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CAN 2023 : Spécial Côte d'Ivoire

« On prend les mêmes et on recommence ! », jurent des internautes en parlant le plus souvent de leurs amis de longue date.

Ou encore leurs potes, leurs gars sûrs, leurs gaza, leur bande de Gaza, qui n’existera peut-être plus si la communauté internationale continue à dormir devant le génocide palestinien. Plutôt que de s’aventurer en terre inconnue, ils préfèrent partir vers un terrain déjà connu. Exactement le cas du sélectionneur des champions d’Afrique : Emerse Faé. 

Pour les éliminatoires du Mondial 2026,  qui aura lieu du 11 juin au 19 juillet, l’ancien international ivoirien a pris les mêmes et recommence à susciter le débat. Plus de détails, par ici. 

ÉLIMINATOIRES MONDIAL 2026 : FAÉ LISTE LES MÊMES ET RECOMMENCE
Ancien boulot. ©Tous droits réservés

LISTE ÉLIMINATOIRES MONDIAL 2026 : ÉMERSE FAIT DU FAÉ

Avant même que l’information ne soit rendue publique, ce lundi 10 mars à 15h GMT, lors d’une conférence de presse, organisée au stade Félix Houphouët-Boigny, certains insiders savaient ce que le grand public ignorait : il n’y aura aucun changement particulier dans la liste pour disputer les deux rencontres des éliminatoires de la coupe du Monde 2026 ; face au Burundi puis à la Gambie. 


Lorsque l’ancien joueur de l’OGC Nice, accompagné par son adjoint Guy Demel, passé lui par Hambourg et West Ham, il n’y a effectivement aucun changement majeur dans le groupe.

Simon Adingra, Yahia Fofana, mais aussi Franck Kessié, Jean-Philippe Krasso, également Evan Ndicka, Nicolas Pépé ou encore Wilfried Singo, etc. La plupart des champions d’Afrique sont là. Ce n’est pas leur présence qui dérange certains internautes plutôt l’absence de nouveaux.

IVOIRIEN AIME NOUVEAUTÉ

La première convocation de Clément Akpa, coéquipier de Hamed Traoré Junior à Auxerre, est la seule nouveauté. Trop peu pour des ivoiriens qui « aiment nouveauté » ; selon l’adage.

Ainsi certains doux rêveurs auraient aimé voir Désiré Doué, dont la superbe première saison l’éloigne naturellement des Éléphants de Côte d’Ivoire pour mieux le rapprocher des Bleus. 


D’autres encore auraient aimé voir Malick Junior Yalcouyé, milieu central et milieu droit de Sturm Graz. 

Sans parler de ceux qui se posent des questions légitimes (?) sur les cas du rémois Oumar Diakité et du joueur de Watford Football Club Vakoun Bayo en difficulté avec leur club respectif, ou encore de Jean-Philippe Gbamin de retour en sélection après deux ans d’absence. Alors que Lazare Amani bien le ballon à nouveau ; au Standard de Liège.

ÉLIMINATOIRES MONDIAL 2026 : FAÉ LISTE LES MÊMES ET RECOMMENCE
Une liste qui fait des oh et débats. ©Tous droits réservés

Mais malgré cela, il y a une bonne nouvelle : le retour du buteur Sébastien Haller.


SÉBASTIEN HALLER, UN RETOUR QUI FAIT DU BIEN 

Libéré, délivré depuis son passage éclair à Leganés, l’avant-centre ivoirien a retrouvé le chemin des filets et c’est un bon signe pour lui, la Côte d’Ivoire au moment d’entrer dans cette période décisive.

Pour rappel la dernière fois que la Séléphanto a participé à la coupe du Monde, c’était en 2014 ; soit il y a 11 ans. Autant dire une éternité.


Beaucoup de raisons d’être naturellement inquiets, en plus des absences pour blessure du métronome Jean Michael Seri ou du dynamiteur Seko Fofana, qui reprenait les Rennes, peu de raisons de réjouir donc. 

