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CAN 2023 : Spécial Côte d'Ivoire

Dernière mise à jour : 25 janv.

« […] On est déjà mort. On peut pas mourir deux fois, tu vois ? […] », répond Simon Adingra dans une interview post match accordée à beIN Sports.


Oui, avant ça, avant ces paroles d’évangile selon Saint-Simon, avant son égalisation à la 88ème minute de jeu, puis le but victorieux, au bout du bout de la seconde prolongation de l’autre pépite ivoirienne, Oumar Diakité, il y a eu un cataclysmique départ catastrophique qui aurait dû les enterrer morts-vivants.

Mais c’est sans compter le fait qu’ils possèdent depuis le début de la phase des matchs à élimination directe, et ce coup du marteau sur le Sénégal, le petit manuel de la résurrection. Retour sur ce Mali – Côte d’Ivoire et le second miracle ivoirien.

MALI – CÔTE D’IVOIRE : AU DEBUT DU FILM, LES MALIENS ETAIENT DJAOULI

12h20 GMT, premier klaxon de voiture de supporter – des heures plus tard, ils seront bien entendu, plus nombreux – que tu entends dans ta rue devenue pourtant passage obligé ; pour qui veut échapper aux embouteillages servis sur Deux-Plateaux. Ouais, même chauffeur de gros camion est humble ! À croire que tout le monde ou presque a reçu le mémo.



Depuis lundi, et sa qualification face au Sénégal, la Côte d’Ivoire, espérance terre d’hospitalité, organise une autre CAN dans sa propre CAN : celle de l’humilité.




Le mot d’ordre est étonnamment respecté par miracle. Ce n’est pas le premier miracle ivoirien qui a lieu dans ce pays.

Pour rappel, à partir de son indépendance, le 7 août 1960 donc, le pays alors dirigé par feu Félix Houphouët-Boigny connaît un boom économique avec une croissance qui aurait avoisiné les 7%.

Cette fois-ci, le chiffre 7 n’a été ni synonyme de chance, ni de stabilité. Bien au contraire.


LE CHIFFRE SEPT PORTE MALHEUR
LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

L’horloge du stade de la paix de Bouaké, vers lequel des dizaines de milliers de supporters ivoiriens pour la plupart ont fait la route, affiche seulement huit minutes de jeu quand Odilon Kossounou, pourtant l’un des meilleurs joueurs sur la pelouse de Yamoussoukro, lundi, dévie le ballon de la main sur une frappe malienne.

De longues tergiversations avant que M. Mohamed Adel, qui sera pris à partie en fin de match par des maliens déçus, ne refuse d’accorder un pénalty pour une position de hors-jeu. Odilon Kossounou et la Côte d’Ivoire l’ont échappée bel.

Enfin juste quelques minutes, le temps que le défenseur central aux intéressantes passes progressives, groggy, encore sous le coup de son intervention, perd l’équilibre et déséquilibre le remuant Lassine Sinayoko.


PREMIER MIRACLE IVOIRIEN

Cette fois-ci, M. Mohamed Adel porte aussitôt son sifflet à la bouche pour désigner le point de pénalty.

La Côte d’Ivoire ne pouvait pas on ne peut plus mal commencer. C’est Adama Noss Traoré, milieu de terrain de Hull, qui se présente devant Yahia Fofana. Le portier ivoirien plonge du beau côté et détourne le pénalty. Et le stade d’exulter. Premier miracle ivoirien : allons avec ça.


Mais il était dit que rien ni personne ne leur faciliterait la tâche. À commencer par Odilon Kossounou, again. Loin de toi, l’idée de vouloir l’accabler, mais force est de constater que le jeune défenseur ivoirien, promis à un brillant avenir, a commis énormément d’erreurs. D’ailleurs, il s’est fendu d’un communiqué d’excuses, en noir en blanc, toujours, à la fin de ce match de folie. Il y a certaines choses qui ne changent – hélas – pas.


44ème minute de jeu. Sur un ballon perdu par Jean Michaël Seri, moins impérial que face aux Lions de la Teranga, Odilon Kossounou fait faute sur l’intenable Lassine Sinayoko. Carton rouge.


La Côte d’Ivoire est réduite à dix, subie beaucoup de fautes (Le Mali en aurait fait 21 au total, selon nos informations.) et n’a eu à ce moment-là aucune occasion de jeu. Le tout frais coach des Éléphants, à qui ils ont bien failli préférer Hervé Renard, fait un premier changement intéressant.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Sacrifié sur l’autel du collectif, Nicolas Pépé sort ; remplacé par Wilfried Singo.


