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CAN 2023 : Spécial Côte d'Ivoire

« Il est là ! », crient en chœur ces membres d’une famille sapée comme jamais pour accueillir l’enfant prodigue de retour.

Que ce soit une fille ou un garçon, ils restent souvent bouche bée, tout simplement incapables d’analyser/décortiquer/noter la tenue de ces proches souvent beaucoup mieux habillés qu’eux. Idem pour ceux qui accompagnent les voyageurs, ceux et celles qui repartent avec les valises de 23 kilos chacune, remplies de boule d’attiéké et de souvenirs.

Un jour peut-être, tu sauras, tu sauras pourquoi et comment pareille Fashion Week est organisée en plein aéroport Félix Houphouët-Boigny ; au milieu de ces fils et filles du pays qui rentrent. Il suffit parfois que des parents déçus les voient pour tout oublier, tout pardonner.

Ce soir, lorsque des supporters camerounais, qui pour certains auront mis la lumière sur le scandale des agressions sexuelles, qui secouent actuellement le Cameroun et la Toile d’Afrique francophone, verront Vincent Aboubakar, annoncé forfait pour la CAN 2023 mais finalement présent, enfiler la verte tenue du Cameroun pour affronter les Super Eagles du Nigeria, ils oublieront toute la souffrance ou presque. Gros plan sur le retour du fils prodigue.


NIGERIA - CAMEROUN : VINCENT ABOUBAKAR, LE RETOUR DU FILS PRODIGUE
Mola, ça y est dans ta main. ©️Tous droits réservés

SANS VINCENT ABOUBAKAR, LE CAMEROUN A EU ÉNORMÉMENT DE MAL

Dire que le Cameroun a peiné pour obtenir sa qualification est un doux euphémisme. Face aux Gambiens contre lesquels Seko Fofana avait inscrit un another banger, les Lions Indomptables ont souffert et surtout ont pu compter sur les nombreuses parades décisives de Vincent Ondoa ; que Song a justement préféré à Andre Onana aka Monsieur jet privé.

C’est un miracle que le portier remplaçant ait gardé ses cages inviolées.

C’est un miracle encore mais cette fois-ci pour les Gambiens que la frappe du gauche de Georges-Kévin Nkoudou se soit écrasée sur la barre en seconde mi-temps ; à la 49ème minute de jeu pour être précis.

Quelques minutes plus tard seulement Karl Toko-Ekambi, installateur de climatiseur sur le sol algérien, et uniquement là-bas, à ses heures perdues, ouvre le score. C’est le début d’un chassé-croisé entre les Gambiens et les Camerounais.

Par deux fois, les Scorpions, surnom de l’équipe nationale gambienne, font la différence et mènent 2 à 1.



UN VOLTE FACE SIGNÉ WOOH

Le miracle arrive par deux fois, d’abord sur un contre son camp gambien mais surtout sur une tête de Christopher Wooh. Le genre de volte-face que même le père John Woo n’aurait pas imaginé. Gambie 2 – Cameroun 3.



Ce match est un juste rappel que le football se joue à 11 contre 11. Et à la fin, c’est le Cameroun qui gagne.

 

C’est dans ce groupe-là, avec lequel Samuel Eto'o a pleuré à la fin du match, que Vincent Aboubakar a récemment fait son retour.

 


VINCENT ABOUBAKAR, UNE SAISON AU PURGATOIRE

NIGERIA - CAMEROUN : VINCENT ABOUBAKAR, LE RETOUR DU FILS PRODIGUE

Dire que la saison de Vincent Aboubakar a été de tout repos est un second euphémisme.

Contraint de quitter l’Arabie Saoudite et Al-Nassr, suite entre autres à l’arrivée d’un certain Cristiano Ronaldo, le meilleur buteur de la CAN 2021, avec huit réalisations, a signé dans un club où il avait déjà évolué plusieurs : le Besiktas Istanbul. Nous sommes en janvier 2023 et le goleador comme à son habitude inscrit un de ses buts qui fait le tour du monde.



