top of page

CAN 2023 : Spécial Côte d'Ivoire

« […] L’égalisation ivoirienne de Simon Adingra, le prodige des Éléphants ! […] », hurle Lilian Gatounes dans le micro de Canal.

Nous sommes le 3 février 2024, jour de match, jour défaite, du Mali, mais surtout jour de naissance : celui de l’égalisateur Simon Adingra. Retour sur le jour où il est devenu le nouveau symbole de la Côte d’Ivoire qui plie mais ne rompt.

ET SIMON DEVINT LE NOUVEL ADINGRA DE LA CÔTE D’IVOIRE
L'amour du maillot.

PAS DE SIMON ADINGRA POUR DÉMARRER

Qu’on ne s’y trompe pas, ce Mali – Côte d’Ivoire est plus qu’un match, un simple quart de finale de CAN, plus qu’un derby.

Bien que les deux sélectionneurs, le natif d’Abidjan Éric Chelle et celui de Nantes, Emerse Faé, jouent l’apaisement, les récentes tensions diplomatico-militaires, et ces 49 militaires ivoiriens arrêtés sur le sol malien, en juillet 2022 avant d’être relâchés, en mai 2023, rendent la tâche compliquée.

LES NERFS SONT TENDUS

Et sur la verte pelouse du stade de la paix de Bouaké, rempli à ras bord, les nerfs sont tendus, les fautes sont légion. Particulièrement côté ivoirien.

Odilon Kossounou, lui seul, en fait deux. La première, Yahia Fofana l’a rattrapée en arrêtant le pénalty qu’il a provoqué (17ème minute). Sur la seconde malheureusement, personne n’y peut rien. Le longiligne défenseur, qui aime porter le ballon vers l’avant, est expulsé après un second avertissement (43ème minute).

ET SIMON DEVINT LE NOUVEL ADINGRA DE LA CÔTE D’IVOIRE
Par ici, la sortie.

Rien n’est jamais facile, ni aisé avec ces miraculés d’Éléphants de Côte d’Ivoire.  Et pendant qu’Emerse Faé multiplie les changements pour passer d’un 4 – 3 – 3 à 5 – 3 – 1, Simon Adingra, lui, observe depuis le banc de touche.

ET SIMON DEVINT LE NOUVEL ADINGRA DE LA CÔTE D’IVOIRE
Formation pour défendre, quand tu vois tu sais.

ET SIMON DEVINT LE NOUVEL ADINGRA DE LA CÔTE D’IVOIRE

Les différentes entrées de Wilfried Singo puis Sébastien Haller et Willy Boly apportent une certaine stabilité à une équipe qui coulisse, défend en bloc.

Mais, à force de colmater les brèches, il y a cette petite porte qu’on oublie de fermer à double tour. C’est par celle-ci que Nene Dorgeles, à qui certains excités de la Toile reprocheront plus tard d’être né…à Yopougon, se glisse.


L’ailier malien, qui était sur les tablettes de Manchester « FC Observation » United il y a quelques semaines de cela, efface Franck Kessié avant de nettoyer à la 71ème minute la lucarne de Yahia Fofana ; circonspect. Mali – Côte d’Ivoire : 1 – 0 ! 

Bamako explose de joie pendant quelques minutes.

SIMON A DIT ÇA NE SE PASSERA PAS COMME ÇA

Jusqu’à son entrée en jeu, en lieu et place de Jean Michael Seri, à la 86ème minute, Simon Adingra n’avait rien fait de remarquable, lors de 24ème édition de la CAN, au sens propre du terme. Ni passe décisive, ni de but.

Dans ces conditions, le filiforme ailier ivoirien ne pouvait faire pire : c’était déjà gâté. Comme on dit : « L’eau qui est versée on peut plus ramasser ! »


Les Maliens, il a fallu les ramasser à la petite cuillère quand le numéro 24 des Éléphants, avec ce ballon qui lui colle aux crampons, s’est pointé dans la surface, après avoir poursuivi son effort comme si Seko Fofana allait lui refaire la passe plutôt que shooter, a poussé le ballon relâché par le portier malien d’un pointu.

ET SIMON DEVINT LE NOUVEL ADINGRA DE LA CÔTE D’IVOIRE
Power pointe du pied.