Rendez-vous les 21 et 24 mars pour savoir si : « On prend les mêmes et on recommence » était la bonne formule. 


« Si c’est moi, j’allais remplacer lui là pour mettre celui-là. Regarde-le : il vaut rien ! », prétendent des supporters passionnés mais sans diplômes. Du moins, pas celui d’entraîneur des Éléphants de Côte d’Ivoire.


Que ce soit à Abidjan, Yamoussoukro où ils sont descendus en coup du marteau sur le Sénégal, mais aussi Bouaké, et son second miracle ivoirien, nombreux sont les candidats potentiels au poste de sélectionneur des Éléphants de Côte d’Ivoire. Qui pourrait leur vouloir au pays où tout le monde où il est coach ?


Des jeunes mariés qui, la bague à peine passée sur l’annuaire de la main gauche dispensent des conseils, aux personnalités publiques callipyges qui misent plus sur les fonds de clients crédules et adeptes de thés amincissant que leurs formes modifiées en passant par des entrepreneurs galéjeurs qui ont encore eu plus de mérite que ces parents qui affrontaient lions et crocodiles sur le chemin de l’école. Tout le monde il est coach.


Thanks God jusqu’à preuve du contraire, il n’appartient à aucune de ces catégories mais plutôt à une qui est plutôt rare : celle des personnes qui ont l’art de faire les bons choix. Lui, c’est Emerse Faé. Le néo-entraîneur de la Séléphanto, celui qui l’a menée en finale.


EMERSE FAÉ OU L’ART DE FAIRE DE BONS CHOIX TACTIQUES
Chic conférence de presse. Tous droits réservés

Ce soir, face au Nigeria de Victor Osimhen, qui avait provoqué le pénalty de la victoire (1-0) en phase de poules, l’ancien international ivoirien aura l’occasion d’en faire un peu/beaucoup/probablement.



EMERSE FAÉ DÉMARRE PAR DES CHOIX FORTS

Ceux qui pensaient que la Côte d’Ivoire battrait le Sénégal peuvent se compter sur le bout des doigts. Vu comment la Guinée équatoriale, sortie juste après en 8èmes de finale, avait tapé la sélection ivoirienne alors entraînée par Jean-Louis Gasset, qui pouvait le prédire ? C’est alors qu’Emerse Faé entre en scène. Enfin pas de tout suite, il se fait voler la vedette par une demande de prêt.


Dans sa volonté de toujours innover, la Fédération Ivoirienne de Football demande à son homologue français, le prêt de l’ancien entraîneur des champions d’Afrique 2015, Hervé Renard. Mais cette dernière refuse d’accéder à la demande.

Retour au point de départ ou plutôt au nouveau point de départ avec le duo Emerse Faé – Guy Demel, lui aussi ancien international ivoirien. Coucou, Cristiano Ronaldo !


EMERSE FAÉ OU L’ART DE FAIRE DE BONS CHOIX TACTIQUES
« Si tu es fatigué, faut djô. Nous on est là. » Guy Demel, Coupe du Monde 2006. Tous droits réservés


EMERSE FAE RELANCE LA BELLE SERI

EMERSE FAÉ OU L’ART DE FAIRE DE BONS CHOIX TACTIQUES
La Seri qui match actuellement. Tous droits réservés

Lundi 22 janvier, Sénégal – Côte d’Ivoire à Yamoussoukro et son stade Charles Konan Banny qu’on aperçoit beaucoup plus tôt qu’Ebimpé, et son pèlerinage. Sur la feuille de match, pas de Franck Kessié mais plutôt un Jean Michaël Seri.



Titulaire dans le milieu à trois de Patrice Beaumelle, l’ancien milieu de terrain de l’OGC Nice, et son inoubliable saison 2016/2017, fait sa première apparition sur les vertes pelouses ivoiriennes. C’est lui la force tranquille qui va ramener l’équilibre et surtout la qualité de première relance en s’insérant parfois entre les deux défenseurs centraux.