TÊTE DE TURC

Mais l’histoire tourne mal par la suite surtout quand le club stambouliote annonce la suspension de cinq joueurs de l’équipe première parmi lesquels figurent : Valentin Rosier, Rachid Ghezzal, mais aussi Jean Onana, Eric Bailly et Vincent Aboubakar. Le motif mis en avant est celui de « l’incompatibilité avec l’équipe ».

Pour d’autres, il faut chercher des poux dans les cheveux qu’il a refaits.



Telle une permanente, la rumeur enfle. Voici donc le natif de Yaoundé obligé de la démentir :

« Je n’ai eu aucun traitement cette saison. Je me suis fait faire les cheveux en été, après la fin de la saison dernière et avant le début de la pré-saison. »

Ce n’est que la seconde polémique à laquelle il sera mêlé ; après sa célébration couillue devant l’entraîneur du Dynamo Kiev qui avait affronté « une sélection africaine », plutôt que Besiktas.



Ce n’est pas la première fois que Vincent Aboubakar l’ouvre et/ou ferme des clapets.

 

ABOUCHOUCHOU, LE CHOUCHOU DES CAMEROUNAIS


Si Vincent Aboubakar, Abouchouchou, de retour de blessure donc, est autant le chouchou des fans camerounais, c’est d’abord parce qu’il marque. Et souvent dans les rencontres de prestige, il y a eu pêle-mêle : 

- l’enchaînement victorieux, amorti de la poitrine puis reprise de volée, lors de la finale de la CAN 2017,



- l’audacieux lob astucieux lors du deuxième match de poule du groupe G face à la Serbie,



- ou encore, le but victorieux lors de la victoire de prestige face au Brésil, bis certes, mais Brésil quand même. Avant d'être expulsé pour un second carton jaune.



Quand il ne parle pas avec ses pieds, le trentenaire passionné d’écriture et de métaphysique le fait avec sa bouche. Et personne n’est à l’abri, pas même ses coéquipiers.

 

Ce soir face au Nigeria de Victor Osimhen, sorti deuxième du groupe A, celui d’où la Côte d’Ivoire est sortie miraculeusement, Rigobert Song, dont les jours sont à priori comptés, mais aussi Captain Zambo Anguissa et tous les autres compteront sur lui : le fils prodigue. Celui dont la seule présence illumine les visages de ceux qui à la bouche ont les mots suivants : « Il est là ! »




 

Maintenant que la déception, vraie fausse gueule de bois est passée, enfin presque, après l’analyse du match, place à celle des performances individuelles de nos chers et tendres Éléphants préférés. Pour les notes, c’est par ici.


CÔTE D’IVOIRE – NIGERIA : DES ÉLÉPHANTS SANS DÉFENSE

Yahia Fofana : est-ce qu’il aurait pu arrêter le pénalty ? Oui. Est-ce qu’il y a des Blancs en Côte d’Ivoire ? Oui.

En résumé, c’est pas parce que quelque chose est évident que ça doit être crié sur tous les toits, en guise de reproche. Il a fait ce qu’il a pu. Ni plus, ni moins. Note : 10,5/20.


Serge Aurier : mieux Jean-Louis Gasset le laisse sur le banc des remplaçants au prochain match. Parce qu’à cette allure-là, plus personne ne va se battre pour réclamer l’héritage du champion d’Afrique 2015. Remplacé par Wilfried Singo, qu’il aurait mieux fallu titulariser d'emblée. Note : 7/20.




Ousmane Diomandé : le jeune défenseur ivoirien a pris d’abord pris la mesure de Victor Osimhen avant de se retourner contre lui, façon ourlet défait. Même ton couturier ne l’avait pas vu venir celle-là. Note : 8 /20.


Evan Ndicka : l’autre défenseur central ivoirien a lui aussi été à la peine certes mais moins que son coéquipier. N’eut été le manque de puissance et surtout de précision dans sa frappe, il aurait même pu marquer. Note : 8,5/20.