Et Lillian Gatounes de s’égosiller, dans le vacarme du stade, le brouhaha national :

« […] L’égalisation ivoirienne de Simon Adingra, le prodige des Éléphants ! […] »

La Côte d’Ivoire a peut-être des Adinkra, ces figures visuelles porteuses de sens et de signification, qu’on se fait tatouer sur le poignet ou au « verso » du bras. Mais elle n’avait pas encore d’Adingra.

La suite, on la connaît. Oumar Diakité, la version plus extravertie du premier jeune buteur, sort des Maliens abasourdis et mauvais perdants.

Quelques jours plus tard, le natif de Yamoussoukro, lui, délivre la passe décisive à Sébastien Haller qui offre à la Côte d’Ivoire sa 3ème CAN, la plus belle.

Et le passeur décisif, lui, est élu meilleur joueur de la finale.


Depuis, la vie du héros national est tout sauf un long fleuve tranquille à Brighton.


LA CHRONIQUE DE BRIGHTON 

ET SIMON DEVINT LE NOUVEL ADINGRA DE LA CÔTE D’IVOIRE
Quand tu cherches à retrouver ton sourire d'antan.

Beaucoup trop souvent laissé sur le banc des remplaçants, le fin dribbleur suscite les convoitises ; malgré les deux buts seulement inscrits en championnat.

De nombreux clubs auraient pris des renseignements pour connaître les conditions d’une future acquisition de ses services, parmi lesquels Leipzig et l’Olympique de Marseille. Mais le remplaçant - sur 10 des 16 matchs qu’il a disputés en Premier League - aurait décliné.



Ce qui n’est pas le goût de certains internautes ivoiriens.



Peut-être qu’ils le voient trop haut, qu'il ne l'est en ce moment dans le creux de la vague, peut-être qu’ils aimeraient tout simplement revoir cet Adingra, meilleur joueur de la CAN 2023, briller à l’international. Comme ce 3 février 2024 où il a fait lâcher à Lilian Gatounes : « […] L’égalisation ivoirienne de Simon Adingra, le prodige des Éléphants ! […] »



 

Dernière mise à jour : 25 janv.

« […] On est déjà mort. On peut pas mourir deux fois, tu vois ? […] », répond Simon Adingra dans une interview post match accordée à beIN Sports.


Oui, avant ça, avant ces paroles d’évangile selon Saint-Simon, avant son égalisation à la 88ème minute de jeu, puis le but victorieux, au bout du bout de la seconde prolongation de l’autre pépite ivoirienne, Oumar Diakité, il y a eu un cataclysmique départ catastrophique qui aurait dû les enterrer morts-vivants.

Mais c’est sans compter le fait qu’ils possèdent depuis le début de la phase des matchs à élimination directe, et ce coup du marteau sur le Sénégal, le petit manuel de la résurrection. Retour sur ce Mali – Côte d’Ivoire et le second miracle ivoirien.

MALI – CÔTE D’IVOIRE : AU DEBUT DU FILM, LES MALIENS ETAIENT DJAOULI

12h20 GMT, premier klaxon de voiture de supporter – des heures plus tard, ils seront bien entendu, plus nombreux – que tu entends dans ta rue devenue pourtant passage obligé ; pour qui veut échapper aux embouteillages servis sur Deux-Plateaux. Ouais, même chauffeur de gros camion est humble ! À croire que tout le monde ou presque a reçu le mémo.



Depuis lundi, et sa qualification face au Sénégal, la Côte d’Ivoire, espérance terre d’hospitalité, organise une autre CAN dans sa propre CAN : celle de l’humilité.




Le mot d’ordre est étonnamment respecté par miracle. Ce n’est pas le premier miracle ivoirien qui a lieu dans ce pays.

Pour rappel, à partir de son indépendance, le 7 août 1960 donc, le pays alors dirigé par feu Félix Houphouët-Boigny connaît un boom économique avec une croissance qui aurait avoisiné les 7%.

Cette fois-ci, le chiffre 7 n’a été ni synonyme de chance, ni de stabilité. Bien au contraire.


LE CHIFFRE SEPT PORTE MALHEUR
LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

L’horloge du stade de la paix de Bouaké, vers lequel des dizaines de milliers de supporters ivoiriens pour la plupart ont fait la route, affiche seulement huit minutes de jeu quand Odilon Kossounou, pourtant l’un des meilleurs joueurs sur la pelouse de Yamoussoukro, lundi, dévie le ballon de la main sur une frappe malienne.

De longues tergiversations avant que M. Mohamed Adel, qui sera pris à partie en fin de match par des maliens déçus, ne refuse d’accorder un pénalty pour une position de hors-jeu. Odilon Kossounou et la Côte d’Ivoire l’ont échappée bel.

