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CAN 2023 : Spécial Côte d'Ivoire

« Tu bois quoi ? », demande ce pote qui sait pertinemment après toutes ces années à faire et refaire l’histoire à coups de scie ce que tu vas boire. Et pendant ce temps-là, toi aussi, tu fais semblant d’ignorer ce que tu vas prendre alors que tu connais le menu sur le bout des doigts et ces cocktails sur lesquels beaucoup Menthe.

Encore ivres de bonheur après leur miraculeux sacre continental éternel, les Éléphants de Côte d’Ivoire ont bu La Céleste de Marcelo Bielsa. Retour sur cette victoire au terme d’un match qu’ils ont dominé avant de se faire reprendre : 2 à 1.


LES ÉLÉPHANTS DE CÔTE D'IVOIRE BOIVENT (LA) CÉLESTE
La belle Seri continue après la CAN. Tous droits réservés
LES ÉLÉPHANTS SANS HALLER, NI NDICKA, NI FER DE LENS

Depuis que Tiéhi Joël, Roger Boli, ex-recordman du club du nombre de buts (20) marqués en une saison, depuis battu par Loïs Openda, mais aussi Aruna Dindane ont porté les couleurs Sang et Or, la réputation des footballeurs ivoiriens n’est plus à faire.



Encore plus depuis le passage du serial frappeur, et ces ballons finalement détournés : Seko Fofana.


Cette fois-ci, l’ex-fer de Lens n’est pas là mais il a quand même tenu, avec Franck Kessié, l’autre « vieux père » du milieu, a marqué sa présence en offrant des Rolex à leurs champions d’Afrique de coéquipiers. Classe.



Résultat : les Ivoiriens mettent les pendules à l’heure dès les premières minutes. Et il faut bien.


Il faut dire qu’en face, les coéquipiers de Federico Valverde, au premier rang desquels Manuel Ugarte, fidèles à eux-mêmes, font encore moins dans la dentelle qu’un Agent Provocateur. On se demande même si c’est un match de football ou un match de boxe.

À mesure que les débats physiques s’équilibrent, les Éléphants trompent leur adversaire. À l’image d’un Odilon Kossounou, associé en l’absence d’Evan Ndicka au flegmatique et  précieux Emmanuel Agbadou, dont la capacité à dépasser sa fonction de défenseur central est autant une bouffée d’oxygène qu’une bouffée de chaleur.

Unis, disciplinés et travailleurs, les Ivoiriens, répètent leurs gammes comme si c’était l’Abidjanaise.



Disposés en 4 – 1 – 4 – 1 avec Oumar Diakité notamment dans la position sacrificielle de l’avant-centre esseulé façon Olivier Giroud, en lieu et place de Sébastien Haller blessé, les hommes d’Emerse Faé, tout de noir vêtu, dominent.

Leur maîtrise du jeu, elle a été récompensée à la 9ème minute de jeu quand le centre de Wilfried Singo, meilleur joueur sur la pelouse de Félix-Bollaert, termine au fond des filets uruguayens. Il est finalement attribué à Mathías Olivera. Côte d’Ivoire 1 – Uruguay 0.


LES ÉLÉPHANTS DE CÔTE D'IVOIRE BOIVENT (LA) CÉLESTE
Wilfried, Singo d'or. Tous droits réservés

Dur sur l’homme et précieux techniquement, Wilfried Singo n’est pas le seul à tirer son épingle du jeu.


Titularisé en l’absence de Seko Fofana, Lazare Amani expose en mondovision, après son entrée marquante face à la République Démocratique du Congo, il y a quelques semaines seulement, sa capacité à redonner une seconde vie au ballon. Lazare likes this.


LES ÉLÉPHANTS BOIVENT (LA) CÉLESTE
Lazare Amani connaît ballon. Et c'est pas un débat. Tous droits réservés

Et pendant ce temps-là, peu avant la demi-heure de jeu, Jean Michael manque de poursuivre sa Seri de ballons perdus dangereusement ; après les épisodes 1 (quart de finale contre le Mali) et 2 (match amical contre le Bénin).

Si la domination territoriale saute aux yeux, ce n’est pas encore le cas au tableau d’affichage. Alors, Wilfred Singo, toujours lui, adresse un centre qui aurait été plus que parfait si Oumar Diakité, trop court, l’avait mise au fond. 38ème minute de jeu.

Côté uruguayen, très, très peu d’occasions. À l’image de cette tentative de Nicolás de la Cruz.

Mi-temps : Côte d’Ivoire 1 – Uruguay 0.