Ghislain Konan : la légende raconte que c’est Cristiano Ronaldo lui-même qui aurait lui-même demandé son départ d’Al-Nassr pour Al-Fayha. Tu vas finir par y croire. Remplacé par Oumar Diakité, à la 80ème minute de jeu, qui a montré plus de choses que lui en dix minutes. Note : 7/20.


DONNEZ LE BALLON D’OR À SEKO !

CÔTE D’IVOIRE – NIGERIA : LES NOTES DES ÉLÉPHANTS

 

Ibrahim Sangaré : c’est bien la dernière personne que tu voyais peiner sur le terrain après son match tout en effort et en maîtrise face à la Guinée-Bissau. Tu es déçu oh. Note : 7,5/20.



 

Franck Kessié : rarement là où il est attendu, loin des buts adverses où sa frappe pourrait éventuellement faire la différence. Applaudissez pour le champion d’Afrique de cache-cache toutes catégories confondues. Note : 7/20.


Seko Fofana : si Seko termine Ballon d’Or, devant Jude Bellingham, ça va pas t’étonner. Vu comment Messi a décroché un énième titre individuel, celui du meilleur joueur de l'année, sans qu’on sache le pourquoi du comment. Note : 13/20.


CÔTE D’IVOIRE – NIGERIA : LES NOTES DES ÉLÉPHANTS

ATTAQUANT QUI MARQUE PAS CAN TU VOIS TU SAIS

Christian Kouamé : le seul des trois attaquants qui aura eu le mérite de tenter des choses. Pas toujours adroit mais au moins il a tenté. Remplacé par Jonathan Bamba. Fin de la transmission. Note : 10,5/20.


Jean-Philippe Krasso : le véritable exploit de Jean-Philippe Krasso est d’avoir enfilé le même numéro que Didier Drogba. Courage ça là, même brouteur n’a pas encore osé. Note : 7/20.


Jérémie Boga : poisson perdu comme anchois dans salade, plus cuit (physiquement) que des œufs bouillis puis tranchés en deux, manque de jus, etc. Ce n’est la plus belle salade que le Niçois ait composée. Remplacé par Nicolas Pépé, qui n’a pas pu activer le mode Robben de Koumassi. Note : 7/20.



« On mange hein ! », dit-on par politesse en Côte d’Ivoire quand vient l’heure de passer à table. La seule et unique réponse valable, retour de politesse oblige, c’est un non poli mais ferme.

Hier dans ce stade Ebimpé, où près de 47 000 âmes étaient présentes, la Côte d’Ivoire a invité le Nigeria à sa table. Ces derniers ayant faim de victoires, après leur match nul contre la Guinée-Équatoriale, vainqueur de la Guinée-Bissau (4-2), ont d’abord poliment refusé avant de profiter des largesses de la défense ivoirienne. Retour sur ce Côte d’Ivoire – Nigeria.


CAN 2023 : LA CÔTE D'IVOIRE OFFRE LE BUT ET LE COUVERT AU NIGERIA

PREMIER CHOC DANS TOUS LES SENS DU TERME

C’est dans leur éternel 4 – 3 – 3 que les coéquipiers de Serge Aurier, titularisé d’emblée, avec le brassard sur l’avant-bras gauche, que les Éléphants de Côte d’Ivoire affrontent le Nigeria de Victor Osimhen. Attention, l'adversaire est anglophone.



Les Super Eagles sont disposés en bloc-équipe qui n’hésite pas à laisser le Ballon d’or africain seul devant comme un grand.

Et c’est ainsi, comme un grand qu’il se procure la première grosse occasion du match à la 7ème minute de jeu ; avec un tir qui passe au-dessus des buts gardés par Yahia Fofana.

Aussitôt, dans la foulée, Christian Kouamé, l’autre nouvel entrant dans le onze de départ concocté par Jean-Louis Gasset, manque de réussir à exploiter une erreur nigériane.

