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CAN 2023 : Spécial Côte d'Ivoire

Dernière mise à jour : 23 janv.

« Elle a fesses hein ! », commentent des pygophiles dès qu’ils voient une (jeune) femme avec un grand avenir derrière elle. Chose courante dans un Abidjan où c’est aussi dans une certaine mesure la course aux Brazilian Butt Lift (BBL) et autres Organes Grossièrement Modifiés. Chacune fait ce qu’elle veut. Kra, kra, eh.



Mais ce qui l’est moins, courant donc, c’est que ce soit un homme qui le soit encore plus un footballeur.

La Belgique avait Eden Hazard qui s’en servait pour éventuellement bloquer ses adversaires. La Côte d’Ivoire, elle, a Jean-Philippe Krasso ; auteur d’un doublé libérateur face à la Zambie (2-0). Gros plan sur cet attaquant qui fesse ce qu’il veut.


MESDAMES, MESSIEURS : JEAN-PHILIPPE KRASSO
JEAN-PHILIPPE KRASSO FESSE QU’IL VEUT
L'étoile filante de Belgrade. ©Tous droits réservés

« Ah les supporters, ils sont là dans les bons comme les mauvais moments. Bon, y a des mauvais côtés et des bons côtés. Mais on prend ce qui est bon et on on avance. […] », explique sereinement Jean-Philippe Krasso au micro tendu par le journaliste sportif Malick Traoré.

Les « mauvais moments » dont l’attaquant au physique imposant parle, ce sont certainement ces voix qui se sont élevées pour critiquer sa place dans le groupe choisi par Emerse Faé ; afin d’affronter la Zambie puis le Tchad dans le cadre des éliminatoires pour la CAN 2025. Après le forfait de Sébastien Haller qui devait souffler lui-même et sur l’encre à peine posé sur son nouveau contrat avec Leganés.

Ou peut-être même ces cris d’orfraie quand en tribunes d’autres se seraient demandés : « Mais c’est qui qui porte numéro de Drogba même ? » Souviens-toi janvier dernier.

Privé de son futur ex-attaquant de Dortmund, dont le pénalty raté leur a malheureusement coûté la Bundesliga, la saison dernière, le public ivoirien, qui a noirci le stade Ebimpé, après un pèlerinage tous frais payés par la chaleur, découvre dans son immense majorité la composition de Jean-Louis Gasset, fidèle à son 4-3-3 et surtout la pointe de cette attaque : Jean-Philippe Krasso.


LA SURFACE DE RÉPARATION, C’EST SON CHAMP

Auparavant, le natif de Stuttgart avait quitté Saint-Étienne, il y a quelques mois, pour rejoindre l’Étoile Rouge de Belgrade en Serbie où l’aventure qui a bien commencé se termine mal. Aujourd'hui, il évolue au Paris FC en...deuxième division.

JEAN-PHILIPPE KRASSO FESSE QU’IL VEUT
La Côte d'Ivoire n'est jamais loin. ©Tous droits réservés

« Trois avant, j’étais en National 2 à Epinal, a-t-il notamment expliqué chez Le Parisien, et on me proposait de joueur la Ligue des champions…C’est le rêve de tout footballeur. Je devais voir ça de mes propres yeux. Au final, j’ai joué contre Manchester City et marqué contre les Young Boys. C’était une très belle expérience, ma première à l’étranger, donc je ne regrette rien. Même si cela ne s’est passé comme prévu. »


Côté Côte d’Ivoire et ce match d’ouverture de la CAN 2023, tout ne passe pas comme prévu.


Peu habitués à évoluer avec lui, ses coéquipiers peinent à le trouver. Et pendant ce temps-là, Seko Fofana balance le premier banger de la compétition.

Puis en seconde mi-temps, le numéro 11 ivoirien récupère un ballon mal négocié par la défense adverse, s’offre une série de vrais faux jonglages pour se créer l’espace nécessaire avant d’inscrire le second but ivoirien ; d’une demi-volée du gauche. Mesdames, Messieurs : Jean-Philippe Krasso.



Et des supporters ivoiriens plutôt que de se concentrer sur son but d’avant-centre préfèrent parler de son séant :

« Attaquant qui a fesses ! Il a un pied, déballe ce supporter en joignant le geste à la parole. Konaté, donnez-lui sa chance. Attaquant "fesseux", il est lourd. Il va décoller comment ? Ils n’ont qu’à enlever ça là. Entraîneur n’a qu’à revoir les choses. Ils n’ont qu’à mettre petit là…Pépé. […] Lui là il a fesses et puis un pied gauche. Il ne peut pas courir. »

Entre rares titularisations (le match suivant et la défaite contre le Nigéria) et entrées en jeu (face à la République Démocratique du Congo puis le Nigéria), l’attaquant fessu passe le plus clair de son temps sur le banc plutôt que dans la surface de réparation. Mais qu’importe puisqu’il a « réalisé le rêve d’une vie » ; en la gagnant. Sans parler du fait qu'il soit le seul avant-centre ivoirien à avoir trouvé le chemin de filets avec Haller.