Emerse Faé a le nez creux. Il sait, nous savons que le milieu Franck Kessié – Ibrahim Sangaré - Seko Fofana fonctionne mal. Alors, il brise le trio pour stabiliser tout ça. Pari gagné, c’est le retour de la belle Seri, celle qui diffusée en boucle tous les week-ends avait enchanté la Ligue 1 et la Liga au point où Barcelone a essayé de s’attacher ses services. Mais le plan a échoué.

Quelques années plus tard, c’est un autre milieu de terrain qui arrive à Barcelone en provenance de Milan cette fois-ci : Franck Kessié.


Le même que coach Faé fait entrer à la 73ème minute à la place d’Ibrahim Sangaré.


Résultat : Jean Michaël Seri est élu du homme du match tandis que Franck Kessié lui a inscrit le but égalisateur puis le pénalty victorieux.


EMERSE FAÉ OU L’ART DE FAIRE DE BONS CHOIX TACTIQUES
Autorité, bonsoir. Tous droits réservés

FACE À EMERSE FAÉ ET LA CÔTE D’IVOIRE, ERIC CHELLE A MALI LE MATCH

EMERSE FAÉ OU L’ART DE FAIRE DE BONS CHOIX TACTIQUES
Vas en paix et ne reviens plus pécher. Tous droits réservés

Lorsque les nombreuses bourdes répétées d’un Odilon Kossounou conduisent finalement à son expulsion à la 43ème minute, les plans d’Emerse Faé volent en éclats. Certes Yahia Fofana a stoppé un pénalty en début de rencontre mais là c’est une autre paire de manches. La Côte d’Ivoire va donc jouer à 11 contre 10 pendant plus d’une mi-temps.


Comment se réorganiser face à ce milieu de terrain qui met la pression notamment sur Jean Michaël Seri méconnaissable et auteur de la perte de balle qui oblige Kossounou à faire faute sur le remuant – ce jour-là – Lassine Sinayoko ? Comment conserver ne pas prendre l’eau complètement ?


C’est simple – après coup, Emerse Faé sort Nicolas Pépé, l’un des attaquants à ne pas avoir inscrit de but avec le talentueux mais frêle Karim Konaté et Christian Kouamé, et lance Wilfried Singo. Mais ce n’est pas tout.

Au retour des vestiaires, la stupeur de l’expulsion passée, la catastrophe industrielle analysée, le quadragénaire – il les a eus, le 24 janvier dernier – fait deux autres remplacements : Sébastien Haller et Willy Boly remplacent respectivement Christian Kouamé et Serge Aurier.


UN REMANIEMENT APRÈS LA CATASTROPHE INDUSTRIELLE

Certes, la Côte d’Ivoire conserve son milieu à trois mais passe à cinq derrière avec Max-Alain Gradel en arrière droit/piston droit.


Système tabouret pro Max. Tous droits réservés

Depuis le remaniement ministériel qui a eu lieu il y a quelques mois, on n’avait plus vu pareil chamboulement.

Et cette organisation permet étonnamment à la Côte d’Ivoire de tenir avec une machine de nouveau à nouveau bien huilée.


Toutefois, Nene Dorgeles ouvre le score à la 71ème minute de jeu.


Dans la foulée, Emerse Faé fait un premier changement. Plus joueur de devoir que piston droit, Max-Alain Gradel a finalement très peu apporté à ce poste inédit. Il est donc logiquement remplacé par un avaleur d’espaces, un joueur qui a de l’énergie à revendre, façon danseur de coupé-décalé adepte de roukasskass : Oumar « le Wourou national » Diakité. Puis c’est un autre changement important : Simon Adingra à la place de Jean Michaël Seri ; à la 85ème minute.


Certes ce sont deux changements mais l’ossature elle-reste avec ce 5  - 3 – 1, qui peut éventuellement se transformer en 4 - 4 - 1.