Mi-temps : Mali 1 – Côte d’Ivoire 0. Tu as l’impression de revivre le match contre la Guinée équatoriale, les buts en moins. Une incroyable forme d’apathie, comme si l’enjeu les paralysait.


LE MIRACLE IVOIRIEN EN MARCHE

Si certains spectateurs en profitent pour se désaltérer, reprendre forces physiques et mentales pour la suite, d’autres spectateurs encore, dans des Space Twitter, sorte d’agoras 2.0, lancent flammes et roquettes pour pulvériser certains joueurs à commencer par Serge Aurier. Coupable selon eux de ne pas être au (haut) niveau de la rencontre.


Peut-être qu’il les a écoutés, peut-être qu’il les a entendus mais Emerse Fae remplace Captain Aurier par Willy Boly et Christian Kouamé, qui semblait sortir de son match à coups de petites embrouilles avec certains maliens, par Sébastien Haller.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Le plan de jeu est alors simple. Constituer un bloc équipe avec un passage à trois derrière et un avant-centre, capable physiquement et tactiquement de garder le ballon. Chose inédite – s’il en fallait une encore : Max-Alain Gradel passe d’ailier gauche à arrière droit.


NENE DORGELES OU LA COTE D’IVOIRE QUI MARQUE CONTRE SON CAMP

Côté malien, Eric Chelle, qui connaîtra un baptême de feu littéralement, conserve les mêmes acteurs qui pour le moment réalisent le coup parfait.


À l’image de Kamory Doumbia qui se promène entre les lignes on dirait l’homme qui cherche nouveau téléphone à Adjamé. L’autre joueur qui s’illustre est Nene Dorgeles.


Rentré quelques minutes auparavant en lieu et place d’Adama Noss Traoré, auteur du pénalty raté, le coéquipier de Karim Konaté à Salzbourg signe son entrée de la plus belle manière.

Exilé sur le flanc gauche, le jeune attaquant de 21 ans fixe Franck Kessié.


À défendre corps et âme, le milieu de terrain ivoirien, désormais capitaine, n'est plus en mesure de défendre correctement avec tous ces duels remportés.



Lancé et donc plus mobile, Nene Dorgeles dribble méchamment le numéro 8 ivoirien, oubliant même de lui proposer un tabouret lorsqu’il tombe à terre. Puis, il poursuit sa course dans l’axe ivoirien déserté, arme sa frappe et décoche un tir qui finit dans la lucarne de Yahia Fofana ; qui l’a accompagné des yeux.


Réduite à dix, la Côte d’Ivoire encaisse le premier but de ce quart de finale entre voisins à la 71ème minute de jeu.

Fou de joie, d’avoir marqué un but peut-être décisif, en quart de finale de la CAN, Nene Dorgeles entame une course folle pour célébrer avant de stopper net.

Sans doute a-t-il écouté la petite voix qui lui a rappelé qu’il était né… à Yopougon.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Les mains en l’air, il rebrousse même chemin, entouré par ses coéquipiers ivres de bonheur. Mali 1 – Côte d’Ivoire 0.


UNE SOLUTION DEUX EN UN

Loin d’être totalement abattu, Emerse Faé conserve son organisation mais modifie son animation.

Ainsi Max-Alain Gradel cantonné dans son rôle de vrai faux arrière droit. Et c’est Oumar Diakité qui récupère le couloir.

Et quelques plus tard, à la 85ème minute, Jean Michael Seri sort et c’est Simon Adingra qui entre.


Comme l’entrée de Kessié face au Sénégal, ce double changement s’avère payant.


LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE UN SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Les smartphones allumés par des fans mobilisés n’ayant pu allumer l’étincelle, le Mali ayant renforcé son verrou défensif, pensant avoir fait le plus dur, tous les éléments sont ainsi réunis pour que la Côte d’Ivoire commence sa remontada.