La stratégie du Nigeria est claire, nette et précise : apporter le danger dans le camp adverse, le plus rapidement possible. Pour le style Guardiolesque, faudra repasser.

Côté ivoirien, nul n’est censé ignorer que l’équipe n’a toujours pas de style de jeu. Ni pressing à outrance, ni jeu de possession, rien de tout cela. Cela ne l’empêche de se procurer quelques occasions.


15ème minute de jeu. Sur un long ballon de Seko Fofana, Christian Kouamé remet le ballon dans l’axe mais la reprise du coéquipier de Lukaku, Evan Ndicka est trop écrasée.

Et pendant ce temps-là, son jeune compère de la défense, Ousmane Diomandé, lui, montre que c’est garçon dans son duel d’homme à homme avec Victor Osimhen.

30ème minute de jeu. Seko Fofana, encore lui, tente une frappe lointaine que Nwabali repousse. Christian Kouamé préfère contrôler plutôt que de reprendre directement. Le Nigeria s’en sort bien.

L’ÉTRANGE CAS DE SERGE AURIER

Bien s’en sortir, ça n’a absolument pas été le cas de Serge Aurier.

Dire que l’arrière droit, apparemment pas à 100%, a été malmené par tantôt Chukwueze, tantôt Lookman, est un euphémisme. Pourquoi diable a-t-il été titularisé s’il était déjà incertain avant la rencontre ?



L’autre mystère, c’est le rôle des ailiers. Leur apport a été tellement insignifiant surtout celui de Jérémie Boga. Le niçois qui avait montré des choses intéressantes lors du premier match, avec ses accélérations déclenchant les hourras du public, a été méconnaissable hier. Pas de Boga Bonito.



Mi-temps : Côte d’Ivoire 0 – Nigéria 0.


OSIMHEN LA JOUE COMME INZAGHI

La position sacrificielle que Victor Osimhen a choisie et assumée est à montrer dans les écoles de la vie ; pour les apprentis débrouillards à jamais.



Protection de balle, jeu de corps, mais aussi pressing et encouragement, etc. Tout a été bon sauf cette 50ème minute et la roublardise dont il a fait preuve.

Au duel avec Ousmane Diomandé, le numéro 9 nigérian la joue comme Inzaghi et provoque un pénalty douteux que Troost-Ekong transforme en force.


CAN 2023 : LA CÔTE D'IVOIRE OFFRE LE BUT ET LE COUVERT AU NIGERIA


Le Nigeria ouvre le score. À la fin du match, Didier Drogba fera gentiment part à Victor Osimhen de son ressenti sur l’action litigieuse.



Plutôt que de réagir, la Côte d’Ivoire se révolte avec autant de force qu’un Bounty. Les Révoltés du Bounty sont étonnés.


Et c’est justement ça le problème. Le plus révoltant, c’est que justement, il n’y ait aucune révolte. Aucune. Comme si les Éléphants avaient oublié qu’ils représentaient le pays hôte, le pays de l’hospitalité.

 

SEKO FOFANA, L’ÉLÉPHANT QUI CACHE LA FORÊT

CAN 2023 : LA CÔTE D'IVOIRE OFFRE LE BUT ET LE COUVERT AU NIGERIA

Les quelques tentatives ivoiriennes sont la plupart du temps envoyées par Seko Fofana. Encore et toujours lui. Seul, il déclenche un pressing sans que personne ne suive le mot d’ordre. L’entrée du dynamiteur Oumar Diakité amène maladresse et baume au cœur des supporters. Surtout sur cette action où son tacle empêche le Nigeria de doubler le score.


Score final : Côte d’Ivoire 0 – Nigéria 1.


Sors, sortons, sortez les calculatrices. La Côte d’Ivoire est 3ème de son groupe et pas encore assurée de passer au second tour. Tout ça parce qu’elle a proposé au Nigéria : « On mange hein ! »



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