EMERSE FAÉ OU L’ART DE FAIRE DE BONS CHOIX TACTIQUES
Système où tout le monde se plie en quatre, quand tu vois tu sais. Tous droits réservés

Simon Adingra et Oumar Diakité, les deux jeunes pépites ivoiriennes, ont de ceci en commun qu’ils ont un gros volume de jeu et qu’ils ont tendance à provoquer des fautes. Et ça qui mieux que Faé qui est dans le staff de la Côte d’Ivoire depuis 2022. Il connaît son groupe, il connaît ses joueurs mais surtout il semble avoir une capacité certaine à mieux lire le jeu que ses adversaires d’abord Aliou Cissé, entraîneur des futurs ex-champions d’Afrique, et Eric Chelle qui disait avoir en sa possession « le meilleur milieu du monde » sur le plateau télé d’une célèbre chaîne cryptée.



Emerse Faé, lui, n’a peut-être pas le meilleur milieu de terrain du monde mais il a deux grands espoirs. Et cela suffit à battre les Maliens.

Ainsi, Simon Adingra est au début et à la conclusion d’une action et surtout Oumar Diakité, lui, est l’auteur du but victorieux, sa pichenette qui fait la différence.

Certains diront : « Il a de la chance ! », d’aucuns diront que : « C’est Dieu ! » La vérité se trouve quelque part entre les deux.

CÔTE D’IVOIRE – CONGO OU LA CONFIRMATION DE LA TACTIQUE FAÉ

EMERSE FAÉ OU L’ART DE FAIRE DE BONS CHOIX TACTIQUES
Toujours sortir avec son propre mental, sa serviette sur les épaules. Tous droits réservés

Bien qu’il soit beaucoup trop tôt pour parler d’un style de jeu, d’un Faé-Ball comme il existe un style Guardiola, avec cette possession à outrance et ses changements de poste incessants au point de dégoûter certains téléspectateurs, qui en ont parfois marre de ses expérimentations tactiques, il n’en demeure pas moins que Faé a une tactique certaine.

Diluée dans le traditionnel 4 – 3 – 3, la tactique d’Emerse Faé semble consister à faire jouer les bons hommes au bon endroit : simple mais efficace.

En fait non, Emerse Faé ne fait « que » mettre les joueurs là où il faut : non, non. Il fait de bons choix.

DES TITULARISATIONS QUI FONT SENS

EMERSE FAÉ OU L’ART DE FAIRE DE BONS CHOIX TACTIQUES
Quittez oh, quittez oh. Pardonnez, quittez oh. Tous droits réservés

Au-delà du but victorieux, cette reprise de volée topée, la titularisation de Sébastien Haller s’est avérée forte intéressante dans la mesure où elle a permis à la Côte d’Ivoire d’alterner phase de conservation et phase directe sans construction comme ce centre de Wilfried Singo sur la tête chercheuse de l’attaquant du Borussia Dortmund à la 39ème minute. Dommage qu’il n’ait pas trouvé le cadre.


L’autre titularisation intéressante est celle de Simon Adingra.


Rétabli physiquement, l’ailier virevoltant, et ses accélérations accompagnées par le public autrefois biberonné aux exploits de Gervinho et Kader Keïta, a régulièrement apporté du danger depuis son aile gauche sans oublier pour autant de défendre. C’est d’ailleurs lui qui se crée la première grosse occasion ivoirienne avec sa tête qui passe à côté. Encore un centre de Wilfried « Fed Ex » Singo. N'oublions pas non plus l'entrée de Lazare Amani aux changements de rythme déroutants.


EMERSE FAÉ OU L’ART DE FAIRE DE BONS CHOIX TACTIQUES
Direction gare Saint-Lazare. Tous droits réservés

Et qu’importe si certains, fâchés d’être sortis, filent directement aux vestiaires.




