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DANS LE JARDIN D’EDEN, FINI LE JEU DE HAZARD

« Tu as gagné au Loto ou quoi ? », plaisantent ces amis quand le plus radin de la bande de Gaza [1] règle la facture façon parrain. Don Corleone likes this. Pourquoi se moquent-il ? Parce que selon certains calculs comme ceux réalisés par Futura Sciences, un joueur aurait 1 chance/20 millions de gagner au Loto.

Autant dire que c’est Mission Impossible même pour Tom Cruise qui a multiplié cascades et prouesses dans le dernier volet.

DANS LE JARDIN D’EDEN, FINI LE JEU DE HAZARD
Glissement yôbi yôbi. ©️YouTube

Pour gagner le jackpot, le jeton, le djai, le blé, bref l’argent, il faudrait donc que le hasard fasse bien les choses pour que tu atterrisses au 7ème ciel ; sans passer par la carte : « Mort et enterré ».

Ce hasard qui fait bien les choses, ça souvent le cas de ce trentenaire belge qui vient d’annoncer sa retraite, il y a peu : un certain Eden Hazard.

Dribbleur déroutant, l’ancien capitaine des Diables Rouges l’aura été jusqu’au bout de sa carrière avec ce dernier contre-pied. Retour sur le jeu de Hazard.

SUR LILLE DE LA TENTATION, EDEN HAZARD BRILLE
DANS LE JARDIN D’EDEN, FINI LE JEU DE HAZARD
Toujours le poing levé. ©️YouTube

S’il y a bien quelqu’un qui aurait bien eu besoin d’un dernier coup de reins de la part du natif de La Louvière, ville située plutôt au centre ouest de la Belgique, c’est bien Rudy Garcia dont les jours sont comptés sur le banc de Naples ; sur lequel il n’aurait jamais dû s’asseoir.

D’ailleurs, l’entraîneur français a cette habitude de faire appel, tout comme José Mourinho avec Ricardo Carvalho qui l’a suivi à Chelsea puis Porto, à ses joueurs sûrs. Ça a été le cas avec Yao Kouassi Gervais dit Gervinho qui l’avait rejoint à la Roma après Lille où il avait été champion.


Lille, et ces vieilles maisons avec ces briques rouges, c’est là-bas que l’ascension d’Eden Hazard vers le sommet des sommets démarre d’ailleurs.


Repéré par le club alors qu’il n’a que 16 ans, l’adolescent devient très vite la coqueluche du public et aussi de la Ligue 1. Notamment lors de la saison 2010/2011 celle du titre sur lequel la carrière de Rudy Garcia repose ; façon Doc Rivers et son titre de champion NBA en 2008 avec les Celtics.


MARSEILLE S’EN SOUVIENT ENCORE

Placé sur l’aile gauche lilloise, tandis que Gervinho joue à droite dans un 4 – 3 -3, le Belge jouit d’une grande liberté et peut ainsi décrocher pour venir chercher le ballon. Chose qu’il fait lors de ce Marseille – Lille (1-2).

10ème minute de jeu. Florent Balmont trouve Eden Hazard.

Le numéro 26 lillois se retourne, avance un peu, puis prend l’information avant de décrocher une puissante frappe du gauche. Steve Mandanda est battu. 1-0 pour Lille. Mesdames, Messieurs : Eden Hazard ! Les présentations sont faites pour les retardataires qui ignoraient encore qui il était.

Si ce but d’anthologie a été élu « but du siècle » par les supporters lillois, ce n’est pas la seule et unique carte de visite que le joueur à la bonne humeur contagieuse a laissée. Il y en a une autre plus soûlante cette fois-ci.

UN DERNIER POUR LA ROUTE

Critiqué pour son manque de volonté à l’entraînement, il n’aurait fait que le strict minimum pendant sa carrière, Eden Hazard a toujours eu cette étiquette de tire-au-flanc qu’il lui colle à la peau.

Ainsi, la veille de son dernier match, avec le LOSC, le Lillois entend célébrer sauf que demain y a match. Qu’importe. La bande de joyeux fêtard parmi lesquels le capitaine Rio Mavuba, se met bien un peu trop même.

Pour son dernier match chez le club nordiste, avec lequel il a inscrit 50 buts, délivré 53 passes décisives en 194 matchs, le meilleur joueur de la saison précédente inscrit un triplé face à Nancy…en étant encore saoulé.