Et ce malgré le fait qu’en jouant parfois trop bas, cela ait compliqué la relance et la bonne lancée des fusées de devant.

L’URUGUAY RÉAGIT, LA CÔTE D’IVOIRE AUSSI

Peut-être que Marcelo Bielsa, avec sa glacière sur le côté pour aller à Grand-Bassam ou Assinie, leur a parlé, on ne sait pas.


LES ÉLÉPHANTS DE CÔTE D'IVOIRE BOIVENT (LA) CÉLESTE
Ils l'ont rendu fou. Tous droits réservés

Toujours est-il que la nouvelle composition de la Céleste pose problème aux Éléphants. Ils ont du mal à avaler ça.


Si les occasions se multiplient de part et d’autre, le score lui ne bouge pas. À l’image d’un Nicolas Pépé incapable de transformer une occasion de but (50ème minute).

Un quart d’heure plus tard, le meilleur joueur ivoirien de la CAN 2021, disputée chez la belle-famille camerounaise, sort. Il est remplacé par l’autre chouchou national avec Diakité : Simon Adingra.

Vu la nature des débats, on se demande si c’est une bonne idée, si certains adversaires ne vont pas trop lui chatouiller ses frêles jambes. Mais Emerse Faé sait ce qu’il fait. Surtout quand il s’agit d’apporter du sang neuf.

LA CÔTE D’IVOIRE EST DOUÉE, GUÉLA AUSSI

Le fameux changement décisif intervient après l’égalisation uruguayenne de Federico Viñas à la 77ème minute.

On joue la 83ème minute de jeu lorsque l’esseulé mais combatif Oumar Diakité cède sa place à Guela Doué ; dont le petit frère en a récemment collé deux lors d’un match amical face aux Éléphanteaux. Pour la petite histoire, le dernier attaquant binational à avoir brillé face aux U23 ivoiriens, c’était un certain Sébastien Haller ; auteur d’un triplé en 2016. Tu sais/on sait/nous savons comment l’histoire s’est terminée.


Son histoire à lui, Guela n’aurait pas pu mieux l’écrire.


84ème minute de jeu. Après un joli numéro d’Adingra qui a apporté plus que Nicolas Pépé et surtout Jonathan Bamba, en quelques temps seulement, la Côte d’Ivoire obtient un corner. Tiré par Adingra, le ballon semble se diriger vers le troisième poteau sans qu’il ne trouve preneur. Mais au duel avec un adversaire, Guela ne l’a perdu des yeux, a pris l’information avant d’exécuter une reprise du pied droit. Filet est plein !

Côte d’Ivoire 2 – Uruguay 1.

À peine sorti du terrain, Oumar Diakité refait surface sur la pelouse pour se mêler à la liesse.


LES ÉLÉPHANTS DE CÔTE D'IVOIRE BOIVENT (LA) CÉLESTE
Le groupe vit bien. Tous droits réservés

Les Ivoiriens sont contents, et nous aussi. Et ce n’est pas la petite embrouille où Manuel Ugarte et Odilon Kossounou ont un peu trop montré les muscles, au point d’être avertis qui y a changera quelque chose.


Après ses défaites contre l’Argentine 2 à 1, en 2006, pour le premier match de son histoire en Coupe du Monde, puis quatre ans contre le Brésil et ce 4 à 1, avec Didier Drogba qui devient le premier joueur africain à trouver le chemin des filets contre la Seleçāo en phase finale de Coupe du Monde. Ou encore la Coupe du Monde 2014, et la défaite 2 à 1, encore, face à la Colombie. 


C’est la première fois que la Côte d’Ivoire remporte une victoire face à une nation sud-américaine. Alors oui, tout n’a pas été parfait, particulièrement cette incapacité chronique à se mettre à l’abri rapidement, sans que le cœur fragile de supporters fasse des roukasskass, mais la victoire – de prestige, qui plus est – est au rendez-vous. De quoi avoir vite envie de répondre à la sempiternelle question : « Tu bois quoi ? »

« Céleste, s’il te plaît. »

 

« Ouais franchement c’était inespéré en début en match de poules. C’était très très compliqué. Après, on a joué le Sénégal, c’est très dur on a été cherché la qualif à la fin. Mali, ça a été dur : on était à dix mais on a été cherché la qualif. Et là, un match un peu plus maîtrisé, on va chercher la place dans notre, la finale de notre compétition de notre CAN. C’est un plaisir immense. […] », explique Emerse Faé, coach des Éléphants au micro de Lilian Gatounes.