Emerse Faé fait de bons choix tactiques. Rendez-vous, ce soir à 20H, pour voir ceux qu’il a concoctés pour affronter le Nigeria. Quel que soit le résultat, il y aura toujours ceux qui diront : « Si c’est moi, j’allais remplacer lui là pour mettre celui-là. Regarde-le : il vaut rien ! »

 

 

 

 

Dernière mise à jour : 25 janv.

« […] On est déjà mort. On peut pas mourir deux fois, tu vois ? […] », répond Simon Adingra dans une interview post match accordée à beIN Sports.


Oui, avant ça, avant ces paroles d’évangile selon Saint-Simon, avant son égalisation à la 88ème minute de jeu, puis le but victorieux, au bout du bout de la seconde prolongation de l’autre pépite ivoirienne, Oumar Diakité, il y a eu un cataclysmique départ catastrophique qui aurait dû les enterrer morts-vivants.

Mais c’est sans compter le fait qu’ils possèdent depuis le début de la phase des matchs à élimination directe, et ce coup du marteau sur le Sénégal, le petit manuel de la résurrection. Retour sur ce Mali – Côte d’Ivoire et le second miracle ivoirien.

MALI – CÔTE D’IVOIRE : AU DEBUT DU FILM, LES MALIENS ETAIENT DJAOULI

12h20 GMT, premier klaxon de voiture de supporter – des heures plus tard, ils seront bien entendu, plus nombreux – que tu entends dans ta rue devenue pourtant passage obligé ; pour qui veut échapper aux embouteillages servis sur Deux-Plateaux. Ouais, même chauffeur de gros camion est humble ! À croire que tout le monde ou presque a reçu le mémo.



Depuis lundi, et sa qualification face au Sénégal, la Côte d’Ivoire, espérance terre d’hospitalité, organise une autre CAN dans sa propre CAN : celle de l’humilité.




Le mot d’ordre est étonnamment respecté par miracle. Ce n’est pas le premier miracle ivoirien qui a lieu dans ce pays.

Pour rappel, à partir de son indépendance, le 7 août 1960 donc, le pays alors dirigé par feu Félix Houphouët-Boigny connaît un boom économique avec une croissance qui aurait avoisiné les 7%.

Cette fois-ci, le chiffre 7 n’a été ni synonyme de chance, ni de stabilité. Bien au contraire.


LE CHIFFRE SEPT PORTE MALHEUR
LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

L’horloge du stade de la paix de Bouaké, vers lequel des dizaines de milliers de supporters ivoiriens pour la plupart ont fait la route, affiche seulement huit minutes de jeu quand Odilon Kossounou, pourtant l’un des meilleurs joueurs sur la pelouse de Yamoussoukro, lundi, dévie le ballon de la main sur une frappe malienne.

De longues tergiversations avant que M. Mohamed Adel, qui sera pris à partie en fin de match par des maliens déçus, ne refuse d’accorder un pénalty pour une position de hors-jeu. Odilon Kossounou et la Côte d’Ivoire l’ont échappée bel.

Enfin juste quelques minutes, le temps que le défenseur central aux intéressantes passes progressives, groggy, encore sous le coup de son intervention, perd l’équilibre et déséquilibre le remuant Lassine Sinayoko.


PREMIER MIRACLE IVOIRIEN

Cette fois-ci, M. Mohamed Adel porte aussitôt son sifflet à la bouche pour désigner le point de pénalty.

La Côte d’Ivoire ne pouvait pas on ne peut plus mal commencer. C’est Adama Noss Traoré, milieu de terrain de Hull, qui se présente devant Yahia Fofana. Le portier ivoirien plonge du beau côté et détourne le pénalty. Et le stade d’exulter. Premier miracle ivoirien : allons avec ça.


Mais il était dit que rien ni personne ne leur faciliterait la tâche. À commencer par Odilon Kossounou, again. Loin de toi, l’idée de vouloir l’accabler, mais force est de constater que le jeune défenseur ivoirien, promis à un brillant avenir, a commis énormément d’erreurs. D’ailleurs, il s’est fendu d’un communiqué d’excuses, en noir en blanc, toujours, à la fin de ce match de folie. Il y a certaines choses qui ne changent – hélas – pas.