« Je n’ai pas eu le temps de rentrer chez moi ! », dira-t-il le lendemain de la fête d’adieu à un de ses coéquipiers surpris d’être étonné d’être en face d’un garçon comme ça.


Déjà à cette époque, alors que la vie professionnelle en général et celle de footballeur en particulier sont faites des règles, Eden Hazard fait ce qu’il veut et ça marche. Après Lille, et une dernière saison exceptionnelle avec 20 buts et 18 passes décisives, direction Londres et Chelsea.


À CHELSEA, EDEN HAZARD FESSE CE QU’IL VEUT
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Ce sont ses adversaires qui voyaient flou. ©️YouTube

C’est le 1er juillet 2012 que l’ancien Dogue débarque à Stamford Bridge pour la somme de 33 millions d’euros soit 2 millions de moins que sa valeur de l’époque selon Transfermarkt.

Chez les Blues de Chelsea, récents champions d’Europe grâce à un certain Didier Drogba, le secteur offensif est décimé.

En plus de l’Ivoirien parti au Shangai Shensua, à l’époque où la Chine mettait les moyens avant l’Arabie Saoudite aujourd’hui, d’autres joueurs partent aussi à commencer par Kevin De Bruyne au Werder Brême ou encore Michael Essien prêté au Real Madrid.

C’est donc dans une équipe en chantier, privée de plusieurs de ses atouts, qu’il débarque.

Mais avec le numéro 17 floqué dans le dos, l’ailier virevoltant ne perd absolument pas le temps et remporte ainsi L’Europa League face à Benfica 2 à 1.


Ce n’est que le début d’une love story qui aura duré 6 longues années pleines.


Avec des récompenses collectives, et ces deux titres de champion d’Angleterre par-ci, en 2015 et 2017, et des récompenses individuelles par-là, et ce titre de meilleur joueur de Premier League lors de la saison 2014/2015 sous les ordres d’un certain José Mourinho ; revenu au club.


Feintes de corps, pénaltys, mais aussi passes décisives, le Hazard fait bien les choses à Chelsea ; poussé par ses coéquipiers.


UN CONSEILLER D’ORIENTATION NOMMÉ ETO’O

« J’ai enfin compris quand on a Samuel Eto’o dans son équipe, qui nous répète tous les jours la même chose. Voilà qu’avant les matchs, il faut que tu marques […] Et petit à petit, ça rentre dans ta tête, ça reste dans ta tête […] Quand j’étais à Lille des fois, je ne marquais pas pendant deux trois matchs, okay. Je faisais des bons matchs mais voilà maintenant, je pense que j’ai vraiment compris ce qu’il fallait faire, d’être constant, de marquer […] », disait celui qui était alors âgé de 23 ans au micro de TF1.


C’était en 2014 et déjà Samuel Eto’o, aux côtés de Demba Ba, parlait déjà de son « petit » et de cette capacité à être inconstant.


Pourtant avec cette inconstance, adossée à ce talent hors-norme, Eden Hazard a éclaboussé la Premier League et pas qu’un peu. Même face aux grands clubs et ce but face à Liverpool. Souviens-toi.


L’ART DE FESSES QU’IL VEUT

Outre cette vélocité Ronaldinho-esque, Eden Hazard réussit à Chelsea parce qu’il a un atout dans la manche : son séant. Oui, avec cette partie du corps Eden Hazard fesse ce qu’il veut, bloque ses adversaires notamment. C’est d’ailleurs l’un de ses meilleurs opposants, et accessoirement quadruple Ballon d’Or qui en parle le mieux, un certain Yaya Touré comme le rapportait The Athletic :

« Quand le ballon arrive sur Hazard, il sent déjà l’adversaire venir vers lui, alors, il attend le dernier moment et utilise ses fesses pour le bloquer. »

Si cela marche souvent, ça n’empêche pas ses adversaires de faire faute sur lui ; un peu/beaucoup/souvent.


Ainsi, lors de la saison 2018/2019, Eden Hazard a obtenu 102 fautes pour 2925 minutes ; soit 0,03 faute/minute ; toujours selon The Athletic.

DANS LE JARDIN D’EDEN, FINI LE JEU DE HAZARD
Itinéraire d'un joueur qui pousse à la faute. ©️The Athletic

Critiquant ces fautes à répétition et surtout inquiet que ce traitement de choc ne lui soit un jour fatal, José Mourinho avait encore une fois vu juste.