Enfin juste quelques minutes, le temps que le défenseur central aux intéressantes passes progressives, groggy, encore sous le coup de son intervention, perd l’équilibre et déséquilibre le remuant Lassine Sinayoko.


PREMIER MIRACLE IVOIRIEN

Cette fois-ci, M. Mohamed Adel porte aussitôt son sifflet à la bouche pour désigner le point de pénalty.

La Côte d’Ivoire ne pouvait pas on ne peut plus mal commencer. C’est Adama Noss Traoré, milieu de terrain de Hull, qui se présente devant Yahia Fofana. Le portier ivoirien plonge du beau côté et détourne le pénalty. Et le stade d’exulter. Premier miracle ivoirien : allons avec ça.


Mais il était dit que rien ni personne ne leur faciliterait la tâche. À commencer par Odilon Kossounou, again. Loin de toi, l’idée de vouloir l’accabler, mais force est de constater que le jeune défenseur ivoirien, promis à un brillant avenir, a commis énormément d’erreurs. D’ailleurs, il s’est fendu d’un communiqué d’excuses, en noir en blanc, toujours, à la fin de ce match de folie. Il y a certaines choses qui ne changent – hélas – pas.


44ème minute de jeu. Sur un ballon perdu par Jean Michaël Seri, moins impérial que face aux Lions de la Teranga, Odilon Kossounou fait faute sur l’intenable Lassine Sinayoko. Carton rouge.


La Côte d’Ivoire est réduite à dix, subie beaucoup de fautes (Le Mali en aurait fait 21 au total, selon nos informations.) et n’a eu à ce moment-là aucune occasion de jeu. Le tout frais coach des Éléphants, à qui ils ont bien failli préférer Hervé Renard, fait un premier changement intéressant.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Sacrifié sur l’autel du collectif, Nicolas Pépé sort ; remplacé par Wilfried Singo.


Mi-temps : Mali 1 – Côte d’Ivoire 0. Tu as l’impression de revivre le match contre la Guinée équatoriale, les buts en moins. Une incroyable forme d’apathie, comme si l’enjeu les paralysait.


LE MIRACLE IVOIRIEN EN MARCHE

Si certains spectateurs en profitent pour se désaltérer, reprendre forces physiques et mentales pour la suite, d’autres spectateurs encore, dans des Space Twitter, sorte d’agoras 2.0, lancent flammes et roquettes pour pulvériser certains joueurs à commencer par Serge Aurier. Coupable selon eux de ne pas être au (haut) niveau de la rencontre.


Peut-être qu’il les a écoutés, peut-être qu’il les a entendus mais Emerse Fae remplace Captain Aurier par Willy Boly et Christian Kouamé, qui semblait sortir de son match à coups de petites embrouilles avec certains maliens, par Sébastien Haller.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Le plan de jeu est alors simple. Constituer un bloc équipe avec un passage à trois derrière et un avant-centre, capable physiquement et tactiquement de garder le ballon. Chose inédite – s’il en fallait une encore : Max-Alain Gradel passe d’ailier gauche à arrière droit.


NENE DORGELES OU LA COTE D’IVOIRE QUI MARQUE CONTRE SON CAMP

Côté malien, Eric Chelle, qui connaîtra un baptême de feu littéralement, conserve les mêmes acteurs qui pour le moment réalisent le coup parfait.


À l’image de Kamory Doumbia qui se promène entre les lignes on dirait l’homme qui cherche nouveau téléphone à Adjamé. L’autre joueur qui s’illustre est Nene Dorgeles.


Rentré quelques minutes auparavant en lieu et place d’Adama Noss Traoré, auteur du pénalty raté, le coéquipier de Karim Konaté à Salzbourg signe son entrée de la plus belle manière.

Exilé sur le flanc gauche, le jeune attaquant de 21 ans fixe Franck Kessié.


À défendre corps et âme, le milieu de terrain ivoirien, désormais capitaine, n'est plus en mesure de défendre correctement avec tous ces duels remportés.



Lancé et donc plus mobile, Nene Dorgeles dribble méchamment le numéro 8 ivoirien, oubliant même de lui proposer un tabouret lorsqu’il tombe à terre. Puis, il poursuit sa course dans l’axe ivoirien déserté, arme sa frappe et décoche un tir qui finit dans la lucarne de Yahia Fofana ; qui l’a accompagné des yeux.