90ème minute de jeu. Côté droit, Simon Adingra se lance dans un numéro de soliste, pénètre dans la surface avant de décaler aux abords de la surface Seko Fofana. Il connaît la qualité de sa frappe de balle mais c’est aussi que parfois le milieu de terrain manque le cadre alors mieux vaut suivre. Sait-on jamais sur un malentendu, il peut, il va ramener son équipe à la vie en se jetant sur le ballon ; entre deux défenseurs maliens. C’est gâté dans le stade, dans ce quartier où des cris de joie résonnent derrière les murs recouverts de peinture et de prières. Dieu les a apparemment entendues.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Sinon comment est-ce qu’à 10 contre 11, au bout du temps réglementaire, la Côte d’Ivoire soit encore revenue d’entre les morts ? Comment ?

Mais ce n’est pas fini. Le meilleur est pour la fin, littéralement.

Mais avant ça, la position sacrificielle de Sébastien Haller lui permet de s’élever dans les airs au moment opportun, la 95ème minute de jeu. Mais la barre transversale refuse de faire chavirer de bonheur le stade, la Côte d’Ivoire. L'Abidjanaise qui retenti de le stade achève de les rebooster.



Entre alors en scène le wourou wourou, l’agité de service : Oumar Diakité.

Plus brouillon qu’une feuille intercalée au milieu d’une feuille double à grands carreaux, le jeune homme de 21 ans seulement réalise le plus grand exploit de sa jeune carrière.

120ème minute de jeu. Les derniers supporters, dont le souffle n’est pas encore totalement coupé, espèrent que ce coup de pied arrêté soit décisif.

Mal repoussé par l’arrière-garde malienne passée à cinq, le ballon revient sur… Seko Fofana qui ne se pose pas de questions et reprend le ballon. Celui-ci traverse une forêt de jambes avant d’être dévié dans les buts adverses par Oumar Diakité.



Seko Fofana se glisse sur la verte pelouse pour célébrer.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Et pendant ce temps-là, Oumar Diakité, auteur du but libérateur et homme du match, court, poursuivi par ses coéquipiers au premier rang desquels Wilfried Singo. Dans ce moment de folie, le défenseur polyvalent est suffisamment lucide pour tenter d’empêcher le buteur averti au préalable de retirer son maillot et être sanctionné.



Trop tard. Oumar Diakité l’a déjà retiré et sera donc suspendu pour la demi-finale contre le Congo ; mercredi 7 février 2024 à Ebimpé. Mais qui, qui peut honnêtement lui en vouloir ? Personne, surtout pas toi.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Quant aux maliens qui se sont rués vers l’arbitre, ceux qui pleurent sur les réseaux sociaux, criant au vol, ils ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes. Ils ont arrêté de jouer, après avoir ouvert le score… comme contre le Sénégal.



Alors que : « Découragement n’est pas ivoirien ! » Et que Dieu lui le soit… ivoirien.



Un peu moins de 24 heures plus tard, deux cafés dans le sang, une voix à peine retrouvée, tu ignores encore comment la Côte d’Ivoire a réalisé ce second miracle ivoirien. Il n’y a que Simon Adingra qui semble avoir une explication plausible : « […] On est déjà mort. On ne peut pas mourir deux fois, tu vois ? […] »




« Kessié n’a rien joué ! », crie un supporter des Éléphants de Côte d’Ivoire pourtant vêtu d’un maillot immaculé du Real Madrid. Association troublante mais bon, ligaments croisés tu connais…

Enorgueillis par la présence de ce micro, tendu par un journaliste de Life TV, ce supporter et ses amis ( ?) continuent. À gauche, l’un parle de le « têter », lui faire une Zidane, s’il le voit.

À droite, le supporter ivoirien/madrilène pointe du doigt le fait que : « Séko [Fofana, NDLR] est né en Bengue, il joue ballon que toi ! » Ainsi parlèrent des fans de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, auteure d’un nouveau match nul face à l’Afrique du Sud ; après celui face au Maroc.

Mais si Frank Kessié et d’autres sont dans le collimateur de snipers ivoiriens, il y en a un que la vie n’a pas épargné mais qui est bel et bien là : Sébastien Haller. Retour sur une rencontre où Il a mis les pendules à l’heure.

SÉBASTIEN REMET LES PENDULES HALLER CONTRE L'AFRIQUE DU SUD
Ils vont parler, c'est dans dos. ©️YouTube
SANS OUMAR DIAKITÉ, MAIS AVEC SÉBASTIEN HALLER
SÉBASTIEN REMET LES PENDULES HALLER CONTRE L'AFRIQUE DU SUD
Au commencement, était Oumar sur le banc des remplaçants. ©️Tous droits réservés

Avant le match, les bouchons servis sur un Plateau ont jeté les derniers travailleurs du quartier des affaires, et ces banques qui ont raccourci leur temps de travail pour cause de match, dans les rues d’ordinaire bien embouteillées. Résultat : Abidjan est paralysé : cela n’augure rien de bon en attendant le début de la CAN le 13 janvier prochain.

