu distingues clairement au loin une foule plutôt compacte armée de bois, barres de fer et autres objets dangereux. Pris de panique, la foule court.

Les mains se tiennent fermement et tous rebroussent chemin. Tous ? Pas tout le monde.


Armé d’un bâton, un jeune homme au maillot vert des Éléphants ordonne aux autres de le suivre pour affronter le camp d’en face. Les nerfs sont tendus, des personnes gisent à même le terre-plein central, îlot de sécurité pour éviter d’être trop isolé et donc victime d’une agression. C’est à ce moment-là que des forces de l’ordre encagoulées, après celles qui étaient déjà présentes le long du parcours pour remonter vers le parking, casque et tenue antiémeutes visible, prennent position au milieu de la foule ; arme à la main. Pas d’opposition donc. Mais, tu as l’impression d’être dans un mauvais film, une énième scène d’action tournée par Michael Bay. Sauf que là, sécurité is Bae.


Après de longues et pénibles minutes d’attente, la marche en avant reprend. Les traces d’affrontement sont visibles avec des pneus encore en feu.



Quelques groupes courent à la moindre alerte. Certains se réfugient dans le quartier, d’autres accélèrent le pas. Et dans cette confusion, d’autres font les présentations comme ce jeune homme venu du 19ème arrondissement parisien supporter les Éléphants. Yakô.


LA CÔTE D'IVOIRE SE PLIE EN QUATRE POUR SABOTER SA CAN 2023

Enfin arrivé à la voiture, toujours avec les tiens, avec ces forces de l’ordre casques et fusils à pompe qui quadrillent la zone pour balancer gaz lacrymogène encore, c’est l’heure de se frotter les yeux, boire jusqu’à épuisement. Le plus dur est passé se dit-on, surtout après avoir reçu bénédictions et conseils de sécurité de ce « vieux père » qui a surveillé le véhicule. Mais non c’était sans compter une dernière et ultime scène de guérilla urbaine avec des hooligans déterminés à ne laisser passer aucun véhicule.

AUCUNE BRIQUE N’IRA AU VILLAGE

Barres de fer et machettes en main, qui tracent l’arrêt de mort, ils empilent tout ce qui peut faire office de barrage. Vieux banc, pied de parasol, mais aussi briques, etc.

Ce sont ces mêmes briques qu’ils ont lancées sur la voiture qui a été touchée à deux reprises. Un miracle que rien ni personne n’ait été touché alors que nous étions pris dans ce goulot d’étranglement où chacun manœuvrait pour ne pas cogner la voiture de l’autre. Et au milieu, une fillette tient la main de sa maman en détresse respiratoire. Finalement, un autre groupe de jeunes qui semblait connaître le quartier fait lever le mot d’ordre. Faut pas nous dire ça deux fois !


Nous filons loin de ce stade Ebimpé, cimetière des Éléphants de Côte d’Ivoire, loin de ces agitateurs violents. Avec en fond sonore, les rumeurs qui se répandent une traînée de poudre comme à l’accoutumée au pays des on dit que. On dit que le bus des Éléphants aurait été attaqué et Franck Kessié, capitaine ô combien décevant aurait été blessé : faux, archifaux. Il n’en ait rien.


Mais le mal est profond. Les Éléphants de Côte d’Ivoire ont réussi une extraordinaire performance : celle de honnir un pays tout en entier en mondovision.



Des plus hauts dirigeants de la Fédération Ivoirienne de Foobtall jusqu’au aux joueurs, hormis l'énergique Oumar Diakité ou encore Seko Fofana, en passant par l’entraîneur, tous sont responsables à l’exception de Sébastien Haller. « Haller aussi depuis il est arrivé, il boit l’eau seulement ! » L’heure des comptes a sonné.



Dernière mise à jour : 20 nov. 2023

« On a été sérieux par moment mais on peut faire mieux voire 2 ou 3 buts de plus. On avait un message à faire passer. », a déclaré Serge Aurier qui faisait son retour brassard sur l’avant-bras.

À EBIMPÉ, LA CÔTE D'IVOIRE EST SEYCHELLES
Captain Aurier. ©️Tous droits réservés

Que le joueur de Nottingham Forest, où il évolue avec Willy Boly et Ibrahim Sangaré, tous deux titulaires ce soir dans un 3 – 5 – 2 inédit, se rassure le message est bien passé. Reçu 9/9 même !

Retour sur ce Côte d’Ivoire – Seychelles (9-0) comptant pour les éliminatoires de la coupe du Monde 2026.

À ÉBIMPÉ, LA CÔTE D’IVOIRE EST SEYCHELLES
À EBIMPÉ, LA CÔTE D'IVOIRE EST SEYCHELLES
C'est la Côte d'Ivoire qui gagne, largement. ©️Tous droits réservés

Grandissime favorite d’un groupe F, composé entre autres du Gabon, du Kenya et aussi du Burundi, la Côte d’Ivoire reçoit, sans certains de ses cadres, les redoutables Seychelles ; l’adversaire le plus faible du groupe. David contre Goliath vibes.

En ce début de week-end, où de grands adultes à force de faire payia, la fête, rejoindront mouvement des enfants. Azalakapinhou likes this.

Tandis que d’autres encore, caddie devant eux, avec enfant dans le siège, feront les courses contre la montre.