Réduite à dix, la Côte d’Ivoire encaisse le premier but de ce quart de finale entre voisins à la 71ème minute de jeu.

Fou de joie, d’avoir marqué un but peut-être décisif, en quart de finale de la CAN, Nene Dorgeles entame une course folle pour célébrer avant de stopper net.

Sans doute a-t-il écouté la petite voix qui lui a rappelé qu’il était né… à Yopougon.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Les mains en l’air, il rebrousse même chemin, entouré par ses coéquipiers ivres de bonheur. Mali 1 – Côte d’Ivoire 0.


UNE SOLUTION DEUX EN UN

Loin d’être totalement abattu, Emerse Faé conserve son organisation mais modifie son animation.

Ainsi Max-Alain Gradel cantonné dans son rôle de vrai faux arrière droit. Et c’est Oumar Diakité qui récupère le couloir.

Et quelques plus tard, à la 85ème minute, Jean Michael Seri sort et c’est Simon Adingra qui entre.


Comme l’entrée de Kessié face au Sénégal, ce double changement s’avère payant.


LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE UN SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Les smartphones allumés par des fans mobilisés n’ayant pu allumer l’étincelle, le Mali ayant renforcé son verrou défensif, pensant avoir fait le plus dur, tous les éléments sont ainsi réunis pour que la Côte d’Ivoire commence sa remontada.

90ème minute de jeu. Côté droit, Simon Adingra se lance dans un numéro de soliste, pénètre dans la surface avant de décaler aux abords de la surface Seko Fofana. Il connaît la qualité de sa frappe de balle mais c’est aussi que parfois le milieu de terrain manque le cadre alors mieux vaut suivre. Sait-on jamais sur un malentendu, il peut, il va ramener son équipe à la vie en se jetant sur le ballon ; entre deux défenseurs maliens. C’est gâté dans le stade, dans ce quartier où des cris de joie résonnent derrière les murs recouverts de peinture et de prières. Dieu les a apparemment entendues.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Sinon comment est-ce qu’à 10 contre 11, au bout du temps réglementaire, la Côte d’Ivoire soit encore revenue d’entre les morts ? Comment ?

Mais ce n’est pas fini. Le meilleur est pour la fin, littéralement.

Mais avant ça, la position sacrificielle de Sébastien Haller lui permet de s’élever dans les airs au moment opportun, la 95ème minute de jeu. Mais la barre transversale refuse de faire chavirer de bonheur le stade, la Côte d’Ivoire. L'Abidjanaise qui retenti de le stade achève de les rebooster.



Entre alors en scène le wourou wourou, l’agité de service : Oumar Diakité.

Plus brouillon qu’une feuille intercalée au milieu d’une feuille double à grands carreaux, le jeune homme de 21 ans seulement réalise le plus grand exploit de sa jeune carrière.

120ème minute de jeu. Les derniers supporters, dont le souffle n’est pas encore totalement coupé, espèrent que ce coup de pied arrêté soit décisif.

Mal repoussé par l’arrière-garde malienne passée à cinq, le ballon revient sur… Seko Fofana qui ne se pose pas de questions et reprend le ballon. Celui-ci traverse une forêt de jambes avant d’être dévié dans les buts adverses par Oumar Diakité.



Seko Fofana se glisse sur la verte pelouse pour célébrer.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Et pendant ce temps-là, Oumar Diakité, auteur du but libérateur et homme du match, court, poursuivi par ses coéquipiers au premier rang desquels Wilfried Singo. Dans ce moment de folie, le défenseur polyvalent est suffisamment lucide pour tenter d’empêcher le buteur averti au préalable de retirer son maillot et être sanctionné.



Trop tard. Oumar Diakité l’a déjà retiré et sera donc suspendu pour la demi-finale contre le Congo ; mercredi 7 février 2024 à Ebimpé. Mais qui, qui peut honnêtement lui en vouloir ? Personne, surtout pas toi.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Quant aux maliens qui se sont rués vers l’arbitre, ceux qui pleurent sur les réseaux sociaux, criant au vol, ils ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes. Ils ont arrêté de jouer, après avoir ouvert le score… comme contre le Sénégal.



Alors que : « Découragement n’est pas ivoirien ! » Et que Dieu lui le soit… ivoirien.