Mais qu’importe, de nombreux supporters se rendent au stade Félix Houphouët-Boigny ; plus de 20 000 selon nos informations.

Si certains ont la primeur de l’information, d’autres encore découvrent une fois sur place, au moment du coup de sifflet de M. Benoît Bado : Oumar Diakité, jeune bouc émissaire idéal, est sur le banc. Jean-Louis Gasset lui a préféré Wilfried Zaha dont la capacité à pester pour un oui ou non ferait de lui un parfait personnage de Top Boy. Wagwan, fam ?


DANS LA NUIT ABIDJANAISE, SÉKO ALLUME LA PREMIÈRE MÈCHE
SÉBASTIEN REMET LES PENDULES HALLER CONTRE L'AFRIQUE DU SUD
Et six, Séko Fofana avait marqué ? ©️Tous droits réservés

Emmenée par un Séko Fofana, qui la joue fer de Lens des attaques ivoiriennes, la Séléphanto démarre les hostilités. La frappe du milieu de terrain relayeur, associé à Ibrahim Sangaré et Frank Kessié, eux aussi, passe au-dessus. C’est la première frappe hors-cadre d’une longue série réalisée par le joueur d’Al-Nassr.

Et puis sans prévenir, l’Afrique du Sud marque à la… 8ème minute de jeu.

Bien servi dans la surface, Themba Zwane ajuste Yahia Fofana qui ne peut rien sur la puissante frappe du droit. Afrique du Sud 1 – Côte d’Ivoire 0. Tout part d’une perte de balle du capitaine Kessié, revenant d’ailleurs au petit trot dans la surface sans défendre.

YAHIA FOFANA, GARDIEN DU TEMPLE

Quelques minutes plus tard seulement, portés par leur but surprise, les Sud-africains se procurent une nouvelle occasion dangereuse mais cette fois-ci le portier d’Angers, club de deuxième division française, allonge ses 194 centimètres.

C’est donc Yahia Fofana qui sauve les meubles. Orca même est étonnée.

Côté Éléphants, c’est l’autre Fofana, Séko donc, qui tente, tente, tente encore comme ce qu’il faisait déjà à Lens. Mais ses frappes puissantes trouvent rarement le cadre. Hormis celle de la 15ème minute qui finit directement dans les mains du portier/capitaine des Bafana Bafana : Ronwen Williams.


SÉBASTIEN REMET LES PENDULES HALLER CONTRE L'AFRIQUE DU SUD
Relation amoureuse sur nous maintenant. ©️Capture d'écran/Twitter

SÉBASTIEN HALLER SE PROCURE DES OCCASIONS

Jusque-là très discret, Sébastien Haller se crée l’occasion la plus dangereuse au terme d’un centre millimétré de Ghislain Konan, bien lancé par Frank Kessié. Mais la tête de l’avant-centre ivoirien passe au-dessus. 26ème minute de jeu, toujours 1 – 0 pour l’Afrique du Sud.

Ce n’est pas la seule occasion que l’avant-centre du Borussia Dortmund, où il est le plus souvent remplaçant, se procure.

SÉBASTIEN REMET LES PENDULES HALLER CONTRE L'AFRIQUE DU SUD
Et pourtant, on est équipé. ©️Tous droits réservés

30ème minute de jeu. Sébastien Haller active le mode pressing/renard des surfaces. Jonathan Bamba provoque une mauvaise relance qui finit sur la poitrine du numéro 22 ivoirien. Faisant preuve de sang-froid, ce dernier amortit le ballon, met juste ce qu’il faut dans le ballon pour trouver le chemin des filets. Mais c’est le poteau qui repousse. De la prise d’informations à l’exécution, tout était dosé ou presque. Mais on dirait que c’est Serge Beynaud qui c’est dosé.


RELATIONS À DISTANCE

Les Ivoiriens ont beau multiplier efforts et maladresses techniques, il y a une impression qui se confirme au fur et à mesure que le chronomètre de l’homme en noir avance : les joueurs ivoiriens sont loin les uns des autres comme ça. Résultat : l’équipe est coupée en deux. Quel way de relation à distance ça ?