Oui hier, aussi invraisemblable que cela puisse paraître la Côte d’Ivoire est allée chercher son billet pour sa CAN, celle de l’hospitalité. Là, voici maintenant, après toutes ces fois où elle a échappé à la mort, qui arrive à destination finale. Retour sur ce Côte d’Ivoire – Congo (1-0).



LA CÔTE D’IVOIRE : LES AILES OU RIEN

Jusqu’à la 90ème minute de jeu, le Nigeria, encore porté par un Victor Osimhen des grands soirs, pourtant diminué physiquement, avait déjà réservé avec ce second but sa place pour la finale de la CAN 2023, qui aura lieu le 11 février à 20 heures ; toujours dans le très décrié Ebimpé et ces kilomètres à pied qui usent, usent.



Mais c’était sans compter sur un énième plot twist, un nouveau rebondissement.

L’arbitre de la rencontre Omar Amine annule le but, revient sur une faute commise au début de l’action dans la surface nigériane. Pénalty transformé par Mokoena.


Finalement, les Super Eagles, l’emportent aux tirs au but grâce leur portier Stanley Nwabali qui remporte son duel à distance avec Ronwen Williams néorecordman de tirs au but stoppés dans une seule séance, avec ces quatre arrêtes face au Cap-Vert.



Certes, la Côte d’Ivoire a peut-être fourni les feuilles blanches A4 pour que le Nigeria écrive un scénario de qualification à l’ivoirienne. Mais, elle a conservé son stylo pour continuer à écrire son incroyable histoire depuis sa qualification obtenue via le Maroc.

LES NERFS ÉTAIENT TENDUS

Les Congolais, qui main sur la bouche pendant que l’autre était point sur leur tempe, ayant ainsi fini de dénoncer les atrocités commises à l’Est du pays, dominent le match d’entrée.

Sur la plupart des coups de pieds arrêtés qu’ils ont obtenus, les nerfs sont tendus. Particulièrement avec toutes ces réprimandes et autres mises en garde de M. Ibrahim Mutaz, l’arbitre libyen de la rencontre, qui pleuvent sur Charles Pickel. Dans son duel avec le monstrueux Evan Ndicka, le milieu de terrain congolais est souvent sermonné.


CAN 2023 : LA CÔTE D’IVOIRE ARRIVE À DESTINATION FINALE

Captain Mbemba tente de le calmer tant bien que mal.

C’est justement sur une phase arrêtée, un corner, que la République Démocratique du Congo, ou RDC, ouvre le score à la 9ème minute de jeu.

Mais suite à une faute de Meschack Elia sur Yahia Fofana, alors qu’il avait déjà le ballon dans les mains, le but est justement annulé. Première frayeur.

Les Congolais poursuivent leur domination territoriale jusqu’à ce que Simon Adingra décide de se réveiller.


SIMON ADINGRA SONNE LA RÉVOLTE
CAN 2023 : LA CÔTE D’IVOIRE ARRIVE À DESTINATION FINALE

Titularisé pour la première fois du tournoi, après avoir été longtemps blessé comme Sébastien Haller, l’ailier de 22 ans se crée la première occasion.

17ème minute de jeu. Willy Boly dépasse sa fonction de solide défenseur central, qui joue bas, pour trouver Max-Alain Gradel lequel remise aussitôt pour Wilfried Singo.


CAN 2023 : LA CÔTE D’IVOIRE ARRIVE À DESTINATION FINALE

Le latéral droit observe, prend l’information et fait apprécier sa qualité de centre en trouvant Simon Adingra. La tête de l’auteur du but égalisateur contre le Mali passe certes à côté mais le message lui est bien passé : Simon Adingra est bel et bien là.

Et le public ne manque pas d’accompagner chacune de ses accélérations/poussées.

Le Congo aussi pousse par deux fois. D’abord par Gaël Kakuta à la 19ème minute, l’ancien de Chelsea, puis par Wissa. De toutes les façons, en plus d’être hors-jeu, sa reprise avait été repoussée par Yahia Fofana à la 24ème minute.


Côté ivoirien, c’est par les ailes notamment le franc droit que les actions dangereuses viennent.


40ème minute : Wilfried Singo délivre une merveille de centre enroulé pour la tête chercheuse de Sébastien Haller. L’attaquant du Borussia Dortmund manque le cadre au grand dam du public.

À peine remis de cette énorme occasion, les spectateurs poussent encore un énorme cri de déception quand la puissante frappe du gauche d’un Kessié des grands soirs, élu homme du match par ailleurs, heurte violemment le poteau de Mpasi ; battu sur le coup. Wilfried Singo et Max-Alain Gradel étaient encore impliqués sur l’action. Côté droit quand tu nous tiens.