Un peu moins de 24 heures plus tard, deux cafés dans le sang, une voix à peine retrouvée, tu ignores encore comment la Côte d’Ivoire a réalisé ce second miracle ivoirien. Il n’y a que Simon Adingra qui semble avoir une explication plausible : « […] On est déjà mort. On ne peut pas mourir deux fois, tu vois ? […] »




Dernière mise à jour : 14 sept. 2023

« Tchê, il pleut ! Je veux plus venir ! », disent souvent ces gens en sucre qui ont peur dès qu’il pleut un peu/beaucoup/intensément sur Abidjan.

LES ÉLÉPHANTS NE DÉPASSENT PAS LE STADE DE LA PLUIE
À ce stade, tout était déjà Ebimpé. ©Tous droits réservés

Hier, en première partie de soirée, il a plu sur Abidjan et ses environs. N’eut été l’annulation du match Côte d’Ivoire – Mali parce que la pelouse du stade olympique d’Ebimpé, qui a été offert par la Chine, était gorgée d’eau, et donc impraticable, l’information n’aurait pas fait la Une. Retour sur une soirée eau combien mémorable.

LES ÉLÉPHANTS ACCUEILLENT LES AIGLES

LES ÉLÉPHANTS NE DÉPASSENT PAS LE STADE DE LA PLUIE
Une rencontre au sommet de la chaîne alimentaire. ©YouTube

La dernière fois que la Côte d’Ivoire et le Mali ont joué l’un contre l’autre, c’était en 2019 et ce 8ème de finale victorieux grâce à un but de l’éternel insatisfait Wilfried Zaha ; récemment transféré à Galatasaray après avoir été annoncé un peu partout y compris au Paris Saint-Germain.

Hier, mardi 12 septembre 2023, pas de Zaha, ni de Nicolas Pépé, lui aussi transféré il y a peu en Turquie. Et cela s’est ressenti dans l’incapacité des ivoiriens à créer du danger, produire du jeu, à défaut d’un beau jeu.



PEU IMPORTE LE STADE, TOUJOURS LES MÊMES PROBLÈMES
LES ÉLÉPHANTS NE DÉPASSENT PAS LE STADE DE LA PLUIE
La VAR, épisode 1. ©Capture d'écran/Twitter

Avant même que la pluie ne fasse plus de bruit que le 12ème homme, au premier rang desquels de nombreuses personnalités publiques, instagrameuses et autres stars du web figuraient, la Côte d’Ivoire a peiné à briller. Et pourtant, Gadji Céli, ancien capitaine des Éléphants victorieux de la CAN 1992 et chanteur exilé rentré depuis peu, avait enfilé son plus beau costume bleu clinquant pour donner le coup d’envoi aux côtés de Yaya Touré, Serey Dié et Tiéné « Chico » Siaka.


Mais, les Ivoiriens étaient bleu dedans, ils n’ont rien vu.

Après cette première éclaircie, dans le ciel étoilé d’Anyama, situé à une vingtaine de kilomètres au nord d’Abidjan, il a fallu se contenter de deux actions dangereuses : l’une côté ivoirien et l’autre côté malien.

Bien servi par Hamed Traoré, aligné aux côtés de Franck Kessié et Ibrahim Sangaré, tous les deux aux abonnés absents, Sébastien Haller décide de la jouer fine, en touchant légèrement le ballon qui s’écrase sur le montant malien.

Quelques minutes plus tard, Bissouma, annoncé comme la principale attraction des Aigles du Mali, dépose un petit ballon piqué dans la surface qui finit par être mal exploité. Le tableau affiche une poignée de minutes en cette fin de 1ère période quand la pluie se met à tomber. C’est le début de l’autre match.

PLUIE DE COMMENTAIRES ET DE REPROCHES
LES ÉLÉPHANTS NE DÉPASSENT PAS LE STADE DE LA PLUIE
Eau secours. Il pleut ! ©Tous droits réservés

Pour une enceinte de 60 000 places qui a coûté la modique somme de 219 millions d’euros puis 30 millions en plus pour cause rénovation, avec cette pelouse mi-artificielle, mi-hybride, le stade olympique d’Ebimpé ne tient pas la route, ou plutôt ne tient pas la pelouse. Oh honte !

Gorgée d’eau, elle est devenue très rapidement impraticable et ce malgré les tests des arbitres qui ont tenté de faire rouler le ballon à plusieurs reprises, dans les surfaces de réparation avant de s’en rendre compte, devant des spectateurs partis depuis et des téléspectateurs ébahis, que cela été Mission Impossible. Même Ethan Hunt aurait été incapable de régler le problème !