JEAN-PHILIPPE KRASSO, LE REMPLAÇANT IDÉAL DE SÉBASTIEN HALLER ?

JEAN-PHILIPPE KRASSO FESSE QU’IL VEUT
Décollage imminent. ©Tous droits réservés

N’eut été l’absence de Sébastien Haller donc, ce champion d’Afrique n’aurait pas dû être dans le groupe et encore moins dans la surface de réparation adverse pour déployer ses qualités de vitesse de prise de décision et de précision à deux reprises.



Ce doublé fait doublement du bien : aux Éléphants empruntés qui allaient emprunter le chemin de Si je savais et au principal concerné. Cependant, conclure que la Côte d’Ivoire n’a plus besoin de son avant-centre métisse et tressé, sous prétexte que l’autre noir et locksé en a planté deux, serait partir vite en besogne.

Jean-Philippe Krasso a prouvé en quelques (20) minutes qu’il avait largement sa place dans le groupe de Faé et surtout qu’il fait ce qu’il veut par rapport aux critiques. Et tant pis pour ceux qui seraient tentés de le réduire à : « Il a fesses hein ! »

 

Dernière mise à jour : 25 janv.

« Mais passe en seconde, maintenant. », hurlent sur de jeunes apprentis-chauffeurs des moniteurs d’école. Qui n’ont d’éducateurs que l’allure et pas autre chose.

Hier, face à une Zambie ultra-regroupée devant son but, Jean-Philippe Krasso et la Côte d’Ivoire ont passé la seconde (2-0). Retour sur cette 1ère journée de la phase de groupes ; comptant pour les éliminatoires de la CAN 2025.

FACE À LA ZAMBIE, LA CÔTE D’IVOIRE PASSE LA SECONDE (MI-TEMPS)
Friendly reminder. ©Le Grouilleur 3.0
REVOIR LA CÔTE D’IVOIRE À BOUAKÉ ET MOURIR EN PAIX

« Tu es à Bouaké ? », amicale tentative désespérée de vieux amis qui ont faim de retrouvailles. Avec le bruit des bières qui résonnent dans « un petit coin » ou plutôt un maquis.

Ce vendredi 6 septembre, c’étaient les retrouvailles entre la Côte d’Ivoire et la Zambie ; qui l’avait battue en finale de la CAN 2012.

Un traumatisme national dont on peut en parler aujourd’hui ; sourire aux lèvres.



Commencé avec quelques minutes de retard par rapport à l’horaire officiel, 19h GMT, ce Côte d’Ivoire/Zambie se dispute dans une ambiance festive au bon souvenir de l’exploit réalisé face au Mali à 10 contre 11.



Confisquant le ballon au point de frôler les 70% à la mi-temps, les Ivoiriens sont disposés dans un système hybride qui varie entre un 3-5-2 et un 4-2-1-3. Avec un embouteillage sur le côté droit entre Hamad Wilfried Singo, Hamad Diallo et surtout Oumar Diakité ; qui colle la ligne. La ligne, Hamad Diallo l’aura lui aussi cherchée. Sa première mi-temps, il l’aura aussi passée à essayer de retrouver sa mécanique de jeu mancunienne en se déportant vers la droite ; soit pour s’appuyer sur un joueur ou alors pour décrocher une frappe enroulée du gauche qui terminera sa course dans le petit filet opposé.

Côté gauche, si Simon Adingra a multiplié les exploits individuels, comme s’il savait que son frileux entraîneur – qui ne le titularise que très peu - avait récupéré un lien dans un groupe Telegram pour suivre la rencontre, Christopher Opéri, peut-être happé par les actions individuelles de son coéquipier, laisse des boulevards derrière. Heureusement que le ministre de la défense Evan Ndicka a colmaté les brèches (20ème et 21ème).


LES ÉLÉPHANTS DE LA CÔTE D’IVOIRE BUTENT SUR LES BUTS

De l’autre côté, devant les buts, les maladresses se multiplient.

31ème minute de jeu. À peine remis d’une bousculade dans la surface zambienne, Hamad Diallo manque sa reprise et expédie le ballon au-dessus des buts adverses.

Relevé par un coéquipier, le mancunien « présente » des excuses au public qu’il sait impatient et prompt à critiquer. Huit minutes plus tard, nouvelle occasion.