L’absence de bloc-équipe n’est pas la seule mauvaise nouvelle.

Présenté comme une meilleure option dans le couloir gauche, Wilfried Zaha, qui joue désormais à Galatasaray, peine à dribbler son vis-à-vis : un certain Khuliso Mudau. D’où la question : à quoi ça sert d’avoir fait sortir Oumar Diakité pour que Zaha soit incapable de prendre le dessus sur son défenseur ? À quoi ça sert le vieux ?

Quand l’arbitre siffle la fin de la première mi-temps : la question reste posée.

SÉBASTIEN REMET LES PENDULES HALLER
SÉBASTIEN REMET LES PENDULES HALLER CONTRE L'AFRIQUE DU SUD
Allez, saute-mouton, saute-mouton. ©️Tous droits réservés

Lorsque la seconde mi-temps démarre vers 20 heures GMT, les chauves-souris, qui à l’heure de la descente quittent elles aussi le Plateau, ne sont déjà plus là. Mais pas encore de trace de leur cousin éloigné, ce justicier masqué, un certain Batman. Il faut attendre longtemps, très longtemps la 66ème minute de jeu et ce centre de Wilfried Singo.

Passe en retrait d’Oumar Diakité, l’arrière droit de l’AS Monaco ajuste et trouve un Sébastien Haller, dominant dans les airs. 66ème minute de jeu, Côte d’Ivoire 1 – Afrique du Sud 1.



Le stade Félix Houphouët-Boigny, et ces supporters qui sifflaient leur capitaine auparavant, exulte alors. C’est gâté !


Mais malgré les intéressantes entrées des Max-Alain Gradel mais surtout Hamed Traoré et Oumar Diakité, qui aura finalement fait le match que Wilfried Zaha était censé faire, la Côte d’Ivoire est incapable de décrocher une victoire. Score final : Côte d’Ivoire 1 – Afrique du Sud 1.


Le résultat tout comme le contenu est décevant mais la bonne, la très bonne nouvelle c’est que Sébastien Haller a inscrit 2 buts en 2 matchs.

Interrogé à l’issue du match, l’ancien joueur de l’Ajax Amsterdam, avec laquelle il avait réalisé un quadruplé un soir de septembre 2012 pour son premier match en Champions League, le natif de Ris-Orangis, située en Île-de-France, tempère :

« […] On ne peut pas tirer des conclusions sur les deux inscrits de cette trêve. Mais nous devons continuer à donner le meilleur de nous pour être à un niveau plus élevé. »
DES RAISONS DE SE RÉJOUIR MALGRÉ TOUT

Oui, Sébastien Haller a raison. À 87 jours, soit 2 mois et 26 jours, de la CAN 2023, dont le tirage au sort a eu lieu il y a peu, la Côte d’Ivoire ne rassure pas, effraie même. Mais il y a de quoi se réjouir malgré tout.

D’abord parce que le buteur des Éléphants, avec lesquels il a inscrit 5 buts en 17 matchs, a trouvé le chemin des filets à deux reprises.

Ensuite parce que Jean-Louis Gasset semble avoir trouvé une charnière, Ousmane Diomandé – Evan Ndicka, qui tient la route.

Et surtout parce qu’il y a une génération qui est actuellement façonnée par les mains de tacticiens, et donc cela sera bénéfique pour la Séléphanto. Ainsi, au Bayer Leverkusen, Odilon Kossounou évolue sous les ordres d’un certain Xabi Alonso ; fils spirituel de José Mourinho.

D’ailleurs, c’est l’entraîneur portugais qui dirige l’AS Roma où évolue Evan Ndicka. Et enfin, Adingra joue à Brighton & Hove Albion qui est entraîné par un maître tacticien : Roberto De Zerbi. Sans parler d’Oumar Diakité, et son entraîneur Will Still. À noter que la saison dernière le Stade de Reims payait régulièrement 25 000 euros/match à chaque match parce que son entraîneur ne possédait pas les diplômes requis. Mais cela ne l’a pas empêché de terminer 11ème la saison dernière.


Même si tu ne désires que la victoire finale, tu ignores à quelle place la Côte d’Ivoire va terminer cette CAN à venir. Mais tu es une sûre d’une chose, c’est que certains continueront à dire : « Kessié n’a rien joué ! »




« Ehhh ehhh ehhhh ! », lâche un supporter ivoirien dans une vidéo qui depuis à faire le tour du Web au point de devenir une référence. La preuve.

