- Dozilet Kpolo
- 10 juil. 2024
- 4 min de lecture
« […] Elle est difficile, elle est ratée. On avait l’ambition d’être champion d’Europe, j’avais l’ambition d’être champion d’Europe. On ne l’est pas donc à partir de ce moment-là, c’est une compétition ratée. Mais c’est le football. Il faut passer à autre chose. L’année, elle a été longue. Je vais aller en vacances me reposer. Ça va faire beaucoup de bien et revenir très fort. […] », explique, blouson de l’équipe de France sur les épaules, Kylian Mbappé aux perches tendues par des journalistes de L’Équipe notamment.
Quelques minutes auparavant, c’est un autre bleu de chauffe qu’il avait enfilé ou plutôt blanc de chauffe : celui des Bleus défaits 2 à 1 par une Espagne joueuse et talentueuse. Retour sur cette demi-finale où Kylian Mbappé et la France ont affiché leur vrai niveau.

MBAPPÉ PORTE LA FRANCE PLUTÔT QUE SON MASQUE
Disposés dans un 4 – 3 – 3 modelable en 4-4-2 une fois le ballon perdu, avec Antoine Griezmann, logiquement remplaçant compte tenu de ses performances ternes, bien au chaud sur le banc aux côtés d’un autre cadre inoffensif de la sélection, Olivier Giroud, l’équipe de France affronte l’Espagne qui évolue peut-être dans le même système certes mais disposent d’un jeune joueur phénoménal encore insouciant : Lamine Yamal.
5ème minute de jeu et c’est le gamin de 16 ans – il en aura 17 ce samedi 13 juillet, soit la veille de la finale de cet Euro 2024 – qui le premier tire véritablement son épingle du jeu. Mais sa spéciale – oui oui, il en a déjà une – « Je travaille l’adversaire avant de délivrer une merveille de centre enroulé pour un joueur qui coupe la trajectoire » trouve Fabián Ruiz ; étonnamment à son avantage dans un système où le collectif tourne round. Étonnant. Le milieu de terrain du Paris Saint-Germain manque d’ouvrir le score.
Trois minutes plus tard. Délesté de son masque, Kylian Mbappé voit peut-être mieux les choses en tout cas, il voit Randal Kolo Muani dans la surface de réparation qui esquisse des petits pas pour se mettre dans une bonne position. Le centre du néo-madrilène trouve son ex-coéquipier parisien : 1-0 pour la France.

Les Bleus ont un pied en finale. Ils ont presque fait le plus dur.
Averti à la 14ème minute de jeu, le vieux père Jesus Navas - du haut de ses 38 ans – a du mal face à Mbappé qui tente…à peine d’en profiter ; comme sur cette action à la 19ème minute.
LAMINE MET YAMAL LA DÉFENSE FRANÇAISE
Deux minutes plus tard, c’est le moment où Lamine Yamal - élu homme du match è décide de prendre les choses en main. L’ailier droit gaucher fixe Adrien « Le Duc » Rabiot, fait tanguer une partie de l’arrière-garde française avant d’enrouler une superbe frappe du gauche qui touche le poteau droit avant de terminer sa course dans les filets de Mike Maignan : 1-1.

Le Duc lui avait dit qu’il devrait « faire plus de choses que ce qu’il a fait jusqu’ici ». Message reçu : 5/5. Le tout sous les yeux de M. Mbappé qui a préféré le laisser jouer plutôt que le presser éventuellement auparavant.
DANI OLMO ET L’ESPAGNE PASSENT LA SECONDE
Quatre minutes plus, 25èmeminute de jeu. Le remplaçant de Pedri, envoyé à l’infirmerie jusqu’à la fin du tournoi par le tout frais retraité Toni Kroos, un certain Dani Olmo n’est pas non plus dans le genre joueur de ballon. Celui avec lequel il s’amuse au milieu de William Saliba, Aurélien Tchouaméni avant de décrocher une frappe qui finit dans les buts de Mike Maignan...détournée par Jules Koundé. Le meilleur joueur français de cette compétition ne méritait pas ça : 2-1 pour l’Espagne.

C’est sur ce score que les deux équipes rejoignent les vestiaires de l’Allianz Arena – terrain de jeu habituel du Bayern Munich - où cette première demi-finale se déroulait.
LE VRAI VISAGE DE KYLIAN MBAPPÉ ET LA FRANCE

La Pologne pour le dernier match de poules, puis la Belgique (battue 1-0 ; but contre son camp de Jan Vertonghen pour son dernier match avec les Diables Rouges), le Portugal (battu 5 -3 aux tirs au but), etc. Jusqu’ici, l’équipe de France de Didier Deschamps avait surtout affronté des équipes qui refusaient de produire du jeu ou en étaient tout simplement incapables avec des joueurs incapables d’assumer leur statut d’antan (Cristiano Ronaldo, Romelu Lukaku, Kevin De Bruyne).
Plus qu’une capacité à faire déjouer son adversaire, à utiliser des ailiers virevoltants -tels que Bradley Barcola particulièrement bon contre la Pologne et ce soir - pour casser des reins et autres, la France a essentiellement brillé par sa solidité défensive à l’image d’un William Saliba qui a sa place dans l’équipe-type du tournoi.
Mais à force d’accommoder le pragmatisme aux résultats, Didier Deschamps a montré le vrai visage de la France : une équipe sans identité de jeu, si tant est que la solidité en soit une, sans projet et avec des stars en méforme comme la plupart d’ailleurs dans ce tournoi d’une grande pauvreté individuelle. Et Kylian Mbappé en est le parfait exemple.
Ni son contrôle porte-manteau (65ème) ni son action manquée (85ème), après un exploit individuel de celui qu’il a barré dans ce couloir gauche : Bradley Barcola, ne changeront les choses.
La vérité c’est qu’avec ou sans masque Kylian Mbappé - auteur d’un but et d’une passe décisive – n’aura jamais été la hauteur d’un statut qu’on lui a offert sur un plateau. Cette élimination logique par rapport à l’opposition espagnole, mieux huilée, plus lisible dans les intentions, marque le point final d’une année « L’année, elle a été longue, a-t-il dit. Je vais aller en vacances me reposer. Ça va faire beaucoup de bien et revenir très fort. […] » Rendez-vous dans quelques jours pour la présentation officielle en tant que joueur du Real Madrid.