Cette fois-ci, c’est la remise d’Oumar Diakité qui se transforme en centre-tir avant que le portier zambien, Lawrence Mulenga ne le détourne. Toujours 0 à 0 au tableau d’affichage. La tentative de Ndicka sur un corner (42ème minute) vient s’ajouter aux occasions manquées. C’est ainsi que les deux équipes se séparent à la mi-temps sur un score nul et vierge.

 

JEAN-PHILIPPE KRASSO ET LA CÔTE D’IVOIRE PASSENT LA SECONDE (MI-TEMPS)

La seconde mi-temps ressemble trait pour trait - ou presque - à la première mi-temps.

58ème minute de jeu. Christopher Opéri trouve Oumar Diakité copie/colle l’action ratée par Hamad Diallo et envoie le ballon au-dessus à son tour. La minute qui suit Jean-Michaël Seri manque de réussir sa traditionnelle perte de balle, qui aurait fait jaser alors qu’il a réalisé un match propre/net/sans bavures. Mais la faute généreusement sifflée par l’arbitre M. Mustapha Ghorbal le sauve.

FACE À LA ZAMBIE, LA CÔTE D’IVOIRE PASSE LA SECONDE (MI-TEMPS)
Chic épisode de la Seri. ©Tous droits réservés

La suite ? Deux entrées qui changent complètement la donne avec particulièrement de la vitesse dans les transmissions et de la spontanéité dans les prises de décision.

D’abord le natif de la ville, Bénie Traoré à la 70ème minute de jeu et surtout dans la minute qui suit : Jean-Philippe Krasso ; affectueusement surnommé par des internautes : « le mari de Madame Krasso ».

Ayant pu réaliser « une bonne préparation », selon Coach Faé interrogé par Malick Traoré, le nouveau joueur du Paris FC se signale deux minutes à peine après son entrée en jeu.

73ème minute de jeu. Simon Adingra lève la tête et lâche le ballon pour trouver Jean-Philippe Krasso.

Placé à l’orée d’une forêt de jambes zambiennes, le fessu avant-centre se déplace, trouve un angle de tir finalement avant de fusiller Lawrence Mulenga.


FACE À LA ZAMBIE, LA CÔTE D’IVOIRE PASSE LA SECONDE (MI-TEMPS)
Quelqu'un qui a marqué quand tu vois tu sais. ©Tous droits réservés

Onze minutes plus tard, on prend le même qui recommence. Bien servi par Bénie Traoré, qui rendra hommage à son père décédé à la télévision, le buteur ivoirien en profite pour réaliser un doublé ; avec une puissante frappe sous la barre. Côte d’Ivoire 2 – Zambie 0.

De ce match, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle, c’est que le jeu collectif ivoirien laissant toujours autant à désirer oblige certaines individualités à endosser le rôle de sauveur de la Nation, alors que Debordo Opah La Nation est là.



Et la bonne nouvelle est la suivante : la Côte d’Ivoire est capable de faire la différence en jouant simple. Inutile de lui crier dessus : « Mais passe en seconde, maintenant. »



Dernière mise à jour : 24 août 2023

« C’est Dieu qui veut nous éprouver ! » affirme avec un incroyable culot ce supporter de la Côte d’Ivoire au moment où le capitaine des Éléphants, Didier « Dahizoko » Drogba expédie le ballon au-dessus des buts zambiens.

L’enfant de Niaprahio, village bhété situé au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, vient de manquer un pénalty, une occasion toute rêvée d’offrir vingt ans après le sacre de 1992 une seconde Coupe d’Afrique des Nations à son pays où il a influencé de nombreux Ivoiriens qui ne jurent plus à l’époque que par Chelsea – toi, y compris. Vrai influenceur avant la pastille bleue.


La phrase prononcée par ce jeune homme ce soir-là, ce dimanche 12 février 2012, résonne encore dans ta tête comme si tu étais encore au Hollywood Boulevard, « HB » pour les habitués de cet endroit à la mode situé sur la Rue des Jardins, devenu aujourd’hui Bloom. Où jolie nana recherche joli djo. Non, tu ne l’oublieras jamais, ni la tête désabusée de ces malheureux supporters non plus.

Retour sur le jour où Didier Drogba a envoyé le ballon dans l’espace.


VIELLES CONNAISSANCES, GENS ENDIMANCHÉS

LES PLAIES PURULENTES SAIGNENT ENCORE


« Les grandes sont douleurs muettes » paraît-il.

Si la formule usitée est applicable dans la plupart des pays du monde entier, dans le Monde Mondial, la Côte d’Ivoire selon feu DJ Arafat, elle est fausse. Oui, ici, nombreux sont ces fans déçus qui aujourd’hui encore vitupèrent contre « toutes ces coupes d’Afrique que la Côte d’Ivoire aurait dû gagner » !