Cette déception géo localisée dans le cœur, de nombreux supporters ivoiriens l’ont probablement ressentie après les deux occasions manquées coup sur coup lors du match amical, Côte d’Ivoire – Maroc (1-1), par le même jeune joueur talentueux : Oumar Diakité. Rien que de l’écrire, tu as aussi envie de pousser le même cri de cœur : « Ehhh ehhh ehhhh ! »

OUMAR DIAKITÉ, SON RÉSERVOIR N’EST PAS ASEC
Actions, réactions. ©️Tous droits réservés

Mais si beaucoup d’internautes lui tombaient dessus sur son compte Instagram, avant que la section commentaires ne soit fermée, il ne faut pas oublier qu’il n’a que 19 ans. Et donc une grosse marge de progression. Gros plan sur un footballeur dont le réservoir n’est pas à sec.


À L’ASEC, OUMAR DIAKITÉ CONFONDAIT DÉJÀ VITESSE ET PRÉCIPITATION
OUMAR DIAKITÉ, SON RÉSERVOIR N’EST PAS ASEC
L'avenir appartient à ceux qui se Lesotho. ©️Tous droits réservés

Ceux qui suivent l’Asec Mimosas, connu dans le Monde Mondial pour avoir formé dans son académie des joueurs tels que Kolo Habib Touré et son petit frère Yaya, connaissaient déjà le natif de Bingerville ; banlieue abidjanaise d’où les habitants doivent partir tôt de peur de ne jamais pouvoir arriver à l’heure au boulot.

Ceux qui ne suivent pas l’Asec Mimosas, mais plutôt l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, l’ont probablement découvert lors de ce Côte d’Ivoire – Maroc, avant de taper son nom dans la barre de recherches d’une célèbre plate-forme de vidéos.

Peu importe la catégorie à laquelle on appartient, les preuves accablantes/irréfutables/tangibles sont là : Oumar Diakité est un joueur bourré de talent, un crack comme Ils disent parfois.

À NOS BUTS MANQUÉS

Capable notamment de prendre le ballon depuis sa moitié, porter le danger dans le camp adverse, mais aussi combiner dans de petits espaces comme ce fut le cas avec le Burkinabé Stéphane Aziz, et son élégant pied gauche, et l’Ivoirien Karim Konaté, l’autre grand espoir ivoirien qu’on aimerait voir associer avec Sébastien Haller ; auteur du but ivoirien.

Déjà, à cette époque, le numéro 22 des Jaune et Noir confondait vitesse et précipitation, en manquant le geste final, ratant des occasions toutes faites, devant des supporters concernés puis consternés.

Mais ces ratés n’ont pas pour autant découragé les recruteurs. Loin de là.

Ainsi le 12 janvier 2022, après deux saisons seulement passées chez les professionnels, l’ailier gauche/avant-centre signe chez les Autrichiens du RB Salzburg. Smart move qu’il lui permet de grandir, s’adapter au football européen comme un certain Sadio Mano, aujourd’hui en Arabie Saoudite, l’avait fait avant lui.

LES REIMS SOLIDES

Mis à la disposition de Liefering, la réserve du club autrichien, il y inscrit notamment 9 buts en 23 matchs ; soit un peu moins d’un but tous les deux matchs. Pas mal pour un joueur maladroit.

Une fois encore, ses performances tapent dans l’œil de recruteurs particulièrement friands de jeunes joueurs en devenir : le Stade de Reims.

OUMAR DIAKITÉ, SON RÉSERVOIR N’EST PAS ASEC
Photo de classe. ©️Tous droits réservés

Dire que les Rémois, qui disposent de petits moyens et doivent par conséquent faire preuve d’intelligence en matière de recrutement, sont passés maîtres dans l’art de développer des espoirs est un doux euphémisme.


Après Hugo Ekitike, persona non grata au Paris Saint-Germain, Florian Balogun, parti à Monaco, c’est autour d’Oumar Diakité, qui a signé pour 1,5 million d’euros, de montrer dans un championnat plus médiatisé qu’il a les reins solides.


Depuis le début de cette saison 2023/2024, qui sera donc entrecoupée par la Coupe d’Afrique des Nations et le tirage au sort qui a récemment eu lieu, le droitier a disputé 386 minutes et inscrit un seul but. C’était face au FC Metz et ce match nul 2 à 2.