Le tableau d’affichage n’indique que la 12ème minute de jeu quand l’insaisissable Karim Konaté, enfin titulaire, bute sur le portier Seychellois Carlos Simeon, qui évolue quelque part en 7ème division anglaise.

Serein comme boutiquier qui dit y a pas monnaie, Sébastien Haller, et ses nouvelles tresses, transforme le pénalty : Côte d’Ivoire 1 – Seychelles 0.

Huit minutes plus tard, c’est au tour d’Ibrahim Sangaré qui placé en renard des surfaces reprend un ballon dévié, par Karim Konaté, sur corner : Côte d’Ivoire 2 – Seychelles 0.

De mémoire de supporter fan des Éléphants qui sont fans de donner goumin, chagrin, tu n’avais plus ça depuis des lustres. Pareil pour l’animation de jeu.

C’est dans un 3-5-2 nouveau que la Séléphanto évolue ; elle qui historiquement, au temps de la bande à Drogba notamment, privilégiait un 4 – 3 – 3 avec des ailiers souvent peu concernés par le repli défensif.

À EBIMPÉ, LA CÔTE D'IVOIRE EST SEYCHELLES
Une compo réussie. ©️Buildlineup

Ce soir, Jérémie Boga et Simon Adingra ont non seulement animé offensivement leur couloir respectif, permutant à souhait pour mieux déstabiliser l’adversaire francophone, mais ils sont aussi restés sur leur position d’Ivoirien vigilant. Surtout le second.



LE BUT D’ANTHOLOGIE DE SIMON ADINGRA
À EBIMPÉ, LA CÔTE D'IVOIRE EST SEYCHELLES
Étoile filante façon. ©️Tous droits réservés

Enthousiasmés par un spectacle de qualité, et ces vagues déferlantes que Simeon ne peut seul arrêter, les spectateurs du stade Ebimpé, et cette pelouse en bien meilleur état que lors de la rencontre Côte d’Ivoire/Mali arrêtée pour cause de pluie, avant que des internautes s’en donnent à cœur joie sur les réseaux, ne sont pas au bout de leur surprise.

36ème minute de jeu. Monté aux avant-postes, Seko Fofana décale Simon Adingra déjà très actif depuis le début de la rencontre.

L’ailier polyvalent continue sur sa lancée, fixe son vis-à-vis, réussit un dribble derrière la jambe droite avant d’envoyer une frappe du gauche vers les buts seychellois. Simeon s’incline pour la troisième fois de la soirée.

Et le stade exulte alors comme un seul douzième homme. Ebimpé est gâté, c’est gâté !

Pas encore la mi-temps et déjà la cerise sur le gâteau avec ce bijou, ce but d’anthologie de Simon Adingra.

La suite ? Un pénalty obtenu par Kessié mais qui le laisse à Karim Konaté pour l’occasion (4-0), en grand frère façon. À la mi-temps : les Éléphants de Côte d’Ivoire mènent les Seychelles (4-0).

UN NEUVIÈME ET DERNIER BUT POUR LA DÉROUTE
À EBIMPÉ, LA CÔTE D'IVOIRE EST SEYCHELLES
Toujours sortir quelques pas de danse, c'est mieux. ©️Tous droits réservés

Les Éléphants qui trompent énormément font mentir l’adage et repartent à l’abordage. Sans Sébastien Haller remplacé par Jean-Philippe Krasso, certainement pour le préserver pour le match contre la Gambie ce lundi 20 novembre à 16 heures GMT, après avoir s’être cogné la tête contre un adversaire. Plus de peur que mal.

Après plusieurs tentatives avortées, d’incursions sans conséquences dans la surface, la Côte d’Ivoire trouve le chemin des filets pour la 5ème fois.

60ème minute. Une deux Karim Konaté/Seko Fofana, le coéquipier de Cristiano Ronaldo, actif comme à son habitude, place le ballon hors de portée du portier adverse d’une frappe écrasée (5-0).

Et ce n’est pas fini. Rentré à la place de Frank Kessié, auteur d’un match appliqué et sérieux, Hamed Traoré, et ce numéro dix, frappé dans le dos, place le ballon d’un tir du droit. Au coin ! Côte d’Ivoire 6 – Seychelles 0.

C’est le premier de ses deux buts.

Oui, le nouvel entrant, après le but de Jean-Philippe Krasso, sur pénalty, en inscrit un second après un mauvais dégagement de Simeon : Côte d’Ivoire 8 – Seychelles 0.

Le dernier but est un cadeau offert sur un Plateau.

Plutôt que de marquer, Jean-Philippe Krasso préfère servir Karim Konaté qui pousse le ballon dans les buts vides. Côte d’Ivoire 9 – Seychelles 0 !

Ça y est : match est fini. Discours est fini. Palabre entre supporters et pelouse d’Ebimpé est terminé. Affaire d’absence de jeu et d’efficacité devant les buts est die. Et qu’importe si certains internautes font la fine bouche plutôt que se régaler devant cette performance historique.


À Ebimpé, la Côte est venue, a vaincu et a délivré un message : « On a été sérieux par moment mais on peut faire mieux voire 2 ou 3 buts de plus. On avait un message à faire passer. » Reçu 9/9.


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