AVEC SÉBASTIEN, LA CÔTE D’IVOIRE HALLER D’ALLER MIEUX

Seconde mi-temps : on prend les mêmes et on recommence. Franck Kessié Wilfried Singo et surtout Max-Alain Gradel, in that order.


CAN 2023 : LA CÔTE D’IVOIRE ARRIVE À DESTINATION FINALE

59ème minute de jeu. Bien inspiré sur le coup, Franck Kessié profite d’un appel côté droit de Max-Alain Gradel pour déclencher une nouvelle frappe du gauche, à priori, son plus mauvais pied. Cette fois-ci, Mpasi est bel et bien sur la trajectoire. Mais ce n’est que partie remise.

Peu de temps après, Emerse Faé fait deux gros changements : Jean Michaël Seri, moins impressionnant depuis sa masterclass face au Sénégal, et surtout Seko Fofana, qui filera directement au vestiaire pour ruminer son remplacement et réviser son coup du marteau, sortent.



Ils sont respectivement remplacés par Lazare « Iniesta » Amani et Ibrahim Sangaré.

65ème minute de jeu. Récupération de Simon Adingra au milieu de terrain.

Faute de meilleures solutions, l’ailier de Brighton & Hove Albion remet en retrait pour Kessié lequel voit le départ de Wilfried Singo. Correctement servi, l’arrière droit polyvalent sert à son tour Max-Alain Gradel.

MAX-ALAIN GRADEL RETROUVE SES JAMBES DE VINGT ANS

CAN 2023 : LA CÔTE D’IVOIRE ARRIVE À DESTINATION FINALE

Maillot fourré, brassard de capitaine sur l’avant-bras, du haut de ses 36 ans, l’ancien joueur de Bournemouth, active « le mode Antonio Valencia » fixe puis dribble Masuaku. La reprise topée de Sébastien Haller lobe un Mpasi surpris, étonné d’être en face d’un garçon. L’humilité va nous dja.


CAN 2023 : LA CÔTE D’IVOIRE ARRIVE À DESTINATION FINALE

Côte d’Ivoire 1 – Congo 0. Le stade exulte après cet incroyable tir de l’Aigle.



Quelque six minutes plus tard, Sébastien Haller manque encore une fois de lober Mpasi. Sa frappe passe juste à côté.

Et pendant ce temps-là, Emerse Faé fait une petite liste de courses avant de la remettre à Ibrahim Sangaré, placé devant la défense tandis que Franck Kessié et surtout Lazare Amani s’en donnent à cœur joie au milieu de terrain.

LAZARE RÉSSUSCITÉ, LA CÔTE D’IVOIRE ARRIVE À DESTINATION FINALE

CAN 2023 : LA CÔTE D’IVOIRE ARRIVE À DESTINATION FINALE

Il n’y a avait que dans certains Space Twitter où il est difficile de se faire entendre que certains connaisseurs connaissaient l’existence et surtout les qualités de Jean-Thierry Lazare Amani ; milieu relayeur de l’Union Saint-Gilloise avant-hier depuis devenu : « l’Iniesta de Koumassi ».



Prises d’informations, puis de balle, mais aussi choix opportun ou encore une technique sûre et mielleuse, le frêle et petit milieu de terrain a montré pourquoi ils étaient quelques-uns, une poignée, un village d’irréductibles, à réclamer son apparition.

Hier, Lazare Amani a été ressuscité par un Emerse Faé qui multiplie les intelligents changements intéressants ; bien aidé par son adjoint Guy Demel. Dommage que Jean-Louis nous ait privés de ces délices.



Mais qu’importe puisque la Côte d’Ivoire arrive à destination finale, après avoir vaincu plus souvent la mort que tous les personnages de cette saga d’horreur réunis. Tous.



Rendez-vous ce dimanche 11 février à 20 heures GMT pour voir/vivre/apprécier le troisième sacre des Éléphants de Côte d’Ivoire ; emmenés par un entraîneur qui connaît si bien son groupe. Et qui surtout fait preuve d’humilité :

« Ouais franchement c’était inespéré en début en match de poules. C’était très, très compliqué. Après, on a joué le Sénégal, c’est très dur on a été cherché la qualif à la fin. Mali, ça a été dur : on était à dix mais on a été cherché la qualif. Et là, un match un peu plus maîtrisé, on va chercher la place dans notre, la finale de notre compétition de notre CAN. C’est un plaisir immense. […] »




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