Il y a eu pêle-mêle : Égypte 2006 et cette finale remportée par le pays organisateur aux tirs au but (4 -2), mais aussi Égypte 2008 et cette demi-finale perdue (4-1) toujours face aux Pharaons et enfin Angola 2010 et ce terrible quart de finale perdu face à l’Algérie (3-2) malgré la frappe monumentale de l’inclassable Kader « Popito » Keïta.

En dépit de ces multiples échecs douloureux, ils sont nombreux à être réunis autour d’une bouteille, d’une table, d’un verre pour supporter la Côte d’Ivoire de Didier Drogba donc mais aussi Yaya Touré.

Dans cet Hollywood Boulevard noir de monde, quelques-uns portent son maillot floqué du numéro 42 de Manchester City. Liquette de la Côte d’Ivoire enfilée, d’autres hommes se sont déjà ainsi sapés pour célébrer la victoire certaine pendant que certaines femmes, maillot noué au-dessus du nombril façon crop top, se fondent dans la masse avec ce visage recouvert de maquillage et d’excitation.

Vieilles connaissances, gens endimanchés, l’ambiance est bon enfant au sein de cette Équipe du Dimanche.


UN PARCOURS DE FUTUR CHAMPION D’AFRIQUE

Au fur à mesure que la salle de quelques mètres carrés, où se concentrent fauteuils rose pâle et chaises avec dos en cuir, se remplit, les oreilles de certains gérants boîtes de nuit se remplissent, elles, de sommes sonnantes et trébuchantes.

Un salon pour l’un, deux bouteilles par-ci, trois bouteilles par-là, on se croirait chez Christie’s pour la vente d’un artiste disparu dont les œuvres s’envolent après sa mort tragique ! Il faut dire que le parcours de la Côte d’Ivoire ne laisse à priori planer aucun doute sur l’identité du futur vainqueur de la compétition.

Entraînée par l’Ivoirien François Zahoui, dont le départ par la suite n’a jamais été vraiment compris par une bonne partie de l’opinion publique, la sélection ivoirienne a remporté ses cinq matches et surtout n’a encaissé aucun but ! Elle est solide à l’image du latéral droit Jean-Jacques Gosso dont les appuis sont plus solides que des fondations d’une maison inachevée.

De son côté, la Zambie est entraînée par l’homme à la chemise immaculée un certain Hervé Renard. Et autour de son équipe, règne une drôle d’ambiance, faite de commémoration et d’envie de bien faire. Histoire de rendre un bel hommage à ces membres de l’équipe nationale zambienne morts dans un crash aérien qui a lieu à quelques encablures du stade d’Angondjé de Libreville. S’entraînant avec le PSV Eindhoven, « le plus grand footballeur zambien de tous les temps », Kalusha Bwalya a échappé à la mort. Le contexte est particulier mais place à la fête.


L’HOMME SANS VIE DE LA RUE DES JARDINS

PETIT GERVAIS OFFRE UN PÉNALTY


L’endroit pue la confiance et les petites odeurs contre lesquelles déodorants et parfums ne peuvent plus grand-chose quand il y autant d’individus au kilomètre carré. Les voix s’élèvent, les blagues fusent sur ces Chipolopolos sous-estimés. « C’est quelle équipe même ? » peut-on entendre.

Puis viennent les premiers cris d’une joie précipitée quand l’arbitre désigne immédiatement le point de pénalty après que Yao Kouassi Gervais dit « Gervinho » soit fauché dans la surface à la 68ème minute.

Avant-bras droit, ensuite avant-gauche, avec le brassard qui l’entoure, Didier Drogba se prépare. Puis, il pose le ballon jaune fluo, remonte ses chaussettes, fait plusieurs pas en arrière. Pensant naturellement exploser de joie, la salle retient son souffle.

L’attaquant ivoirien envoie le ballon au-dessus des buts gardés par Mweene. Lequel vient le narguer aussitôt, pendant que le malheureux avant-centre monte le point de pénalty. Comme s’il accusait le sort d’avoir arbitré en faveur des Zambiens qui remporteront plus tard la séance de tirs aux but (8 à 7).

« C’est Dieu qui veut nous éprouver ! » convaincu qu’après la guerre civile, le « grand barbu » veut mettre encore à l’œuvre un pays qui a déjà souffert.

Au coup de sifflet final, les chaises se vident, les yeux se remplissent.

Et des larmes tracent un sillon arc-en-ciel sur le joli minois de certaines demoiselles. No Make Up Challenge ! Personne n’a compris, ne veut comprendre comment la Côte d’Ivoire a perdu. Tout le monde ou presque est dans le déni. À l’image de cet homme short kaki, tee-shirt blanc qui épouse sa bedaine, yeux hagards, qui saoulé par cet énième désillusion titubait sur la Rue des Jardins le soir où Didier Drogba, « l’un de tes joueurs préférés de tous les temps », envoya le ballon dans l’espace.


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