44ème minute de jeu. Sur un ballon perdu par Jean Michaël Seri, moins impérial que face aux Lions de la Teranga, Odilon Kossounou fait faute sur l’intenable Lassine Sinayoko. Carton rouge.


La Côte d’Ivoire est réduite à dix, subie beaucoup de fautes (Le Mali en aurait fait 21 au total, selon nos informations.) et n’a eu à ce moment-là aucune occasion de jeu. Le tout frais coach des Éléphants, à qui ils ont bien failli préférer Hervé Renard, fait un premier changement intéressant.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Sacrifié sur l’autel du collectif, Nicolas Pépé sort ; remplacé par Wilfried Singo.


Mi-temps : Mali 1 – Côte d’Ivoire 0. Tu as l’impression de revivre le match contre la Guinée équatoriale, les buts en moins. Une incroyable forme d’apathie, comme si l’enjeu les paralysait.


LE MIRACLE IVOIRIEN EN MARCHE

Si certains spectateurs en profitent pour se désaltérer, reprendre forces physiques et mentales pour la suite, d’autres spectateurs encore, dans des Space Twitter, sorte d’agoras 2.0, lancent flammes et roquettes pour pulvériser certains joueurs à commencer par Serge Aurier. Coupable selon eux de ne pas être au (haut) niveau de la rencontre.


Peut-être qu’il les a écoutés, peut-être qu’il les a entendus mais Emerse Fae remplace Captain Aurier par Willy Boly et Christian Kouamé, qui semblait sortir de son match à coups de petites embrouilles avec certains maliens, par Sébastien Haller.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Le plan de jeu est alors simple. Constituer un bloc équipe avec un passage à trois derrière et un avant-centre, capable physiquement et tactiquement de garder le ballon. Chose inédite – s’il en fallait une encore : Max-Alain Gradel passe d’ailier gauche à arrière droit.


NENE DORGELES OU LA COTE D’IVOIRE QUI MARQUE CONTRE SON CAMP

Côté malien, Eric Chelle, qui connaîtra un baptême de feu littéralement, conserve les mêmes acteurs qui pour le moment réalisent le coup parfait.


À l’image de Kamory Doumbia qui se promène entre les lignes on dirait l’homme qui cherche nouveau téléphone à Adjamé. L’autre joueur qui s’illustre est Nene Dorgeles.


Rentré quelques minutes auparavant en lieu et place d’Adama Noss Traoré, auteur du pénalty raté, le coéquipier de Karim Konaté à Salzbourg signe son entrée de la plus belle manière.

Exilé sur le flanc gauche, le jeune attaquant de 21 ans fixe Franck Kessié.


À défendre corps et âme, le milieu de terrain ivoirien, désormais capitaine, n'est plus en mesure de défendre correctement avec tous ces duels remportés.



Lancé et donc plus mobile, Nene Dorgeles dribble méchamment le numéro 8 ivoirien, oubliant même de lui proposer un tabouret lorsqu’il tombe à terre. Puis, il poursuit sa course dans l’axe ivoirien déserté, arme sa frappe et décoche un tir qui finit dans la lucarne de Yahia Fofana ; qui l’a accompagné des yeux.


Réduite à dix, la Côte d’Ivoire encaisse le premier but de ce quart de finale entre voisins à la 71ème minute de jeu.

Fou de joie, d’avoir marqué un but peut-être décisif, en quart de finale de la CAN, Nene Dorgeles entame une course folle pour célébrer avant de stopper net.

Sans doute a-t-il écouté la petite voix qui lui a rappelé qu’il était né… à Yopougon.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Les mains en l’air, il rebrousse même chemin, entouré par ses coéquipiers ivres de bonheur. Mali 1 – Côte d’Ivoire 0.


UNE SOLUTION DEUX EN UN

Loin d’être totalement abattu, Emerse Faé conserve son organisation mais modifie son animation.