C’est le lieu seulement que le lieu et la date qu’il n’avait juste pas mentionnés.





LES DIABLES ROUGES, LE REAL MADRID, CES RENDEZ-VOUS MANQUÉS

DANS LE JARDIN D’EDEN, FINI LE JEU DE HAZARD
Arrivé en fanfare, reparti en fond sonore. ©️YouTube

26 Novembre 2019. Dans la rencontre au sommet du Groupe A, le Real Madrid reçoit le Paris Saint-Germain.


Fraîchement arrivé à la Maison Blanche pour la modique somme de 150 millions d’euros pour remplacer un certain Cristiano Ronaldo, le nouveau numéro 7 madrilène est opposé à son compatriote belge Thomas Meunier. Les choses se passent bien même plutôt très bien puisque c’est à la suite d’une ses accélérations dont il a le secret que le futur Ballon d’Or 2022 que Benzema marque. Les deux équipes feront match nul (2-2) mais ce qui fait la Une, c’est le tacle un peu trop appuyé de Thomas Meunier sur la cheville de son compatriote.


Le capitaine des Diables Rouges, avec lesquels il a perdu en demi-finale l’année précédente face à la France et Samuel Umtiti qui casse la démarche, après son but, sort en boitant. C’est le début d’une longue descente aux enfers. Jamais le joueur ne s’en remettra.

Bien au contraire, Eden Hazard est plus souvent à l’infirmerie que sur le terrain. Et même quand c’est le cas, il fait tout, sauf laisser un souvenir impérissable à tel point que le pourtant paternel Carlo Ancelotti le laisse sur le banc préférant Vinícius ou Rodrygo.

Le temps passe et passe, Beaucoup de choses ne changent. On fait le bilan : 7 buts, 12 passes décisives et surtout 76 matchs seulement disputés en 4 saisons avec le Real Madrid.


Alors quand le 3 juin dernier, les quatorze fois vainqueurs de la Champions League annonce son départ, ce n’est que la suite logique d’un rendez-vous manqué, d’un premier date qui n’aura jamais eu de second malgré les tentatives infructueuses de faire un bout de chemin ensemble.


DANS LE JARDIN D’EDEN, FINI LE JEU DE JEU DE HAZARD
Le ciel, les oiseaux et Eden. ©️YouTube

3ème de la Coupe du Monde avec la Belgique, et un titre honorifique de meilleur joueur décerné par Thierry Henry, alors assistant coach chez les Belges, éliminé au 1er de la Coupe du Monde, où il n’a pas pu faire la différence, le porte-drapeau de la génération dorée n’aura non plus fait mieux avec son pays natal.


Alors hier quand l’annonce de sa retraite tombe sur Instagram, il y a de quoi être triste.

« […] Il faut savoir s’écouter et dire stop au bon moment. Après 16 ans de carrière et plus de 700 matchs disputés, j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière de footballeur professionnel. J’ai pu réaliser mon rêve, jouer et m’amuser sur les terrains à travers l’Europe et le monde. […] »

Ainsi parla Eden Hazard le 10 octobre 2023.

L’Histoire ne retiendra ni ces blessures et autres contre-performances récentes, ni ces commentaires désobligeants de certains fans de football - nés hier - qui ont ouvert leur bouche pour le traiter de tous les noms, non rien de tout cela.


L’Histoire retiendra plutôt le joueur frisson qui dresse les poils d’amoureux du ballon, ses changements de direction imprévisibles, ce jeu de Hazard donc, mais aussi ses dribbles chaloupés ou encore ses moqueries face caméra. Et ce jour où, aux côtés de Demba Ba, Samuel Eto’o, encore eux, mais aussi Abou Diaby, John Terry & Cie quand son coéquipier Branislav Ivanović eut le malheur de s’exprimer en anglais alors que lui-même peinait à le faire correctement dans la langue de Shakespeare.



L’Histoire retiendra qu’un jour né le 7 janvier 1991 aura gagné le gros lot. Et maintenant, c’est fini. Dans le jardin d’Eden, il n’y a plus de jeu de Hazard.

[1] Rien à voir avec l’actualité pesante, l’expression signifie bande de potes, de gars sûr. Ce sont tes gaza quoi.

 
 
 

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