Dos au but, Oumar Diakité emmène ballon et défenseur collant là où il veut avant d’envoyer un missile du droit dans la lucarne messine. Golazo !


C’est ce genre de buts que les Ivoiriens, présents au stade Félix Houphouët-Boigny, tout nouveau, tout beau, offrant pour l’occasion un embouteillage monstre sur le Plateau, auraient aimé voir.

OCCASION MANQUÉE, C’EST PÉCHÉ : REALLY ?
OUMAR DIAKITÉ, SON RÉSERVOIR N’EST PAS ASEC
Seul au monde. ©️Tous droits réservés

« […] Il a été l’un des attaquants le plus dangereux. Il était très déçu, il avait les larmes aux yeux, mais je lui ai demandé de lever la tête parce qu’il a les qualités pour devenir un grand joueur. », ainsi parla l’entraîneur de la Séléphanto Jean-Louis Gasset au sujet de son numéro 14.


Depuis la fin du choc Côte d’Ivoire – Maroc, son nom est sur toutes les lèvres, tous les doigts qui tapent sur les touches de leur téléphone pour le critiquer notamment sous le compte Twitter de Petits Poteaux. Morceaux choisis.


OUMAR DIAKITÉ, SON RÉSERVOIR N’EST PAS ASEC
Genre zinzin de l'espace quoi. ©️Capture d'écran/Twitter

OUMAR DIAKITÉ, SON RÉSERVOIR N’EST PAS ASEC
Le fait qu'il ne fasse pas de passe ne passe apparemment pas. ©️Capture d'écran/Twitter

OUMAR DIAKITÉ, SON RÉSERVOIR N’EST PAS ASEC
C'est lui le méchant méchant de l'histoire. ©️Capture d'écran/Twitter

Manque d’altruisme et maladresse sont les principaux reproches qu’ils lui font.


D’autres, plus indulgents, saluent au contraire son talent. Morceaux choisis bis.


OUMAR DIAKITÉ, SON RÉSERVOIR N’EST PAS ASEC
On parle plus trop. ©️Capture d'écran/Twitter

OUMAR DIAKITÉ, SON RÉSERVOIR N’EST PAS ASEC
C'est pas aujourd'hui, il le connaît. ©️Tous droits réservés

OUMAR DIAKITÉ, SON RÉSERVOIR N’EST PAS ASEC
Ne lui jetez pas la pierre. Prenez le comme un petit frère.

Le temps. Il faut le laisser le temps le préparer.


La vérité, c’est que les deux camps, sceptiques et optimistes, ont tous les deux raisons : Oumar Diakité est un joueur qui aime dribbler, fonce souvent tête baissée mais Dieu qu’est-ce qu’il est fort ! Comme un air de déjà-vu.


Sur la première grosse action ratée, alerté par un Ibrahim Sangaré, placé devant la défense et ainsi capable d’orienter le jeu à sa manière, l’ailier polyvalent manque d’envoyer son adversaire d’un coup d’épaule dans la Lagune Ébrié. Et c’est probablement là, une fois qu’il entre dans la surface, qu’il doit lâcher son ballon et éventuellement servir un coéquipier.

Mais si beaucoup ont une erreur, quelques-uns ont reconnu une action qu’il avait déjà vue dix-huit ans lors du fameux Côte d’Ivoire – Cameroun (2-3 ; comptant pour les qualifications de la Coupe du Monde 2006.

Aruna Dindane s’est lui aussi débarrassé de son adversaire dans la même manière, dans la même aire de jeu avant de servir Drogba qui a marqué.


De là à dire qu’Oumar Diakité is the new Aruna Dindane, il y a un pas que tu ne franchiras pas encore.


Mais le condamner au pilori parce qu’occasion ratée, c’est péché, non !


Tels l’avant-centre Karim Konaté (19 ans), le défenseur Odilon Kossounou (22 ans), mais aussi la paire de centraux Ousmane Diomandé (19 ans) et Evan Ndicka (22 ans), ou encore l’ailier virevoltant Simon Adingra, et même le buteur David Datro Fofana (20), Oumar Diakité a le potentiel pour faire de belles et grandes choses ; que ce soit en club ou en équipe nationale. Son réservoir n’est définitivement pas Asec. Et ce soir, face à l'Afrique du Sud, il aura l'occasion de le prouver.

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