Cette verte pelouse, on aurait dit ces caniveaux remplis d’immondices et de pisse qui débordent dès qu’il pleut un peu/beaucoup/intensément en Côte d’Ivoire. Pour rappel, la CAN 2023 devait initialement avoir lieu en juin et juillet 2023, soit en pleine saison des pluies, avant que le bon sens ne finisse par l’emporter. Elle aura finalement lieu du 13 janvier au 11 février prochain.

« Mais d’ici là, il faudra sérieusement se pencher sur cette pelouse, qui avait déjà été critiquée à juste titre par un certain Philippe Doucet : « Tant qu’on fer un objet politique ou de fierté nationale d’un stade ou d’une pelouse, on ne considéra jamais objectivement les choses et on ne travaillera jamais correctement. Tant pis pour vous si vous croyez que Ebimpé est du "bon travail"… », répondant à un internaute zélé.


LES ÉLÉPHANTS NE DÉPASSENT PAS LE STADE DE LA PLUIE
La VAR, épisode final. ©Capture d'écran/Twitter

Dans un pays où la réalisation de gros travaux publics est plébiscitée, encensée, photographiée, rares sont ceux qui ont cru à ce que le journaliste français disait. Mais la VAR est passée par là et depuis ce sont des commentaires le plus souvent teintés d’humour qui pleuvent sur les réseaux sociaux et Twitter en particulier.


LES ÉLÉPHANTS NE DÉPASSENT PAS LE STADE DE LA PLUIE
Morceau choisi, épisode 1. ©Capture d'écran/Twitter

LES ÉLÉPHANTS NE DÉPASSENT PAS LE STADE DE LA PLUIE
Morceau choisi, épisode 2. ©Capture d'écran/Twitter

LES ÉLÉPHANTS NE DÉPASSENT PAS LE STADE DE LA PLUIE
Punchline. ©Capture d'écran/Twitter

LES OISEAUX DE MÊME PLUMAGE VOLENT ENSEMBLE

Pour information, en 2018, le Paris Saint-Germain a remis en état la pelouse de son Parc des Princes. Montant de l’opération : 600 000 euros.

Pour Ebimpé, Ils ont dépensé 30 millions d’euros ; soit 50 fois la somme. CQFD.

Autre élément, toujours à propos de ce stade parisien, Jonathan Calderwood, jardinier du club depuis une bonne demi-dizaine d’années, a recours aux services de trois buses de Harris, pour empêcher les oiseaux de détériorer la pelouse. Ce n’est pas pour rien que le Parc des Princes est considéré comme la meilleure pelouse de Ligue 1.

À croire que l’herbe est parfois plus verte chez le voisin.

À QUEL STADE EST EBIMPÉ ?

Peu importent les sanctions qui seront peut-être prises, si tant est qu’il y en aura, peu importe le suivi d’éventuelles procédures judiciaires même. Le mal est déjà fait. Le stade olympique d’Ebimpé n’est pas prêt à accueillir dans cet état là un match de la CAN 2023 qui démarre dans 122 jours pour être précis. Non, non !

Imagine aussi un seul instant qu’un célèbre opérateur mobile ou une compagnie d’assurances aient donné leur nom, contre une somme sonnante et trébuchante, à ce stade. L’état d’avancement des travaux aurait certainement été mieux suivi.

Face à ce stade de mauvaises réalisations, entassées les unes sur les autres, ce système de drainage défaillant, comment auraient-ils réagi ? Auraient-ils rompu leur contrat sur le champ pour atteinte à l’image de marque ? On ne le saura jamais puisque le naming d’enceintes sportives en Afrique n’est pas à la mode contrairement au Vieux Continent, avec son Allianz Arena à Munich, Emirates Stadium à Londres, etc.

Ebimpé aura cependant réussi deux choses. La première c’est d’être parfaitement à l’image de ces constructions hors normes le plus souvent réalisées sans permis. 80% des immeubles seraient construits sans permis à Abidjan selon Jeune Afrique.

La seconde, moins visible à l’œil nu, mais peut-être plus importante c’est d’avoir fait oublier que les Éléphants, sans idées, sans défense peu rassurante hier, ne sont pas prêts. Et pendant ce temps-là, le Cameroun, lui, s’est qualifié à son tour. La prochaine Coupe d’Afrique des Nations promet animée, beaucoup plus qu’une discussion qui démarre par : « Tchê, il pleut ! Je veux plus venir ! »








bottom of page