Ainsi Max-Alain Gradel cantonné dans son rôle de vrai faux arrière droit. Et c’est Oumar Diakité qui récupère le couloir.

Et quelques plus tard, à la 85ème minute, Jean Michael Seri sort et c’est Simon Adingra qui entre.


Comme l’entrée de Kessié face au Sénégal, ce double changement s’avère payant.


LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE UN SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Les smartphones allumés par des fans mobilisés n’ayant pu allumer l’étincelle, le Mali ayant renforcé son verrou défensif, pensant avoir fait le plus dur, tous les éléments sont ainsi réunis pour que la Côte d’Ivoire commence sa remontada.

90ème minute de jeu. Côté droit, Simon Adingra se lance dans un numéro de soliste, pénètre dans la surface avant de décaler aux abords de la surface Seko Fofana. Il connaît la qualité de sa frappe de balle mais c’est aussi que parfois le milieu de terrain manque le cadre alors mieux vaut suivre. Sait-on jamais sur un malentendu, il peut, il va ramener son équipe à la vie en se jetant sur le ballon ; entre deux défenseurs maliens. C’est gâté dans le stade, dans ce quartier où des cris de joie résonnent derrière les murs recouverts de peinture et de prières. Dieu les a apparemment entendues.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Sinon comment est-ce qu’à 10 contre 11, au bout du temps réglementaire, la Côte d’Ivoire soit encore revenue d’entre les morts ? Comment ?

Mais ce n’est pas fini. Le meilleur est pour la fin, littéralement.

Mais avant ça, la position sacrificielle de Sébastien Haller lui permet de s’élever dans les airs au moment opportun, la 95ème minute de jeu. Mais la barre transversale refuse de faire chavirer de bonheur le stade, la Côte d’Ivoire. L'Abidjanaise qui retenti de le stade achève de les rebooster.



Entre alors en scène le wourou wourou, l’agité de service : Oumar Diakité.

Plus brouillon qu’une feuille intercalée au milieu d’une feuille double à grands carreaux, le jeune homme de 21 ans seulement réalise le plus grand exploit de sa jeune carrière.

120ème minute de jeu. Les derniers supporters, dont le souffle n’est pas encore totalement coupé, espèrent que ce coup de pied arrêté soit décisif.

Mal repoussé par l’arrière-garde malienne passée à cinq, le ballon revient sur… Seko Fofana qui ne se pose pas de questions et reprend le ballon. Celui-ci traverse une forêt de jambes avant d’être dévié dans les buts adverses par Oumar Diakité.



Seko Fofana se glisse sur la verte pelouse pour célébrer.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Et pendant ce temps-là, Oumar Diakité, auteur du but libérateur et homme du match, court, poursuivi par ses coéquipiers au premier rang desquels Wilfried Singo. Dans ce moment de folie, le défenseur polyvalent est suffisamment lucide pour tenter d’empêcher le buteur averti au préalable de retirer son maillot et être sanctionné.



Trop tard. Oumar Diakité l’a déjà retiré et sera donc suspendu pour la demi-finale contre le Congo ; mercredi 7 février 2024 à Ebimpé. Mais qui, qui peut honnêtement lui en vouloir ? Personne, surtout pas toi.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Quant aux maliens qui se sont rués vers l’arbitre, ceux qui pleurent sur les réseaux sociaux, criant au vol, ils ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes. Ils ont arrêté de jouer, après avoir ouvert le score… comme contre le Sénégal.



Alors que : « Découragement n’est pas ivoirien ! » Et que Dieu lui le soit… ivoirien.



Un peu moins de 24 heures plus tard, deux cafés dans le sang, une voix à peine retrouvée, tu ignores encore comment la Côte d’Ivoire a réalisé ce second miracle ivoirien. Il n’y a que Simon Adingra qui semble avoir une explication plausible : « […] On est déjà mort. On ne peut pas mourir deux fois, tu vois ? […] »




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